Voilà plus de cinq mois que les personnels des urgences de Nantes sont en grève. Ce lundi, ils descendent dans la rue en soutien à leurs collègues des admissions qui sont convoqués par la direction du CHU.
Faire grève dans un hôpital c'est un peu comme aller au travail avec un brassard "En grève". C'est assez invisible pour le public.
Et pour faire pression sur la direction quand cette dernière peut requérir le personnel, c'est plus difficile que dans une entreprise où une grève bloque la production.
A Nantes, le personnel des urgences a choisi d'agir autrement. Le point faible dans cette structure comme presque partout étant le portefeuille, des "admissionistes", personnels administratifs chargés de gérer les entrées, ont décidé de bloquer la mise en facturation des dossiers.
Pas de facturation, pas de paiement.
Convoqués par la direction
Selon le délégué régional inter-urgences Pays de la Loire, la direction avait, dans un premier temps ,envisagé une procédure disciplinaire puis a fait machine arrière. Les personnels concernés sont néanmoins convoqués ce lundi pour un entretien.Dans un communiqué, le délégué régional inter-urgences prévient : "Les personnels grévistes soutenus par d’autres agents de l’établissement ont envoyé un courrier individuel au Directeur Général, afin de lui demander le même traitement par solidarité dans le conflit en cas de sanctions."
Et il annonce que les personnels des urgences se rassembleront lundi après-midi devant le CHU pendant que leurs collègues seront reçus par la direction.
Bientôt six mois de conflit
Nouvel épisode donc dans ce conflit des urgences à Nantes. Un conflit qui a éclaté le 30 avril dernier par un appel à la grève illimitée.Ailleurs dans la région, la grève illimitée a également été votée dans des services d'urgences. Le 1er mai à Angers, le 10 mai à Saint-Nazaire, le 22 mai au Mans. Mouvement de grève également à Cholet depuis le 1er juillet.Sans parler du cas de l'hôpital de Saint-Calais dans la Sarthe, amputé de ses urgences pendant l'été faute de moyens.
Partout, la question des moyens est au cœur du conflit. Pas assez de personnels, aides-soignant(e)s, infirmier(e)s, médecins...
Partout, on signale des temps d'attente déraisonnables aux urgences avec parfois l'erreur médicale comme une épée de Damoclès.
"Ils s'en vont, parfois ils changent même de métier..."
"Le métier est tellement dévalorisé qu'on n'arrive plus à recruter, explique Christophe Le Tallec, vice-président National d'Inter-urgences. Quand on garde un médecin urgentiste plus de cinq ans, on a de la chance !"Même chose pour les infirmiers ou les aides-soignants.
"Les infirmiers ne restent pas, ils s'en vont, parfois ils changent même de métier. Les écoles d'aides-soignants n'attirent plus assez de candidats."
A quand un vaste plan de refonte des moyens hospitaliers en France ?