Deux mois presque sans pouvoir voir les arbres que de loin. Depuis ce mercredi 13 mai, les urbains ont retrouvé avec plaisir le chemin du jardin public. Les bancs accueillent à nouveau les flâneurs, les arbres sont toujours là, les parterres sont un peu envahis par les adventices...
C'est comme un retour à la normale ! S'il n'y avait à l'entrée du jardin des plantes à Nantes ces petits panneaux pour faire respecter les gestes barrières et la distanciation physique, plus quelques pas sur le sol pour séparer les visiteurs entrants des visiteurs sortants, tout serait comme avant !
Les voyageurs qui viennent ici attendre le départ de leur train, les habitants du quartier qui peuvent revenir dans "leur jardin". Irène habite à deux rues de là : "je suis retraitée depuis... elle soupire, longtemps ! Mon appartement est correct mais je n'ai pas d'autre vue que le mur de l'immeuble en face... le jardin des plantes c'est comme si j'avais un jardin à moi !"
Et puis il y a les mamans, ou les papas, qui viennent ici pour que les gosses se défoulent. Tiens, en voilà une maman, accompagnée d'un machin branché sur le 100 000 volts ! Le machin a 4 ans et une voix qui porte ! "Cela fait un mois que Clovis me parle des chèvres du jardin des plantes. On a dû lui raconter une histoire un soir, et depuis il tourne en boucle tous les matins, je veux voir les chèvres, je veux voir les chèvres ! On en pouvait plus !" avoue la maman, convaincue que demain Monsieur 100 000 volts "aura trouvé autre chose pour libérer son énergie !"
Conter fleurette
Le Dormanron de Claude Ponti roupille du sommeil du juste. On se demande si ce gentil monstre végétal né de l'imagination du poète s'est aperçu de quoi que ce soit ! Il aurait bien besoin d'un rafraichissement chez le coiffeur ce Dormanron ! Silence, ça pousse !À propos de pousser, pendant le confinement, les jardiniers sont assurément restés à l'abri. Les adventices ont envahi les parterres... Adventices, c'est tout de même plus sympa que : "mauvaises herbes" ! Herbes qui ne sont d'ailleurs ni bonnes ni mauvaises en fait, surtout dans un jardin botanique, mais là, elles gâchent un peu l'intention des jardiniers ! Pas grave, les bancs sont toujours en place et révèlent quelques situations savoureuses.
Sur le banc en face, une jeune femme a posé un sac à main large et mou à côté d'elle. Elle donne l'impression, un peu perdue, d'attendre son train. Un garçon, plus très jeune, visiblement pas insensible à son charme, s'assoit au bout du banc. Le mètre réglementaire est-il respecté ? On peut en douter ! Il ne tarde pas à engager la conversation. Et de s'approcher. Le mètre a disparu ! La jeune femme s'écarte, la conversation... se poursuit, le sac tombe par terre, le monsieur poursuit... la conversation ou plutôt sa stratégie de rapprochement, la jeune femme se lève et s'en va ! Sans un regard !
Moins de fleurs cet été
Les canards en face n'ont pas prêté attention à cette péripétie. Ils sont surtout préoccupés par le pain des sandwiches des passants ou les gâteaux du goûter des enfants. Ils sont été nourris pendant ces deux mois par les jardiniers animaliers du service des espaces verts de la ville. Comme les oiseaux de la volière ou les chèvres.Un jardinier sur trois a continué à travailler durant le confinement. Pour les animaux du jardin des plantes, et en général pour tondre les pelouses à minima, entretenir les grands arbres. Cet été il y aura moins de fleurs dans les parcs de la ville, moins de jardiniers, égal moins de boutures, égal moins de plantations !
Pas grave, la réouverture des parcs et jardins publics, c'est la vie qui reprend son cours. Il faudra juste garder cette fichue distance physique ! Pas facile pour ce petit couple qui se bécote sur le banc public, sous le regard oblique de quelques passants masqués !
Jardins publics mode d'emploi en temps de covid-19
À Nantes, les 25 parcs et jardins publics ont rouvert comme à l'accoutumée ou presque. Ils ouvrent à 8h30 et ferment à 19h30, une demi-heure plutôt pour que le personnel prenne les précautions d'usage avant de rentrer chez lui.Conformément au règlement en vigueur en temps de Covid, tous les lieux pouvant accueillir plus de 10 personnes restent fermés. Comme la grotte, l'enclos des chèvres au jardin des plantes, tous les espaces de jeux d'enfants, les pateaugeoires (même si ce n'est pas exactement de saison) les skate-parcs. Impossible pour la ville de mettre un agent municipal pour compter les utilisateurs !