En exposant ce matin un cadavre de dauphin devant l'entrée du marché de Talensac, l'ONG Sea Sheperd veut interpeller les consommateurs sur les ravages de la pêche au chalut dans le golfe de Gascogne.
11 300 dauphins sont morts en 2019, par capture accidentelle, sur les côtes atlantiques françaises, c'est le triste bilan dénoncé par Sea Sheperd. Et pour interpeller le grand public, l'ONG n'hésite pas à exposer des cadavres de cétacés à la vue de tous, comme ce matin à Nantes, à l'entrée du marché de Talensac.
"Des milliers de dauphins sont massacrés chaque année pour que vous mangiez du poisson", dénoncent les membres de Sea Sheperd. Ils réclament l'interdiction de la pêche non sélective qui piège les dauphins dans les chaluts et les filets de pêche des chalutiers, et demandent l'installation de caméras sur les bateaux "pour identifier lesquels tuent le plus de dauphins en France".
Le 29 janvier dernier, les militants ont mené une action similaire à Saint-Gilles-Croix-de-Vie en Vendée, département où les échouages de dauphins morts sont quotidiens.
Les militants viennent d'apprendre qu'ils sont poursuivis pour "détention et transport illégal d’espèce protégée" par le parquet des Sables d'Olonne. Ils risquent une peine maximale de trois ans de prison ferme et 150 000 euros d'amende.
En s'adressant directement aux consommateurs, les militants de Sea Sheperd les exhortent à privilégier des poissons pêchés à la ligne ou de manière plus radicale à stopper leur consommation de poisson.
Selon l'Observatoire Pelagis du CNRS, des estimations antérieures à 2016 évaluaient la population de dauphins à environ 200 000 dans le golfe de Gascogne en hiver, 500 000 dans les eaux européennes.
Les chercheurs ont pu évaluer le taux de mortalité additionnelle provoqué par les captures accidentelles et l'impact sur les populations:
"D’après plusieurs organisations internationales telle que la Commission Baleinière Internationale, un taux de mortalité lié aux activités humaines dépassant 1,7% n’est pas soutenable pour une population de petits cétacés. Dans l’état actuel des connaissances, le taux de mortalité pour le dauphin commun dans le golfe de Gascogne est, depuis plusieurs années, supérieur à ce seuil. Ceci suggère que la pression qui pèse sur les dauphins communs du golfe de Gascogne n’est très probablement pas soutenable même à moyen terme."