Comment lutter contre la maltraitance animale ? Nous avons suivi le quotidien des bénévoles de l'association Urgence Maltraitance animale 44. Ils sillonnent la Loire-Atlantique et la Vendée pour secourir et placer les animaux maltraités. 600 l'an dernier.
Nolwenn et Laëtitia sont enquêtrices pour l'association Urgence maltraitance animale. Tous les jours, elles reçoivent des appels de personnes qui dénoncent des situations de maltraitance.
Observer, faire une enquête de voisinage, confronter les propriétaires, ce n'est pas toujours simple.
"En maltraitance, il faut qu'on puisse voir le maître et l'animal, explique Laëtitia Meunier-Collin; enquêtrice bénévole Urgence maltraitance animale, c'est une obligation. Si on n'a pas un visuel sur l'animal, on ne classe pas, on y retourne jusqu'a ce qu'on puisse voir l'animal".
Ce jour-là, l'association repart avec Rex. Il vit avec plusieurs chiens dans un studio. Amaigri, fougueux, ce jeune berger allemand de trois ans a eu un début de vie difficile.
Battu par son éducateur, il avait été récupéré par son actuel propriétaire..
"On a négocié le mâle, explique Laëtitia, la maman reste, les chiots vont partir, ils ont été placés par les gens et on a vu avec eux pour faire une visites dans trois mois voir si la chienne reprend du poids".
"C'est parfois de la maltraitance par négligence, parfois de la maltraitance parce que les propriétaires n'ont pas les moyens, explique Nolwenn Anger, enquêtrice bénévole Urgence maltraitance animale, parfois les gens qui pensent sauver des animaux, les accumulent et se retrouvent avec 6 ou 7 animaux et puis finalement ils n'ont pas les moyens de les soigner et de les garder".
En Loire-Atlantique et en Vendée, l'association a 400 famiilles bénévoles qui proposent d'accueillir des animaux temporairement. En 10 minutes, Nolwenn et Laëtitia trouvent donc un foyer pour Rex.
"On sait que si on peut avoir un chien en famille d'accueil pour une association, après on pourra prendre peut-être un chien pour nous, plus tard, et en attendant c'est une bonne action", explique cette famille d'accueil Urgence maltraitance animale.
Comme Rex, près de 600 animaux ont été retirés de leurs foyers en 2020.
Confrontées à des situations d'urgence, il est parfois difficile pour l'association de porter plainte.
Pour les aider, Agathe Halkovich, avocate en droit animalier, leur consacre 10% de son temps bénévolement.
L'année dernière, elle a réussi à obtenir la condamnation d'une éleveuse qui était partie en vacances en laissant ses animaux enfermés.
"Là vous voyez un terre-neuve avec un museau scotché pour l'empêcher d'aboyer, donc on l'a privé de nourriture et d'eau, ici vous avez une cage avec des lapins qui sont morts et qui sont en état de putréfaction en plein soleil", énumère l'avocate photos à l'appui, la propriétaire "a été condamnée à 2 500 euros avec dommages et intérêts à verser à l'assocation".
"L'association a dû récupérer une dizaine d'animaux dans un état catastrophique (...) qui a nécessité des frais vétérinaires exhorbitants et ça n'a absolument pas couvert le montant des frais vétérinaires".
En matière de maltraitance animale, la peine maximale est de 2 ans de prison et de 30 000 euros d'amende. Une sanction rarement appliquée.
En septembre dernier, l'association a récupéré une jeune chienne paralysée, battue par ses propriétaires. Infirmière à la retraite, Isabelle a été émue par son histoire et a accepté de l'accueillir chez elle.
"Je savais que ça allait être extrêmement difficile car ça prend énormément de temps, dit-elle, parce que les soins le matin et le soir il y en a pour une heure et 1/2, deux heures, plus le nettoyage de la maison puisqu'elle est souvent incontinente".
En plus des soins qu'elle doit lui donner, Isabelle emmène la chienne deux fois par semaine chez le vétérinaire.
Dans cette clinique, le vétérinaire propose des séances de rééducation dans l'eau. Habitué à travailler avec des animaux maltraités, il prend le temps d'apprivoiser ses patients.
"Ça se discute aussi avec l'association, savoir dans quel contexte ils ont été avant pour ne pas les stresser, dit le docteur Jean-Phillipe Liot, vétérinaire - Clinique vétérinaire des Alizés, un exemple tout bête, ils ont été maltraités par un homme, on va d'abord faire (les soins) avec une femme".
Pour Miss Marilyn, la rééducation sera encore longue, de longs mois pendant lesquels Isabelle restera à ses côtés.
"Au début c'était beaucoup de pitié, maintenant c'est beaucoup d'affection, raconte Isabelle, ce n'est pas évident de ne pas s'attacher parce que sa destinée, un jour, c'est de partir, adoptée par quelqu'un"
En attendant, Miss Marilyn peut continuer à avancer vers sa nouvelle vie, bien méritée.