Premier jour du 3ème déconfinement. Il y a comme un parfum d'été, mais frais ce 19 mai en ville. Le musée d'Arts, le cinéma Katorza les terrasses des cafés et des restaurants sont prêts. Soleil et nuages jouent à cache-cache, il souffle comme un air nouveau.
Les commerçants n'ont pas accroché, "ouverture définitive" à leurs devantures, mais c'est un peu l'idée. En finir avec cette drôle d'année qui n'a que trop duré. Petit tour en ville, du Musée d'Arts au cinéma Katorza en passant par les terrasses des cafés et des restaurants.
La météo avait plutôt prévu les choses en pluie pour cette fin de matinée. La pluie n'est pas venue. Mieux, le soleil a joué à cache-cache avec les nuages, pas de gagnant. 0 partout avant midi. Ou plutôt des gagnants. Nous, toutes et tous. Masqués toujours, mais contents de revenir à un début de vie normale.
À l'entrée du musée d'Arts de Nantes, il est onze heures moins dix, une personne tente d'entrer. "Mince pas encore l'heure" fait-elle. Un nuage passe. Sa préoccupation, ce premier jour du troisième déconfinement est de savoir si sa carte d'abonnement est toujours valable. Chance, c'est oui, "les abonnements ont tous été prolongés de 201 jours, autant que de jours de fermeture" annonce la direction du musée.
11h pile, le soleil est de retour, et le gardien, tout sourire, ouvre grand la porte, "nous sommes ouverts, si vous avez réservé c'est parfait, sinon ce n'est pas grave". Ces cinq dernières minutes une bonne dizaine de personnes sont arrivées. Désormais il faut réserver en ligne sur le site du musée, ou réserver sur place à l'ouverture, pour obtenir le précieux sésame qui garantit de bonnes conditions sanitaires à l'intérieur. "Nous sommes limités à 600 personnes simultanément, pour l'instant il n'y pas de problème de réservation". Seul le café du musée restera fermé jusqu'en juin.
Alice de Dinechin est plus préoccupée par les conditions d'accueil des scolaires qui vont revenir bientôt. Avec cette nécessité d'espacer les enfants de moins de 6 ans d'un mètre, "nous voyons actuellement comment les accueillir par petits groupes". Le musée d'Arts propose deux expositions temporaires, United States of Abstraction jusqu'au 18 juillet et Hypnose jusqu'au 22 septembre.
éouverture du musée ne veut pas dire fin de l'épidémie. Pas plus ici qu'ailleurs. Alentours du château, les cafés ont organisé leurs terrasses. Il fait soleil, il y a du monde.
Un peu plus loin après la rue de Strasbourg, c'est l'effervescence le long de la rue du Château. Les nombreux restos ont installé des terrasses jusque devant la vitrine de leurs voisins commerçants. Il est 11h30 et partout c'est à peu près la même réponse, "vous n'avez pas réservé, c'est complet pour ce midi, nous sommes désolés". "Revenez demain" tente un garçon affairé.
Et pourquoi pas, la rue a changé, outre les parasols ou parapluies, le match n'est pas fini, déployés au-dessus des tables, des guirlandes de roses parsèment le ciel.
Cours des 50 Otages, place Royale, rue Crébillon, jusque sur la place Graslin, partout c'est le règne des camionnettes de livraison, quand ce ne sont pas des camions. Le Grand Théâtre affiche toujours les colères du monde de la culture. Et juste derrière, le hall du cinéma Katroza vient de retrouver son calme. Le personnel est ravi, outre le fait de rallumer les projecteurs et de revenir au travail, à la caisse, on fait les comptes de cette première séance. Un nuage passe, les spectateurs, nombreux, ont-ils eu raison de se mettre à l'ombre ?
"On a eu du monde dès 11 heures, les réservations pour la journée sont presque complètes, il reste 5 places", Caroline Grimault, la directrice ajoute, "Adieu les cons d'Albert Dupontel fait 96% d'occupation de la jauge". Salle comble finalement ! Le cinéma a vendu un peu plus de 52% des places possibles. Caroline ajoute, comme si elle réfléchissait à voix haute, "un mercredi normal nous faisons 400 entrées, aujourd'hui nous allons en faire 600..., c'est une bonne journée". Comme surprise par cette différence inespérée.
Sur la place Graslin, le soleil semble gagner la partie. À la terrasse du Molière, il ne reste pas une seule place, à l'intérieur on entend le tintement joyeux des tasses sur les soucoupes, Au-devant un client a commandé un demi pression. "Je savoure ma première gorgée de bière", un client lettré, au Molière, ça s'impose !
De l'autre côté de la place, un garçon masqué attache les nappes qui s'envolent au vent fripon. La brasserie de la Cigale, vénérable institution nantaise, reprend ses aises, et veut faire mentir la fable. La Cigale compte bien chanter encore, au-delà de l'été.
Il est midi, tout le monde est prêt, la partie de cache-cache est gagnée, nuages 0, soleil 1. Même masqués, avec du gel hydroalcoolique partout en évidence, ce premier jour de déconfinement partiel, sonne comme un début de victoire sur la pandémie.