"Même avec des indices forts, la protection n'est pas absolue", quelle efficacité pour les crèmes solaires ?

Le beau temps est de retour, avec lui, on sort les crèmes solaires. Mais comment bien choisir sa protection ? Quelles garanties pour cet indispensable de l'été ? Laurence Coiffard, professeure à l'université de Nantes, nous répond.

Le soleil pointe enfin le bout de son nez. C'est l'occasion d'en profiter, accompagné évidemment de sa meilleure crème solaire. Mais comment la choisir ? Dans les grandes surfaces ou en pharmacie, de nombreuses marques se font concurrence avec comme principale caractéristique ces indices SPF (facteur de protection solaire). Mais que veut vraiment dire cet indicateur, nous protège-t-il vraiment ? 

Selon Laurence Coiffard, professeur en pharmacie et en cosmétologie à l'Université de Nantes, il faut se méfier.

Des protections pas vraiment totales

"Il faut enlever cette idée de la tête du consommateur, même avec des indices forts, la protection n'est pas absolue", alerte Laurence Coiffard. En effet, pour la spécialiste qui, chaque année, réalise des tests sur les crèmes solaires, très peu de produits atteignent véritablement l'indice SPF 50 et encore plus rarement 50 +. 

Avec de nombreuses crèmes, on n'atteint pas la protection indiquée

Laurence Coiffard

Professeur à l'Université de Nantes

Au printemps, l'association UFC-Que choisir signalait, elle aussi, une sous-évaluation des indices de protection UV. Selon des tests réalisés en laboratoire sur 13 crèmes solaires visages avec les mentions SPF 50 et 50 +, un tiers des produits n'atteignaient pas la protection annoncée.

Au vu des résultats de ses études, Laurence Coiffard recommande d'utiliser un produit avec au minimum un indice 50 +. "Finalement, un mauvais 50+, va assurer quand même une certaine protection", souligne la spécialiste. Elle conseille également de se fournir en priorité en pharmacie et ajoute, "je ne prêche pas spécifiquement pour ma paroisse, et je n'ai aucun conflit d'intérêts par rapport à des marques".

"Aucun produit de protection solaire ne peut filtrer tous les rayons UV" affirme l'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), dans le journal officiel de l'Union européenne. L'AFSSAPS ajoute, "il n'existe à ce jour aucun élément scientifique prouvant que l'utilisation de produits de protection solaire prévient les mélanomes. Les produits de protection solaire ne devraient donc pas affirmer ou donner l’impression qu’ils procurent une protection totale contre les risques dus à une surexposition au rayonnement UV".

Un produit cosmétique

Certains indices de protection ne tiendraient donc pas leurs promesses, mais ce que dénonce par ailleurs Laurence Coiffard, c'est l'absence de véritable réglementation.

Les autorités sont un peu absentes, même plus qu'un peu

Laurence Coiffard

Professeur à l'Université de Nantes

Au même titre que les produits antirides, le maquillage ou le shampoing, les crèmes solaires font partie de la catégorie des cosmétiques. Or, pour Laurence Coiffard c'est justement cette catégorie qui pose problème.

"Aux États-Unis, ce sont des médicaments en vente libre. Ça montre qu'en France et en Europe, ces produits ne sont pas dans la bonne case" affirme-t-elle. Pour la professeure, il n'y a pas de contrôle sanitaire efficace des autorités sur ces produits.

Des tests critiqués

L'Association Cosmed, qui regroupe des entreprises de la filière cosmétique en France, remet en cause les études de Laurence Coiffard. Dans un communiqué de 2017, l'association désigne la professeure de pharmacie et cosmétique comme "une personnalité scientifique contestée".

En cause notamment, la méthode scientifique utilisée par la chercheuse. "En octobre 2012, l’association Cosmed avait fait réaliser une expertise, sous contrôle d’huissier, démontrant que les tests in vitro réalisés par Laurence Coiffard étaient entachés d’erreurs de mesure" allègue l'association toujours dans le même communiqué.

Il faudrait une veille sanitaire sur le marché, puisqu'il s'agit quand même d'un problème de santé publique

Laurence Coiffard

Professeur à l'Université de Nantes

"Surtout que l'on sait que les cancers cutanés ne cessent d'augmenter", ajoute la chercheuse.

C'est particulièrement sur ce lien de causalité entre protection solaire et augmentation des cancers de la peau que l'association Cosmed attaque Laurence Coiffard. "Cette accusation est infondée et s'avère même fallacieuse. Il est désormais établi que l'apparition des mélanomes est liée à de nombreux facteurs, notamment aux excès d'exposition au soleil durant la petite enfance, en particulier la fréquence et l'importance des coups de soleil" dénonce l'association.

Comment se protéger des UV ?

Malgré ces controverses, il existe des bons gestes à adopter durant l'été pour mieux se protéger des rayons ultraviolets (UV). Déjà, il est important de vérifier que sa protection solaire protège bien à la fois des UVB, mais aussi des UVA. Ces derniers sont également très nocifs pour la peau et favorisent l'apparition des cancers cutanés. Depuis 2006, les crèmes solaires doivent protéger contre les deux types d'UV, mais l'indice de protection ne se réfère souvent qu'au UVB.

On ne s'expose pas entre 11 h et 16 h. On n'expose pas un bébé, c'est extrêmement important

Laurence Coiffard

Professeur à l'Université de Nantes

"Il faut toujours mettre de la crème solaire en été", rappelle la spécialiste. Laurence Coiffard met également en garde les consommateurs, "on ne doit jamais réutiliser une crème solaire de l'année précédente, elle a vieilli. Elle n'est pas réutilisable. On la jette".

Pour profiter de l'été sans risque, la meilleure des protections reste tout simplement d'éviter l'exposition prolongée aux rayons du soleil ou de se couvrir.

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