L'école Française de Maréchalerie a été créée l'année dernière à Autun. Objectif : assurer une formation complète pour devenir maréchal-ferrant ! Entre tradition et passion pour les chevaux, l'apprentissage explore tous les aspects du métier, de la forge, et des techniques de ferrage.
Ouvrir une école pour former des maréchaux-ferrants, c'est le pari qu'a pris Tony Bargibant l'année dernière, où il est à la fois directeur et formateur.
De l'énergie et de la précision
Notre équipe rencontre Cybile, élève orginaire de Franche-Comté, qui a intégré l'école il y a quelques semaines. Affairée à la courber un fer, elle explique la difficulté de l'opération : "Il faut être précis, il faut bien taper au centre par exemple pour plier la branche, et il faut taper fort pour la faire plier. Il faut allier précision et force."
Hormis ces qualités, il faut savoir aussi montrer de la résistance face à la chaleur de la forge. Cybile rappelle : "Le métal commence à fondre à 1200°c. Ça chauffe à plus de 1200, car on arrive à les faire fondre ! Oui il fait chaud !"
9 mois pour devenir professionnel
Afin de former les adultes à la maréchalerie traditionnelle, l'école a été créée l’an dernier par Tony Bargibant, lui-même maréchal-ferrant depuis plus de 20 ans. Sa promesse : faire de ses élèves des professionnels en seulement 9 mois.
Tony Bargibant, artisan maréchal-ferrant et directeur de l’école explique comment s'articule la scolarité : "Il y a une partie théorique quand même, il y a une centaine d'heures théoriques et le reste c'est la pratique. C'est divisé en deux parties, même en trois. C'est beaucoup de forge, de maréchalerie sur pied mort, et une fois qu'ils sont prêts, on se déplace chez les clients. On va ferrer des vrais chevaux, chez les clients, c'est quand même la base du métier."
La formation coûte 9000 euros, il n'y a pas de pré-requis pour s'inscrire, il suffit d’être motivé et polyvalent.
Au plus près des condition réelles
Après le travail à la forge, place au ferrage. À l’école d’Autun, on utilise une méthode unique en France : les élèves s'exercent sur de vrais pieds de chevaux collectés dans les abattoirs.
Tony Bargibant argumente : "Il existe des pieds en résine, mais on n'a pas la même sensation. C'est vraiment pour tourner les fers. On apprend vraiement le parage, on a les mêmes sensations, le pied est toujours un peu rigué, on a la boîte cornée, c'est de la vraie corne, les vraies fourchettes, on travaille comme si on était sur un vrai cheval. S'il y a des pathologies, on travaille dessus pour les rectifier."
La touche finale de l’exercice : poser le fer à chaud sur le sabot. Là aussi, le travail sur le pied mort permet de restituer des sensations fidèles à la réalité.
Dernière étape, travailler avec les chevaux
Rien ne vaut la pratique en conditions réelles, les élèves se retrouvent en exercice pratique chez des clients. Cybile va ferrer Viking, qui va servir de cobaye.
Avant la formation, Cybile Savourey travaillait dans un centre équestre. Devenir maréchal-ferrant, comme son père, était une évidence : "C'est pas monotone, on ne fait jamais la même chose. On est tout seul dans la cambrousse avec les animaux dehors, c'est ce qui me plaît !"
Pourtant, la profession peine à recruter. En France, on ne compte que 2300 maréchaux-ferrants. À Autun, seuls deux élèves ont intégré la formation cette année.
Tony Bargibant affirme qu'il y aura toujours besoin de maréchaux-ferrants : "Je pense que le métier n'est pas assez connu en fait, il y a beaucoup de chevaux en France, on est très peu de maréchaux. Je pense que c'est important de former de nouveaux maréchaux."
► Avec Charlotte Meunier