Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laëtitia Perrais était tuée par Tony Meilhon, à la Bernerie-en-Retz. Le corps de la jeune fille de 18 ans avait été retrouvé, démembré, dans deux plans d'eau. Un crime barbare, pour lequel Tony Meilhon a été condamné en appel à la perpétuité en 2015.
Il y a tout juste 10 ans, Laëtitia Perrais était tuée par Tony Meilhon, à la Bernerie-en-Retz, près de Pornic, en Loire-Atlantique. C'était dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011.
Un affaire qui avait provoqué un séisme dans l'institution judiciaire, quand Nicolas Sarkozy, alors président, avait accusé les magistrats de faute et menacé de les sanctionner. Un autre drame s'était ajouté à ce crime : les accusations de viols contre le père de la famille d'accueil où vivait Laetitia, par sa propre soeur, Jessica.
Une affaire hors norme, traumatisante pour notre région. 10 ans après, nous avons voulu savoir ce qu'étaient devenus celles et ceux qui ont été liés à cette affaire.
Une région marquée par ce crime
Elle reste encore aujourd'hui l'une des plus fleuries du cimetière de La Bernerie-en-Retz. Dix ans après, la tombe de Laëtitia Perrais reçoit régulièrement des messages, les plaques témoignent de l'émotion qu'a suscité sa mort. Mots parfois anonymes mais pas celui-ci... Déposé par sa jumelle... Message d'amour d'une soeur, elle aussi victime dans cette affaire.
Jessica, c'est cette jeune femme, perdue, dévastée en ce début d'année 2011, quand elle doit affronter la disparition puis l'annonce de la mort terrible de sa jumelle. Avant d'accuser quelques mois plus tard le père de sa famille d'accueil de viol.
Aujourd'hui, Jessica a 28 ans. Ces traumatismes, elle les a mises à distance, à sa façon.
"Elle a fait le choix intelligent de quitter la région, raconte Cécile De Oliveira, l'avocate de Jessica Perrais, il était impossible pour Jessica de continuer à vivre dans une région qui était autant marquée par ce procès, par cette médiatisation, par les lieux de découverte macabre des restes du corps de sa soeur jumelle".
Préserver Jessica c'est lui permettre d'être dans l'anonymat le plus complet (...) elle souhaite absolument être dans cet anonymat
Jessica vit aujourd'hui en couple, ne travaille plus dans la restauration. Elle s'est reconstruite un avenir, loin de ce cauchemar, loin de La Bernerie en Retz, où elle a vécu chez les Patron.
"C'est moi qui ai pris perpet"
Une famille d'accueil dont le père, Gilles, a été condamné à 8 ans de prison en 2014, pour les viols et agressions sexuelles de 5 victimes, dont Jessica. Il est aujourd'hui libre. Il est ressorti de prison fin 2017, grâce à des remises de peine.
Gilles Patron, qui un temps, au début de l'affaire, avait presque pris face aux media, à la justice, la place du père, le vrai, Franck Perrais. Déchu alors de la garde de ses filles, mais terrassé de douleur quand Laëtitia est tuée. Dix ans après, il vit dans son souvenir.
"Pour moi de dire 10 ans déjà, c'est long, dit Franck Perrais, le père de Laëtitia, c'est revenir à zéro, revivre un petit peu ce qui s'est passé".
Laëtitia aurait eu 29 ans en mai prochain. Son père a suivi les deux procès de son meurtrier, Tony Meilhon, définitivement condamné en 2015.
"La perpet' c'est... il doit mourir en prison, pour moi c'est ça, la perpet' lâche-t-il, la perpétuité... c'est moi qui ai pris perpet', je ne verrai jamais ma fille, lui il sortira un jour".
Un jour peut-être, mais pas avant 2034 minimum. Et rien ne dit qu'il sera alors remis en liberté., car longtemps, Tony Meilhon a été un détenu très difficile, condamné à un an supplémentaire pour avoir incendié sa cellule dans la prison de Haute sécurité de Condé/Sarthe. Il semble s'être enfin assagi et lui aussi a été éloigné de la région. Il a été transféré il y a 2 ans dans le Grand Est, dans la prison d'Ensisheim où il purge sa peine à perpétuité.