Nantes : des conducteurs des bus Keolis s'estiment laissés "sans soutien" après des agressions de voyageurs

Les conducteurs de bus urbains sont de plus en plus souvent la cible de violences verbales ou physiques, leurs collègues des transports interurbains voient le nombre de ces agressions augmenter, eux aussi. La CFDT déplore l'inertie de l'entreprise Keolis dont les bus roulent sous la marque Aleop.

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Les conducteurs et conductrices des bus interurbains voient eux aussi augmenter avec inquiétude le nombre des agressions, verbales souvent, physiques plus rarement, dont ils sont l'objet. Un retard, un refus de porter le masque, un refus de présentation de titre de transport, et la remarque, légitime, de l'agent de conduite peut se retourner contre lui.

La CFDT s'inquiète de ces agressions qui minent le moral des employés. Kamel Sahraoui, de la CFDT transport, cite le cas récent d'une agression survenue à Blain en Loire-Atlantique, où un voyageur après avoir copieusement insulté la conductrice du bus a même tenter de s'emparer du volant. "Psychologiquement, notre collègue a été très atteinte, elle l'est toujours aujourd'hui, l'individu a été interpellé et incarcéré, il a pris 8 mois ferme. Il sévissait depuis presque un an sur la ligne 311 sans que l'entreprise ait pris la moindre mesure. Plusieurs conductrices avaient fait l'objet d'agressions de part".

 

La CFDT reproche à l'entreprise KEOLIS de ne pas avoir réagi aux réclamations des conductrices. Et, dans ce cas précis de "ne pas l'avoir soutenue dans le dépôt de plainte ou dans la recherche d'un avocat".

Le directeur de Keolis Atlantique s'étonne de cette vision des choses. Franck Eudeline indique que ce genre de situation fait l'objet de "procédures répertoriées dans le livret conducteur. Les agressions font l'objet d'un suivi de la part de l'entreprise, avec le donneur d'ordres, le conseil régional des Pays de la Loire". La gendarmerie est informée des faits d'agression.

"Dans ce cas précis, la gendarmerie est intervenue rapidement, au vu du signalement de la conductrice, et nous n'avons pas recherché d'avocat en accord avec elle, du fait de la comparution immédiate du prévenu", précise Mr Eudeline. 

16 agressions en 2021

Pour la CFDT, "C'est un cas de trop, les conductrices qui ont subi par le passé les agressions se sont adressées à leur manager de proximité comme le veut le protocole, qui doit faire les choses et transmettre les déclarations, ce qui n'a pas été fait".

Une réunion du CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) est prévue dans quelques jours pour faire le point entre direction et salariés. "En 2018 nous relevions 2 agressions par an sur nos lignes, pour 2021 nous en sommes déjà à 16 agressions. Nous ne laissons pas les salariés sans soutien. Les salariés sont touchés au plus profond d'eux, c'est un mal-être ensuite, en tant qu'employeur on suit ça".

À chaque situation d'agression, le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail extraordinaire est réuni, indique la direction. La profession, d'une manière générale, interagit avec la gendarmerie nationale, "une convention va être signée avec elle pour officialiser des partenariats différents de ceux qu'on a pu avoir jusqu'à aujourd'hui, pour que les gendarmes soient encore plus attentifs à cette gestion du transport interurbain".

Des clients de plus en plus irritables

Concrètement, ces situations d'agression sont complexes à gérer pour les entreprises de transport. "Par principe, nous relevons le conducteur, mais tout cela prend du temps, l'agression peut se produire à 45 km de distance". Chaque personne étant différente, le conducteur peut décider de se faire aider, ou pas, ou se mettre en arrêt de travail pour ce reprendre. "À la reprise, la personne est accompagnée d'un tuteur, et nous prenons en charge les frais d'avocat quand il y a un dépôt de plainte", affirme Franck Eudeline.

Direction et CFDT sont cependant d'accord pour faire le même constat, les clients deviennent de plus en plus irritables et refusent de se plier aux contraintes. "Un bus en retard, un bus complet, et la situation peut déraper si la conductrice refuse un client irascible" précise Kamel Sahraoui. "Nos voyageurs sont parfois dans des problématiques hors de la normalité, de précarité, économique ou de santé", ajoute le directeur.

Ces agressions de conducteurs de bus et de trams, quand ce ne sont pas de voyageurs, connues en agglomération, les conducteurs de bus interurbains y sont de plus en plus confrontés en secteur rural, "nous donnons des consignes, et surtout le salarié ne doit pas s'exposer", selon Keolis. Certes, mais comment faire quand des menaces violentes ont été proférées, quand il ne s'agit pas de crachats ? Difficile assurément de reprendre le volant, au service des autres.

Keolis Atlantique

L'entreprise Keolis Atlantique emploie un total de 554 conducteurs de bus urbains (70) et de bus interurbains (484). Ses véhicules sont affrétés avec leurs conducteurs par des donneurs d'ordres comme le Conseil régional des Pays de la Loire sous sa marque Aleop, ou Nantes métropole sous la marque TAN. Elle emploie au total 630 personnes en Loire-Atlantique.

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