Témoignage. "Je préférerais mourir que quitter la France" : le combat d'une famille arménienne, en France depuis 12 ans, pour éviter l'expulsion

Publié le Écrit par Angélique Le Bouter

Menacés par une Obligation de quitter le territoire, Naîra, son mari et ses deux enfants se sont présentés mardi 28 janvier 2025, au tribunal administratif de Nîmes, leur ville d'adoption. Une vingtaine de personnes s'est mobilisée pour contester l'OQTF. Tous craignent les effets de la "circulaire Retailleau" qui durcit les conditions de séjour des étrangers.

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Elle a élu domicile dans un quartier populaire de Nîmes à deux pas des grands boulevards. Naira vit en France depuis 12 ans. C'est ici que cette artiste originaire d'Arménie s’est enracinée avec sa famille. “J’adore ce pays. Je parle avec un accent mais c’est mon pays”, dit-elle en montrant fièrement les photos de son mari et de ses deux garçons en promenade au Grau-du-Roi ou en visite à Nice. “J’aime aussi beaucoup l’Arménie, ce pays m’a éduqué. Mais je préférerais mourir que quitter la France”, ajoute la mère de famille.

Parents intégrés, enfants scolarisés

Faute de titre de séjour, Naîra enchaîne les petits boulots : "je ne peux pas exercer mon métier. Je fais aide à domicile, je garde les enfants, je travaille avec des personnes handicapées." Son mari, juriste, diplômé après huit ans d'études comme elle, est devenu maçon en France. Mais le couple s’en sort assez pour régler ses factures et son loyer, par l’intermédiaire d’une association d’entraide. 

Je travaille, mon mari aussi parce qu’avec deux enfants, on ne peut pas faire autrement. Il y a des mois, c’est compliqué, il y a des fins de mois, on ne mange que des pâtes.

Naîra

Doublement diplômée des Beaux-arts et en Création de vêtements en Arménie, après huit ans d’études et parlant quatre langues, Naîra rêve de pouvoir exercer au grand jour son vrai métier. Ses deux enfants sont scolarisés dans le Gard. Elle était enceinte de l'aînée quand elle a dû quitter son pays natal. Le plus jeune est né en France.

Après une demande d’asile refusée, le couple au casier judiciaire vierge est resté illégalement en France malgré une première Obligation à quitter le territoire. "Je suis entrée [en France] et j’ai demandé le droit d’asile. Mon mari était juriste, il a travaillé dans un groupe entre l’Arménie et la Russie, et il a eu de gros problèmes", explique la mère de famille. "Je n’ai jamais pensé que j’aurais un jour quitté mon pays avec une valise, jamais." 

Après la première, quatre autres OQTF ont été confirmées à chacun des recours du couple avec refus de titre de séjour. La régularisation paraît inéluctable à l'avocat de la famille qui conteste l'OQTF. "Pourquoi leur refuser un titre de séjour alors que plus de dix ans sont passés, que les deux enfants sont scolarisés, que l'aîné va bientôt pouvoir obtenir la nationalité française ?, demande Me Raphael Belaïche, l'avocat de la famille. C'est presque une sorte de figement dans la position de l'administration."

Et Naîra d'ajouter : "J’ai ma vie. Comme 90% des Nîmois, je me réveille à 7h, j’emmène mes enfants à l’école, je travaille. Je paye mes factures, j’ai des réunions de parents. Chaque fin de semaine, j’ai foot pour mon fils." L’affaire a été plaidée ce mardi 28 janvier 2025. La décision du tribunal administratif est attendue dans une dizaine de jours.

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