Jeudi 25 janvier, la loi immigration doit être examinée par le Conseil Constitutionnel. Mais avant cela, ce dimanche 21 janvier, de nombreux mouvements, partis, syndicats, associations appelaient à se rassembler dans les principales villes de France pour demander le retrait du texte adopté par la commission mixte paritaire et voté par les parlementaires, en décembre dernier.
Le 11 décembre dernier, une motion de rejet, votée par une majorité de députés, stoppait les débats sur le projet de loi sur l'immigration porté par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Cette motion empêchait un examen du texte devant l'Assemblée Nationale, alors que le Sénat en avait adopté une version durcie mi-novembre.
Conséquence : c'est une commission mixte paritaire, composée de 7 députés et de 7 sénateurs qui a été chargée d'écrire et d'adopter un texte susceptible d'être voté par les deux assemblées. Ce qui fut fait fin décembre.
Des points qui font polémique
Le texte adopté est une version proche de celle voulue par le Sénat et plus restrictive, sur certains points, que le projet du gouvernement. Il instaure une condition de "respect des principes de la République" pour obtenir un titre de séjour. L’exigence d’un casier judiciaire vierge pour la régularisation d’une personne travaillant dans un métier en tension. L'obligation de fournir une caution pour les étudiants étrangers. L'allongement de la durée nécessaire de séjour régulier en France pour avoir droit à certaines aides sociales. La fin du droit du sol automatique pour les enfants nés de parents étrangers. L'allongement de la durée de séjour en France pour pouvoir faire la demande d'un regroupement familial...
L'Aide Médicale d'Etat, l'AME, que voulaient supprimer les sénateurs, est pour le moment maintenue, mais elle devra faire l'objet d'une loi en 2024.
Plusieurs milliers de manifestants à Nantes
La plupart des manifestations contre cette loi avaient lieu ce dimanche matin. A Nantes, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées en fin de matinée au miroir d'eau avec pour objectif de défiler dans le centre-ville en direction de la préfecture pour un retour vers le château.
"On voit des personnes qui avaient investi beaucoup d'espoirs dans cette loi parce qu'ils travaillent dans des métiers où on a besoin de main d'œuvre en France comme le bâtiment, la restauration, l'aide à la personne et qui se disaient : avec cette loi, je vais être régularisé, je vais pouvoir avoir une vie normale, constate Armelle Le Deunff, bénévole à la CIMADE, une organisation de défense des droits des personnes réfugiées et migrantes. On est obligé de leur dire maintenant que cette loi-là, c'est encore pire que ce qu'il y avait avant et que ça ne va pas résoudre leur situation."
"Un énorme gâchis de talents"
Armelle regrette que l'immigration soit vue comme un problème, une menace. Pour elle, ce gouvernement adopte les idées de l'extrême droite.
"La migration, c'est notre chance, estime-t-elle. Que des gens viennent jusqu'à nous participer à notre société, ça nous revitalise. On est en train de faire un énorme gâchis de talents, de gens pleins de bonne volonté."
Même point de vue pour Noham, lycéen, il est venu lui aussi manifester à Nantes. Ce qui le heurte le plus, c'est la fin du droit du sol.
"On exige le retrait de cette loi qui est inhumaine et totalement xénophobe, dit-il. Comme Marine Le Pen l'a dit, c'est une victoire idéologique pour elle et je ne pense qu'une victoire idéologique de Marine Le Pen soit une bonne chose pour le pays."
Ce que confirme Marc, autre manifestant croisé dans le cortège :"Faire entrer la préférence nationale dans le corpus juridique et législatif français, c'est vraiment un tournant. Cette dérive est dramatique pour la société française et l'exemple qu'on donne à l'étranger."
Rassemblement sur le parvis des Droits de l’homme à #laval contre la loi sur l’immigration. pic.twitter.com/uE5Ii0RlJ4
— Florie Cotenceau (@FlorieCotenceau) January 21, 2024
A La Roche-sur-Yon, une marche était également organisée à 10h30, au départ de la Place Napoléon. A Laval, les manifestants étaient invités à se regrouper sur le Parvis des Droits de l'Homme. A Angers, Place Leclerc, Cholet Place Travot...
► Voir le reportage sur la manifestation de Nantes, réalisé par Carla Butting, Cyril Dudon et Mattéo Gaudin.
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