La reconstitution du drame du Breil a lieu ce vendredi. Pour plus de sérénité, face à la crainte d'un possible embrasement du quartier, elle se déroule à l'est de Nantes, dans un endroit clos tenu secret.
C'est un affaire des plus délicates.
D'abord parce que parce qu'elle s'est déroulée dans un quartier dit "sensible"de Nantes, ensuite parce que des zones d'ombre subsistent quant aux circonstances du tir qui ont entraîné la mort d'Aboubakar Fofana.
On s'en souvient, la mort du jeune homme au début de l'été 2018 avait provoqué plusieurs nuits d'émeutes.
Plus de deux ans après les faits, pas question donc d'envisager la reconstitution au Breil. Et de risquer de raviver la colère et l'émoi des jeunes du quartier.
Cette décision de délocaliser la reconstitution, de l'effectuer à huis-clos est dénoncée par le collectif Breil Jeunesse Solidarité.
Dans un communiqué, diffusé ce vendredi matin sur les réseaux sociaux, le collectif s'insurge au motif qu'une reconstitution effectuée loin du lieu des faits, loin du quartier ou s'est déroulée la scène fatale, loin des regards de la famille favorisera forcément les CRS.
"Le Breil serait visiblement une zone jugée trop dangereuse pour que la reconstitution se fasse sur les lieux du crime ! Une zone tellement dangereuse que l'on peut s'y promener sans avoir le moindre problème avec qui que ce soit ! On se fiche franchement de nous ! Et on peut ajouter que la police viens régulièrement dans le quartier donc cette argument sécuritaire ne tiens pas du tout." indique t-il.
Le collectif ajoute : "encore une fois nous pensons que cette reconstitution est en faveur du policiers incriminés et des collègues complices qui ont menti et couvert leurs collègues. Bref on garde espoir malgré tout."
Au plan judiciaire, cette reconstitution est une étape capitale dans une procédure longue (plus de deux ans après les faits) et marquée par des rebondissements (le policier incriminé avait d'abord évoqué la légitime défense avant de se rétracter).
Elle devrait s'avérer cruciale pour la manifestation de la vérité, car les deux thèses contradictoires vont être confrontées ce vendredi après-midi :
celle d'un tir accidentel soutenu par Maitre Liénard, l'avocat du policier auteur du coup de feu mortel, et celle de l'avocat de la famille Fofana qui estime, analyse balistiques et médico-légales à l'appui que le tir, loin d'être accidentel est en fait, un homicide.
►Le reportage de Marion Nauman/Cathy Colin et Valérie Brut