L'Association Ouvrière des Compagnons du devoir du Tour de France accueille en moyenne 10 000 jeunes chaque année dans ses différentes filières. Ils ont pour point commun l'ambition d'exceller et le désir de voyager. Portes ouvertes ce week-end au CFA des compagnons du devoir de Nantes. 

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La formation est réputée mais il faut savoir que moins de 10 % de ceux qui intégrent l'Association Ouvrière des Compagnons du Devoir et du Tour de France vont au bout de cette formation réputée rigoureuse.

Car, au delà des années nécessaires pour acquérir le CAP, le brevet professionnel, bac pro ou la licence, il faut aussi faire son "tour de France", en moyenne cinq années à changer de ville tous les ans pour continuer d'apprendre chez un employeur dont une année à l'étranger. 

"Faut le vouloir pour y arriver !" constate Evan Blanlœil. Ce jeune de 19 ans suit une formation de plâtrier-plaquiste. "Ici, c'est boulot dodo" précise ce natif de Montbert, au sud de Nantes, qui a choisi cette filière pour voyager mais aussi parce que les formateurs sont des jeunes qui viennent de finir leur tour de France. 

La journée de l'apprenti, ce sont d'abord les cours de 8h à 17h30 au CFA, retour à la Maison du devoir pour dîner, et à nouveau des cours le soir jusqu'à 21h30. Et le samedi, les cours continuent.

Un peu dur tout de même pour une jeunesse qui apprécierait peut-être de sortir, de s'amuser. "Si tu es majeur, tu peux sortir le soir mais le lendemain tu assumes !"

En clair, pas question de prendre une RTT...

Thomas Prouteau, 18 ans, a fait confiance à la réputation de l'école. Cet Angevin avait envie de découvrir Nantes et de faire son tour de France. Egalement apprenti plâtrier-plaquiste, il fera son tour pour se perfectionner dans les moulures, le staff.
"Au final, dit-il, on aura un bon dossier, une bonne formation, on connaîtra notre métier sur le bout des doigts !"

Et pas de problème pour trouver un emploi. "Tous les jeunes qui finissent le cursus compagnon, précise Kévin Boudeau, n'ont aucun mal à trouver du travail, même sans chercher."
Kévin est le prévôt de la Maison du Devoir de Nantes, c'est un peu le patron de la boîte. Il dirige cet établissement de 106 jeunes alors qu'il n'a que 25 ans. 

A 15 ans, il avait suivi la formation de tailleur de pierre, puis il est parti faire son tour de France dont un an en Australie et en Nouvelle-Zélandes Pendant sa mission de prévôt (3 années), il en profite pour passer une licence de manager.

"On a du mal à recruter sur certains métiers avoue-t-il. Maçon, platrier, couvreur et pourtant il y a du travail."

Ebéniste, en revanche, est un métier qui attire mais pas facile de trouver un employeur qui permettra au jeune d'exprimer son sens artistique acquis chez les compagnons.
La vie d'un apprenti compagnon c'est une vie en collectivité. Si on n'aime pas, pas la peine de choisir cette filière. "Ici, disent les jeunes, on apprend le respect, la solidarité, la générosité"

"Le compagnon résume Kévin, c'est une femme ou un homme qui maîtrise son métier et qui cultive toutes les valeurs du savoir-vivre et du savoir-être."

Les filles d'ailleurs, ne sont pas encore très nombreuses dans le compagnonnage. A Nantes, elles sont seulement 18 sur les 106 résidents.
Léa Vaultier a choisi la filière pâtisserie. "On m'en a dit du bien, précise-t-elle. C'est une bonne école de la vie. Et je voulais me former en voyageant. C'est très rigoureux mais on est libre de ses choix."

Ce que confirme Enora Roland qui est en formation boulangerie. "Ce qui m'a attiré avoue-t-elle, c'est la rigueur et la vie en communauté."

Et le regard des garçons sur les rares filles qui choisissent cette filière ?

"Aucun préjugé assure Léa, c'est ça la force des compagnons, on n'est pas là pour te rabaisser. Tu apprends des autres et tu donnes aux autres."
Peu de filles mais également très peu de jeunes étrangers ou d'origine étrangère. "Leurs effectifs ne cessent de croître, assure-t-on. Les Compagnons sont encore paradoxalement peu connus. Mais ces profils ont tout autant leur place chez nous, à partir du moment où ils ont envie d'apprendre un métier et que la vie en communauté ne les rebute pas."  Une précision valable pour tout candidat à la formation compagnonnique...

Depuis quelques années, les Compagnons accueillent aussi des jeunes un peu plus âgés qui sont parfois déjà diplômés mais qui se réorientent vers des métiers plus "concrets". Ces profils, par leur maturité et leur profonde motivation, plaisent aux employeurs qui apprécient aussi les jeunes plus disponibles car disposant d'un véhicule.

Ces témoignages très positifs ne doivent pas cacher néanmoins le fort taux d'abandon en cours de cursus. Si seulement 10% vont au bout du "compagnonnage", c'est pour de multiples raisons. 

Pendant leur Tour de France ou leur voyage à l'étranger, des jeunes s'installent et ne réintègrent pas la formation, d'autres ne se font pas à la vie en communauté. Et puis, à la marge, confie Kévin le prévôt, "il arrive qu'on se sépare aussi de certains."Le coût de la formation ? Elle est gratuite nous dit-on. Mais il faut bien sûr s'acquitter du prix de l'hébergement et de la restauration lorsque le jeune réside au centre. Environ 600€/mois.


Deux autres filières de compagnonnage existent : la Fédération Compagnonnique et les Compagnons du Tour de France des devoirs Unis.


 
Portes ouvertes au CFA des Compagnons du devoir 20 rue des Carnavaliers Nantes.
Le Centre de Formation des Apprentis des Compagnons du Devoir de Nantes ouvre ses portes au public les 18 et 19 janvier de 9h à 18h.
Entrée libre et gratuite.
Les visiteurs pourront s'informer et essayer les métiers qui y sont enseignés. Ceux du bâtiment mais aussi les métiers du goût, la maroquinerie, la cordonnerie...

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