Partout en France, l'intersyndicale de la fonction publique manifeste ce mardi 5 décembre contre la volonté du gouvernement de s'attaquer aux congés pour maladies des fonctionnaires. À Nantes, le monde de la culture qui s'oppose aux coupes budgétaires annoncées par le Conseil Régional, se rajoute aux revendications de pouvoir d'achat.
Dans la rue, malgré la démission du gouvernement qui porte le projet contre lequel ils combattent. Sous la pluie, plusieurs milliers de fonctionnaires ont exprimé leur ras-le-bol et leur sentiment d'être stigmatisé.
À l’origine de la colère, le projet de l'ex-gouvernement Barnier d'instaurer trois jours de carence non payés, contre un actuellement, en cas de maladie. Et ensuite de limiter la rémunération à 90 % si l'arrêt de travail se prolonge.
Des enseignants stigmatisés
"Nous, on est enseignantes dans un collège nantais" explique cette manifestante croisée dans le cortège en compagnie d'une collègue.
"On est régulièrement attaquées sur notre statut, et on se mobilise particulièrement sur les jours de carence, avec une baisse des revenus pour les enseignants qui seront en arrêt maladie" ajoute-t-elle.
Malgré la censure du gouvernement et donc l'arrêt du débat parlementaire sur la loi de finances pour 2025 qui contenait cette mesure d'économies, les problèmes demeurent pour les manifestants.
"On sent que le statut du fonctionnaire a été mis à mal par ce gouvernement et on veut défendre le statut du fonctionnaire pour le prochain gouvernement qui nous proposera autre chose", ajoute sa collègue.
Plusieurs établissements scolaires ont été bloqués à Nantes par des lycéens qui participent également au mouvement.
Par exemple, des lycéens ont barricadé l'entrée du lycée Mandela à Saint-Herblain près de Nantes.
Selon l'Académie de Nantes le mouvement de grève a été suivi à 31,42% par les enseignants du premier degré (école maternelle et élémentaire) et 22,55 % dans le second degré (collèges et lycées)
Les acteurs culturels dans la rue
Présents également dans la manifestation, de nombreux membres du secteur de la culture, du sport et de l'associatif en colère contre les coupes budgétaires de 100 millions d'euros annoncées par la présidente du Conseil régional Christelle Morançais.
"Dans tous les cas, il faut être présent, c'est quand même tout le milieu associatif qui prend cher" affirme ce jeune manifestant.
"Il faut montrer à Christelle Morançais que ce n'est pas non plus un bon calcul politique de supprimer de l'argent public pour les services publics. Faire plus, ça ne va pas lui offrir un poste de ministère non plus" conclut-il.
"On ne vit pas que de subventions, on ramène aussi beaucoup d'argent" précise pour sa part cette manifestante du secteur culturel.
"Je pense qu'il y a plein d'acteurs d'activité qui sont dépendants les uns des autres" ajoute-t-elle.
Devant le Conseil Régional plusieurs membres du choeur d'Angers Nantes opéra dénoncent en chantant Nabucco de Verdi le plan d'austérité prévu dans la culture par la présidente de la région des Pays de la Loire.
La culture est un maillon parmi d'autres, mais grâce à ça on fait travailler l'hôtellerie, les transports en commun, énormément de choses qui je pense sont très importantes pour le maintien dans notre région et au niveau national
une membre du choeur d'Angers Nantes Opéra
Plus de gouvernement, mais toujours des problèmes
Les organisations de fonctionnaires ont maintenu la journée de mobilisation pour mettre en avant les difficultés générales que rencontre actuellement la fonction publique.
"En effet, il n'y a plus de gouvernement, mais les problèmes de la fonction publique restent présents" explique Pascal Priou, secrétaire général adjoint de l'UNSA de Loire-Atlantique.
"La population dans son ensemble se plaint de ne pas avoir suffisamment de services de santé, de proximité, d'hôpitaux, de sécurité, de justice, d'enseignants dans les écoles, donc toutes les raisons de maintenir cette manifestation existent" rajoute le syndicaliste enseignant.
Il y a des problèmes à régler depuis des années et ces problèmes ne sont pas que des problèmes corporatistes, ce sont des problèmes de société. Les services publics, c'est notre ciment à tous, c'est ce qui nous permet de vivre en société ensemble avec une égalité de droits.
Pascal Priousecrétaire général adjoint de l'UNSA de Loire-Atlantique
Preuve de la convergence des luttes, une partie du cortège de la manifestation nantaise s'est rendu devant le siège du Conseil régional des Pays de la Loire qui doit voter son budget le 19 décembre prochain.
Un report du vote au Conseil Régional
Parmi les politiques présents devant l'Hôtel de Région Ségolène Amiot, la députée NFP- LFI dénonce l'attitude de Christelle Morançais : "elle fait un choix qui n'est absolument pas nécessaire, on lui demandait de faire une économie de 34 millions, elle en propose plus de 100, voire 150 à long terme, ce n'est pas acceptable en fait".
La députée de la 3ème circonscription de Loire-Atlantique "invite tout le monde à saisir tous les élus régionaux pour leur dire à quel point ça va avoir un impact sur leur vie et qu'il ne faut pas voter le budget de la région le 19 décembre prochain".
De son côté, le groupe L’écologie Ensemble au Conseil Régional des Pays de la Loire réclame un report du vote.
Pour Lucie Etonno, sa présidente, “face aux trop nombreuses incertitudes budgétaires qui planent au-dessus des collectivités territoriales, le vote d’un budget dans la précipitation aurait des conséquences désastreuses”.
Finances : Nous interpellons la @crcpaysloire
— L'Ecologie Ensemble, solidaire & citoyenne (@EcologieEnsembl) December 4, 2024
Après les annonces de @C_MORANCAIS de réaliser 100 M d'€ de coupe dans le budget régional, nous alertons la Chambre régionale des comptes sur la situation des finances de la Région.
Lire notre communiqué ⤵️https://t.co/eCLYF0kgfL pic.twitter.com/I4e2ZyeqL1
Avec l'autre groupe d'opposition régionale Printemps des Pays de la Loire présidé par le député de Mayenne, le groupe écologiste a décidé d'interpeller la Chambre Régionale des Comptes sur la situation des finances de la Région.
Nous demandons que la chambre exerce sa compétence d’évaluation des politiques publiques pour mesurer les impacts du désengagement de la Région, ainsi que les effets économiques, sociaux et territoriaux de cette mesure sur les collectivités locales
Lucie Etonnoprésidente du groupe L’Écologie ensemble au Conseil Régional des Pays de la Loire
En réponse à cette saisine Laurent Dejoie, vice-président de la Région des Pays de La Loire en charge des finances dénonce "un nouvel effet de manche ridicule" de part de "la gauche régionale".
"Je rappelle simplement que la Région des Pays de la Loire est la première collectivité territoriale française à avoir fait certifier ses comptes par un commissaire aux comptes" précise Laurent Dejoie dans un communiqué de presse du groupe majoritaire "Aimer et Agir" daté du 5 décembre 2024.
Notre gestion saine et responsable est saluée par les agences de notation.Nos comptes sont parfaitement transparents, sincères et accessibles à tous
Laurent DejoieVice-président de la Région Pays de la Loire en charge des finances
Un nouvel appel à la grêve
Selon les syndicats, les manifestants étaient 8 000 à battre le pavé à Nantes.
D'autres rassemblements ont eu lieu en Loire-Atlantique.
Les cortèges ont rassemblé, toujours selon les syndicats, 1 200 personnes à Saint-Nazaire et 150 à Clisson.
De nouveaux appels à la grève de la fonction publique concernent le jeudi 12 décembre, selon un mot d'ordre national, précise-t-on à la FSU de Loire-Atlantique.
"On va organiser également des rassemblement décentrés la veille, le 11 décembre, devant des établissements scolaires qui vont perdre des classes oou des services publics comme des Postes qui risquent de fermer" précise le SNUipp 44.
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