Arrivée en 2018, la famille fait l'objet d'une OQTF (Obligation de quitter le territoire français). Mais dans leur village, les élus et les habitants se mobilisent pour les aider à rester. Une pétition a été envoyée à la préfecture du Gard et a recueilli près de 4800 signatures.
"La première chose qu'on a faite en arrivant en France, ça a été d'apprendre le français. Pour nous c'était très important pour communiquer et s'intégrer", explique Miranda dans un français bien maîtrisé.
En six ans, cette biologiste de formation et son mari ont reconstruit toute leur vie à Saint-Hyppolite-du-Fort. Dans ce village du Gard, tout le monde les connaît, les enfants sont scolarisés et la famille est bien intégrée socialement. "Là, comme je n'ai pas le droit de travailler, j'ai monté une chorale géorgienne. Et je fais aussi la cuisine sur le marché avec mon mari."
Pourtant, cela ne suffit pas. La famille fait l'objet d'une OQTF (Obligation de quitter le territoire français) après un refus de titre de séjour. Sur la lettre qu'ils ont reçue, les raisons de ce refus sont établies ainsi : "Abscence d'ancienneté, de régularité, et de stabilité sur le territoire national, en plus de l'absence de revenus suffisants."
Une décision incompréhensible pour la mairie
Face à cette situation, les élus et les habitants de Saint-Hyppolite-du-Fort se sont mobilisés. Sur une pétition lancée en ligne, ils demandent au préfet de réexaminer le dossier. Une demande soutenue par de nombreux habitants et la mairie du village. "On n'est pas là pour juger une décision administrative du préfet mais on est là pour essayer de comprendre pourquoi cette famille-là ne peut pas être intégrée alors qu'elle représente tout ce que l'Etat demande."
Au moment où on nous dit qu'il faut être assimilé, intégré, cette famille-là coche toutes les cases !
José TaquiniPremier adjoint à Saint-Hyppolite-du-Fort
Menacés en Géorgie
Miranda et Gurami ont quitté la Géorgie en 2018 à la suite de menaces liées à la mafia locale. "Pendant deux à trois ans, j'ai eu des problèmes avec eux, explique Gurami. Et puis ils ont commencé à me demander de l'argent. Ils m'ont demandé 5000 dollars mais je savais que si je leur donnais ce ne serait que le début."
Avec le temps, les menaces s'intensifient malgré les efforts de la famille pour échapper aux mafieux. "J'ai changé de ville, changé d'appartement, mais un jour ils m'attendaient devant mon travail. Il m'a dit "je sais où ta fille est à l'école" et là j'ai perdu la tête. En rentrant à la maison, je me suis dit : On part !"
Il a eu des sévices physiques, ses enfants ont été menacés à l'école, c'est aussi grave que de subir une guerre.
Armelle CorotAmis Cigalois du collectif solidaires réfugiés
"Un jour, ils m'ont amené dans la forêt. Ils étaient quinze ou vingt. Je suis rentré vers trois heures du matin tout rouge de sang et j'avais la tête cassée. Je crois qu'ils ont pensé que j'étais mort", raconte le père de famille. "Je protège mes enfants en étant ici. C'est pour ça que je suis là, c'est la seule raison."
Un retour impossible en Géorgie
Malgré leur attachement à leur pays d'origine, la famille ne s'imagine pas rentrer en Géorgie. "On se sent chez nous ici", explique Miranda. "Mes enfants sont à l'école, ça fait six ans qu'ils sont intégrés ici. Ils ne connaissent plus la Géorgie".
Pour l'instant, la famille travaille pour une association qui paye leur loyer en échange. Mais en l'absence de fiche de paie, ils ne parviennent pas à justifier de leur autonomie financière.
"C'est l'ambiguïté de ce qu'il se passe en France, regrette Armelle Corot. On leur demande de travailler et de ne pas dépendre de la collectivité et en même temps ils n'ont pas le droit de travailler. Donc c'est extrêmement compliqué."
C'est très difficile d'être sans-papiers. On ne peut rien faire, on ne peut rien entreprendre, c'est difficile d'avoir un compte bancaire. On est vraiment en marge de la société.
Armelle CorrotAmis cigalois du collectif solidaires réfugiés
Miranda, Gurami et leurs trois enfants espèrent donc que leur dossier soit réexaminé par la préfecture du Gard. La pétition, qui a déjà recueilli près de 4800 signatures et a été envoyée à la préfecture. Un recours a également été déposé au tribunal administratif par l'avocate de l'association.