Comment éviter qu'un différend ne prenne trop d'ampleur, ou qu'il laisse seul, sans défense, un enfant qui n'a pas osé signaler sa détresse aux adultes ? Parce que les plus proches des élèves sont les élèves eux-mêmes, une école de Nantes a formé des médiateurs parmi ses CM1.

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"C'est bien d'aider les gens dans leurs conflits, pour pas que ça les énerve, que ça les ronge."

Louis a voulu être médiateur dans son école "pour que les élèves à la fin s'entendent bien" dit-il.

Depuis deux ans, l'école Saint-Félix dans le nord de Nantes, forme des élèves à devenir médiateurs. La première promotion vient de recevoir son diplôme. Louis, élève de CM1 est de ceux-là, Romain aussi.
 

"J'avais envie qu'il y ait moins de conflits dans la cour" explique-t-il. Et il a bien appris comment les résoudre : "Il y a plusieurs étapes. Au début, on leur dit les règles, après on leur demande ce qui s'est passé puis on reformule ce qui s'est passé et on leur demande s'ils peuvent trouver une solution, on les aide, et s'ils trouvent, c'est fini."

Vu comme ça, ça parait simple. L'avenir dira si cette méthode fonctionne et surtout, si des enfants peuvent l'appliquer efficacement.

"Les enfants vont apprendre à gérer leurs petits conflits et à trouver des solutions eux-mêmes explique la directrice Julie Tosaki. Ça va permettre de leur donner des pistes pour l'avenir."

"On n'apprend bien que si on est dans le bien-être à l'école. Si on est heureux de venir à l'école, il y a toutes les chances que les apprentissages passent bien estime Sylvie Canonne-Piat, formatrice à Génération Médiateurs, l'association qui a initié ces jeunes à cette mission. Les enfants qui vont développer ces compétences relationnelles, c'est pour toute la vie qu'ils vont savoir gérer leurs conflits, leurs émotions."
 


Si le conflit est trop violent, le jeune médiateur reconnaissable dans la cour par son dossard jaune, pourra bien entendu faire appel à un enseignant. Il peut aussi recevoir un élève qui souhaite lui parler d'une situation particulière. Une salle est prévue pour ça.

En ligne de mire de cette démarche, il y a les conflits visibles dans l'école mais aussi les situations de harcèlement dont on n'ose pas toujours parler à un adulte. La lutte contre toutes les exclusions est également au cœur de la démarche.

Deux mots prévalent dans cette mission : tolérance et bienveillance.

voir le reportage :
 
L'association Génération Médiateurs forme depuis 1999 des enseignants pour qu'à leur tour, ils initient des élèves à la médiation.

En 2019, l'association est ainsi intervenue dans une soixantaine d'établissements, de l'école au lycée. Un chiffre qui varie d'une année à l'autre.
 

Un engagement des enseignants

D'autres organismes comme Mediacteurs interviennent aussi auprès des équipes enseignantes ou directement auprès des élèves.

Les retours accumulés depuis vingt ans par Génération Médiateurs confirment les vertus de cette démarche qui nécessite toutefois un réel investissement de la part des enseignants mais aussi un engagement dans la durée.

La difficulté souvent vient de ce que les enseignants formés sont mutés et l'établissement ne poursuit pas la démarche. En revanche, c'est tout bénéfice pour l'établissement où arrive l'enseignant s'il décide d'y apporter ses compétences de formateur à la médiation.
 

Valoriser l'élève médiateur

Et puis, cette engagement de la part de l'élève permet aussi de le valoriser: "Ce qui nous est permis de voir, témoigne une intervenante de l'association, c'est que les élèves en difficulté sur certains savoirs vont trouver d'autres compétences ailleurs (dans la médiation) et ça va contribuer à améliorer le climat scolaire."

Si, au début de cette démarche, le secteur privé était plus demandeur, aujourd'hui, l'enseignement public s'y investit tout autant, malgré des budgets souvent difficiles à débloquer.

Après quoi, c'est la volonté en interne qui permettra de péréniser la démarche.
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