Le média d'investigation Disclose a révélé lundi 4 avril un rapport d'expertise vidéo contenant une reconstitution numérique. Celui-ci établit un lien entre la charge policière et la chute de Steve Maia Caniço.
Une pièce maîtresse de l'enquête judiciaire sur la mort de Steve Maia Caniço a été rendue publique par le média d'investigation Disclose, "une expertise numérique qui retrace minute par minute les circonstances de [sa] mort", selon ce média.
Il s'agit d'une reconstitution vidéo d'une heure réalisée par l’agence d’expertise indépendante Index, faisant une synthèse des éléments accumulés lors de l'enquête, soit 4 600 pages de procédure, 5 heures de vidéo, et 33 heures d'échanges radio.
Le jeune homme de 24 ans est décédé après avoir chuté dans la Loire pendant qu'une opération de police visait à faire cesser une "free party" sur le quai Wilson, le 21 juin 2019.
Minute après minute, le document analyse les tirs, le mouvement des gaz lacrymogènes, les communications des policiers avec leur commandement. Pour arriver à une conclusion : la chute de Steve est liée aux tirs de grenades lacrymogènes.
Des extraits de vidéosurveillance enregistrés à 4h32 sont, entre autre, décryptés. "On distingue à l'image le nuage de gaz lacrymogène recouvrant la zone du quai située devant le bunker ainsi que son déplacement vers la Loire par l'effet du vent", indique une voix-off.
L'expertise du téléphone de Steve a permis de montrer qu'à 4h33, il accroche le signal d'une antenne relais située face au quai. Entre la position des policiers, celle des nuages de gaz lacrymogène, et celle des zones de chute probable, le rapport dresse le lien entre l'intervention, et la mort du jeune homme.
L'avocate de la famille de Steve Maia Caniço, Cécile de Oliveira, indique qu'elle ne se réjouit pas de la levée du secret de l'instruction même si, selon elle, celle-ci n'aura pas de conséquences sur le dossier.
Elle souligne également que l'instruction n'est pas encore close. Sa fin a été annoncée, mais l'ordonnance sera prononcée plus tard, probablement en septembre.
L'avocate craint également l'influence de l'élection à venir. Le parquet étant dépendant du pouvoir exécutif, le nouveau président pourrait avoir une influence sur l'issue de l'enquête.
La conclusion de ce rapport a été contestée par les avocats des mis en examen, le commissaire Chassaing, et Claude d'Harcourt, l'ancien préfet de la Loire-Atlantique. Selon eux, l'agence indépendante Index, qui signe le rapport, ne serait pas impartiale.