Si les cérémonies de mariage se confirment pour la plupart à la mairie de Nantes, en revanche, les fêtes qui auraient dû suivre sont souvent annulées pour la plus grande déception des mariés, de leurs familles... et des traiteurs.
Certains traiteurs parlent de 60 % d'annulations ou de reports de commandes. Pendant la période de confinement, c'était 100 % mais, depuis le début de l'été, le ciel ne se dégage pas beaucoup pour les traiteurs qui font face à de nouvelles demandes de report. Et ça ne s'arrangera pas.
Au bal masqué... même pas !
Car un décret a été signé le 10 juillet dernier interdisant les bals et soirées dansantes dans les établissements recevant du public ou en plein air. Plus question donc de louer une salle pour y faire une fête. Et, en cascade, ce sont tous les métiers liés à ces événements qui sont touchés.Bastien Coussot, gérant de la société CK Traiteur à Vigneux-de-Bretagne avait, comme tous ses concurrents, subi des reports pendant la période de confinement et espérait bien se refaire une santé cet été.
Mais l'inquiétude est là et, d'une famille à l'autre, on n'adopte pas la même posture vis à vis de la menace covid. "Chacun a son interprétation du covid, dit-il, on est encore en discussion avec certaines familles pour août et septembre. Certaines ont reporté au dernier moment." Ce qui implique bien sûr des indemnités. Mais c'est toujours moins cher qu'une annulation pure et simple qui fait perdre l'ensemble des acomptes versés.
Quand il se projette dans l'avenir, Bastien est plus qu'inquiet. "On ne pourra plus organiser les mariages comme on les a connus, dit-il. Qui peut se projeter sur la saison 2021 ? C'est une partie de poker ! Ça va être à nous d'imaginer autre chose pour pouvoir redynamiser le marché."
"S'il y a une deuxième vague ça va me faire très mal"
Même sentiment d'impuissance pour Harold Pageaud, gérant de Bourget Traiteur à Nantes, qui évoque également 60 % d'annulations ou de reports. "Certains ont annulé dès le confinement, d'autres cette semaine pour la semaine prochaine."Les conséquences seront moins graves pour Laurent Chopin, traiteur à Basse-Goulaine, près de Nantes, parce qu'il est aussi employé d'une entreprise, ce qui lui assure un salaire par ailleurs. "J'ai la chance d'avoir un petit labo, dit-il, si j'avais un loyer de 3 000 €, j'aurais peur ! Tout a été annulé en avril, mai et juin, sur une période où je faisais 45 à 50 000 € de chiffre d'affaires."
17 mariages repoussés à la fin août jusqu'à mi octobre. Mais seront-ils confirmés ? "S'il y a une deuxième vague et qu'on me dit que je ne peux pas travailler, ça va me faire très mal."
Quant aux prestations qu'il assure pour les entreprises, il sait qu'il y a, là aussi, un fort risque d'annulation.
Pour les loueurs de salles, le décret du 10 juillet est sans doute également un coup de tonnerre.
"Pendant le Covid (le confinement), c'était huit personnes, rappelle Brigitte Lorient, la directrice adjointe du service relations aux usagers de la Ville de Nantes. Ça s'est amélioré ! Mais le port du masque ne vous libère pas du nombre d'invités, c'est un geste barrière supplémentaire. Du gel hydroalcoolique est proposé et, pour éviter les croisements de flux (entre les mariages), on a fait un circuit. Les familles peuvent cependant faire des photos dans le jardin de la mairie."
Heureusement, parce que dans la salle, avec les masques, les photos ne vont pas être réjouissantes. D'ici à ce qu'on se fasse broder les masques aux initiales des mariés... Il parait que certains ont établi un dresscode, tout le monde le même type de masque !
"On s'attendait à plus d'annulations, remarque Brigitte Lorient. Mais pour ce samedi, un seul a été annulé."
Un oui sans masque
Une précision importante, le consentement des mariés doit être recueilli visage découvert, sans masque. "Il faut que le consentement soit audible dit Brigitte Lorient. Mais l'élu, l'agent municipal qui lit les articles, l'huissier et l'agent de sécurité portent un masque. Normalement, en articulant, ça passe bien."Les mesures sanitaires se logent partout. Pour l'échange des alliances, l'huissier ne les touche plus, une coupelle est fournie aux mariés et c'est à eux de gérer. Même chose pour la musique. Pas question de donner de la main à la main un CD ou une clé USB à l"huissier, une enceinte portative est prêtée et c'est aux mariés ou à des invités de s'en occuper. Tout ça n'est pas très glamour.
A Nantes, on a célébré en 2019 environ 950 mariages. En 2020, ce sera probablement moins.