Les deux juges d'instruction en charge de l'enquête pour "homicide involontaire" après la mort de Steve Maia Caniço à Nantes, le soir de la Fête de la musique, ont demandé à être dessaisis.
"La poursuite des investigations va nécessiter de rechercher toutes les responsabilités dans la mort du jeune homme et donc potentiellement, celles de partenaires institutionnels habituels du tribunal de grande instance de Nantes", explique le procureur général près la cour d'appel de Rennes dans un communiqué."Le dépaysement du dossier vise à garantir la sérénité de l'information judiciaire et l'impartialité objective de la juridiction saisie", ajoute Jean-François Thony.
La requête des deux juges d'instruction a été transmise jeudi à la Cour de cassation. Elle ne sera pas examinée par la chambre criminelle avant la mi-septembre, a précisé la source judiciaire qui a révélé l'information confirmant des révélations de Libération.
Les différentes parties ont un mois pour formuler leurs observations.
Le ministre de l'Intérieur a reconnu ce vendredi 2 août qu'il y avait toujours un "questionnement sur l'utilisation des lacrymogènes" lors de l'intervention policière le soir de la Fête de la musique à Nantes pendant laquelle Steve Maia Caniço a disparu.
Dans son rapport publié mardi, l'IGPN, la police des polices, a pourtant estimé qu'aucun "lien" ne pouvait être établi entre l'intervention des forces de l'ordre le 21 juin et la disparition du jeune homme de 24 ans, retrouvé mort lundi dans la Loire, suscitant critiques et interrogations."Ce que je sais pour avoir lu comme vous le rapport, c'est qu'il y a un questionnement sur l'utilisation des lacrymogènes (...) sur l'opportunité d'avoir déclenché l'usage des lacrymogènes (..). La question est posée, c'est aussi à ça que nous devons répondre", a déclaré Christophe Castaner, en marge d'un déplacement à l'aéroport d'Orly.
Samedi un rassemblement doit avoir lieu à Nantes, en hommage à Steve Maia Caniço. Un rassemblement interdit dès jeudi par le préfet de Loire-Atlantique Claude D'Harcourt qui se justifie en disant qu'il ne veut pas que des "individus volent à la collectivité le moment d'émotion qui est souhaité par tous les amis de Steve". "Nous disposons d'informations concordantes sur la volonté d'un certain nombre de groupes d'activistes d'en découdre avec les forces de police, avec les institutions publiques", a indiqué Claude d'Harcourt devant la presse. "Nous ne voulons pas que ces individus volent à la collectivité le moment d'émotion qui est souhaité par tous les amis de Steve", a-t-il expliqué.
La Ligue des droits de l'Homme (LDH) a saisi, en urgence, le juge administratif, afin d'obtenir la suspension d'un arrêté interdisant une manifestation samedi dans le centre ville de Nantes en hommage à Steve Maia Caniço.