Poète talentueux, originaire de Guinée, sa situation a ému les mondes des arts et de la politique. Le préfet de Loire-Atlantique vient de lui attribuer un titre de séjour pour une année.
Falmarès a tweeté le mercredi 10 novembre "Quels vents ! Quelles émotions ! Je viens d'obtenir mon premier titre de séjour. Je vous remercie du fond du cœur". Falmarès, ou Mohamed Bangoura à l'état civil, est ce jeune poète Guinéen qui avait fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français(OQTF) le 21 avril dernier, et dont la situation avait ému les mondes des arts et de la politique.
Falmarès est arrivé à Nantes en 2017, lycéen et poète, il a obtenu le bac avec mention bien et trouvé un emploi. Il poursuit des études de logisticien en alternance dans une entreprise de transports publics. Son travail d'écriture a déjà fait l'objet de plusieurs publications aux éditions Les Mandarines.
J’ai quitté la Guinée à 14 ans après le décès de ma maman. J’ai traversé le Mali, l’Algérie, la Libye, et la Méditerranée dans des conditions inhumaines. Nous étions 180 personnes entassées sur un zodiac de 7 mètres avec des femmes et des enfants.
Falmarès
Devenir français
Un comité de soutien s'était créé autour de lui à l'initiative d'amis de la poésie et des belles lettres, réunissant 22 000 personnes. Deux députés, et candidats à l'élection régionale dans les Pays de la Loire, s'étaient émus du sort que lui réservait la République, et étaient intervenus en sa faveur. La décision du préfet Didier Martin fait donc des heureux.
Résolument décidé à devenir Français, Falmarès continue son travail d'écriture. "C'est un nouveau départ, ma chance pour obtenir ce titre de séjour a été de pouvoir travailler. Il me faudra cinq ans pour obtenir la nationalité française. Avec mes amis je continuerai d'agir dans ce sens". Si Falmarès comme poète et artiste se sent citoyen du monde, il ne s'est jamais senti étranger en France : "la France est la possibilité de devenir stable émotionnellement", dit celui dont le métier de logisticien semble bien éloigné de la poésie.
"Ce sont deux chemins qui ne vont pas dans la même direction, pourtant la logistique est la base de notre quotidien". Y a-t-il de la poésie dans la logistique ? "La poésie est partout", s'amuse Falmarès.
Installé en France, le jeune homme garde un œil attentif et aimant sur sa Guinée natale. "Je n'ai pas trouvé d'ouvrages sur la poésie guinéenne, alors je me suis dit, pourquoi ne pas l'écrire. Je travaille sur une anthologie depuis deux ans, il reste quelques corrections". L'ouvrage devrait paraître début 2022, peut-être chez un éditeur parisien. Une consécration ? "Un sentiment de libération et de liberté pour moi et mes amis. C'est un espoir aussi".