Arrivé à Nantes en 2017, Falmarès, un jeune Guinéen, est lycéen en alternance et prodige de la poésie. Il a reçu une OQTF (obligation de quitter le territoire français) datée du 21 avril. Après l'annonce de sa grève de la faim, des candidats aux élections régionales lui apportent leur soutien.
"Je trouve la décision de la préfecture absurde et inacceptable". Falmarès, de son vrai nom Mohamed Bangoura, est sous le choc. Ce Guinéen de 19 ans, arrivé à Nantes (Loire-Atlantique) en 2017, reconnu pour sa poésie, vient de recevoir une OQTF (obligation de quitter le territoire français) datée du 21 avril. Cette décision administrative le menace d’un retour dans son pays natal. Le jeune lycéen en alternance prévoit de commencer une grève de la faim.
La poésie, sa thérapie
"J’ai quitté la Guinée à 14 ans après le décès de ma maman. J’ai traversé le Mali, l’Algérie, la Libye, et la Méditerranée dans des conditions inhumaines", s'émeut le jeune homme. "Nous étions 180 personnes entassées sur un zodiac de 7 mètres avec des femmes et des enfants".
En Italie, où il reste pendant plusieurs mois, la lecture de poésie lui permet de s’endormir "Au début, ce n’était pas une passion, mais une forme de thérapie". Il arrive en France, à Paris puis à Nantes, et se met à écrire pour se soulager.
Le jeune homme fréquente les médiathèques, rencontre des écrivains et se fait connaitre dans le milieu. Il fait notamment la connaissance du poète lorientais Joseph Ponthus, décédé en février 2021, "un ami, un frère pour moi". Le travail finit par payer. Falmarès reçoit un prix et fait éditer deux recueils de poèmes.
Un soutien des candidats aux régionales
Son histoire, relayée par le journaliste de Ouest France Arnaud Wajdzik, a fait réagir les candidats aux élections régionales des Pays de la Loire. Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire et leader écologiste pour les régionales, a notamment échangé avec le préfet pour faire réexaminer le dossier de Falmarès :
J'ai eu le préfet au téléphone ce matin. Le dossier sera réexaminé demain. J'est bon espoir que le dossier soit réglé rapidement et que Falmarès puisse réviser sereinement son Bac Pro Logistique et continuer à écrire ses poèmes ! https://t.co/hRlUhRHXfA
— Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) April 25, 2021
Contactée, la préfecture indique que le dossier du jeune homme fera l’objet "d’un examen attentif" par Didier Martin, préfet de Loire-Atlantique, dès lundi matin.
De son côté, Guillaume Garot, député socialiste de Mayenne et tête de liste PS, s'est également exprimé sur Twitter :
La Loi Asile Immigration de 2018 a multiplié les situations inhumaines et injustes, comparables à celle de Falmarès.
— Guillaume GAROT (@guillaumegarot) April 24, 2021
Je m’engage à intervenir auprès du Préfet de Loire-Atlantique, sur la base des éléments que vous me transmettrez. https://t.co/9a3y8AZ27p
Un comité de soutien pour le poète
Des amis du jeune homme, réunis au sein du comité de soutien au poète Falmarès compte également demander à d'autres élus du territoire d'intervenir, “quelque soit la couleur politique, hormis l’extrême-droite", affirme Gaspard Norrito, président du comité de soutien. "Nous trouvons cette décision complètement scandaleuse. La France est son pays de cœur. Falmarès ne peut pas revenir dans son pays, ce serait un traumatisme supplémentaire."
“Son cas est emblématique d’une politique migratoire, hélas, très inhumaine”
Les comités du MRAP (mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) de Nantes et Saint-Nazaire ont également apporté leur soutien au jeune poète par le biais d'un communiqué de presse.
Dans les prochains jours, Falmarès compte déposer un dossier au tribunal administratif avec son avocate.