Deux universitaires de Nantes ont étudié une quarantaine de familles recomposées. Il en ressort un livre très intéressant sur ce phénomène de société en augmentation.
Ça commence par une plongée dans la mythologie et la littérature sur les histoires de marâtres ou de parâtres indignes. Belles-mères et beaux-pères infréquentables qui ont fait les beaux jours des auteurs en mal de drames familiaux. On connaît tous Blanche Neige et sa sorcière cannibale de belle-doche mais ce n’est que l’arbre qui cache la forêt des contes sur le thème de la famille recomposée et de ses affres.
Catherine Sellenet et Claudine Paque sont des récidivistes. Elles avaient déjà signé il y a deux ans un travail sur les enfants préférés ( "L’Enfant Préféré" éditions Belin 2013). Une étude sur les dégâts que peut provoquer le statut de chouchou dans la famille. Tant auprès des frères et sœurs que sur le chouchou lui-même.
Moment sensible
Cette fois-ci nos deux auteures (Catherine Sellenet est pychologue et sociologue, Claudine Paque enseignante en communication et métiers du livre) se sont intéressées au phénomène grandissant des familles recomposées. Et les cas sont aussi divers que variés. Il y a le couple avec un ou plusieurs enfants d’une histoire précédente ramenés par l’un des deux, le couple avec des enfants de chaque côté d’une histoire précédente, le couple qui avec ses enfants d’une histoire précédente fait un nouvel enfant ensemble bref pour se faire une idée de la situation nos chercheuses en décomposition-recomposition ont rencontré une quarantaine de familles."L’idée n’est pas de donner les clés de la réussite, nous a expliqué Catherine Sellenet, mais plutôt d’alerter les couples sur les pièges de la recomposition d’une famille et sur les instants importants où il convient d’être vigilant. Comme par exemple la présentation du nouveau conjoint aux enfants. Moment sensible. Trop de parents ne disent pas assez clairement les choses aux enfants et du coup c’est à eux de comprendre seuls la nouvelle situation."
Changer les mots
Intéressante aussi la recherche qui a été faite sur les mots. "Belle-mère" par exemple, un mot qui ne veut pas dire la situation qu’il décrit et qui est remplacé dans d’autres cultures par des termes parfois surprenants. Au Québec on dit plus facilement "la blonde de mon père". Il conviendrait donc d’inventer un nouveau mot, moins péjoratif, pour désigner celle que le père a choisie pour sa nouvelle vie de couple.Faire confiance aux enfants
Si on doit tirer une conclusion de ce petit traité de la famille recomposée c’est qu’il faut faire confiance aux enfants. Ils sont capables de comprendre beaucoup de choses pour peu qu’on prenne le temps de leur parler. Leur cœur a une élasticité étonnante. Chacun peut y trouver une place, sa place, sans jamais prendre celle de l’autre. Et Claudine Paque de citer l’exemple de cet enfant qui, pour son anniversaire, est parvenu à réunir famille et belle famille. Son plus beau cadeau c’était d’avoir ce jour-là tous ceux qu’il aimait autour de lui."L’enfant de l’autre" Petit traité de la famille recomposée. Edition Max Milo.18,90€.