L'abandon du projet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes va occasionner une perte pour les finances publiques de 200 à 600 millions d'euros, selon le président LR de la commission des finances de l'Assemblée nationale, Eric Woerth, mercredi 28 mars 2018. Des chiffres à prendre avec des pincettes.
Selon Éric Woerth, l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes devrait coûter 200 à 600 millions d'euros aux finances publiques. Cette estimation comprend également le réaménagement de l'aéroport de Nantes-Atlantique, a précisé le député Les Républicains de l'Oise lors de la présentation à la Commission des finances de l'Assemblée nationale des conséquences financières liées à l'abandon de ce projet controversé.
À l'inverse, toujours selon lui, la poursuite du projet aurait quant à elle permis un bénéfice net de 180 millions d'euros sur la durée de la concession, précise par ailleurs le député dans un document de synthèse. Ces chiffres reposent sur l'analyse de documents financiers transmis par les administrations de l'Etat et par les collectivités territoriales partenaires du projet, dans le cadre d'un contrôle parlementaire, est-il indiqué.
L'indemnisation du concessionnaire
Le gouvernement avait annoncé mi-janvier l'abandon du projet de transfert de l'aéroport Nantes-Atlantiques à Notre-Dame-des-Landes, préconisant à la place d'adapter à l'évolution du trafic les aéroports existants de Nantes, Rennes et Brest. L'ancien ministre du Budget a également jugé que l'éventuelle indemnisation du concessionnaire, la société Aéroports du Grand Ouest (AGO), chargée notamment de réaliser le nouvel aéroport, constituait "un risque financier considérable" mais devrait être négociée.L'Etat pourrait lui verser un montant maximal de 500 millions d'euros, a rappelé Éric Woerth. Mais "dès lors que l'indemnisation (...) sera supérieure à 100 ou 120 millions d'euros, soit entre 20 à 30% des estimations maximales, le coût pour l'État de l'abandon de Notre-Dame-des-Landes sera supérieur à celui de la poursuite du projet", a souligné Eric Woerth.
Pour rappel, les opposants au projet du nouvel aéroport estimaient à 150 millions maximum la somme à reverser à Vinci. Pour la chambre de commerce et d’industrie de Nantes-Saint-Nazaire, soutien de l’aéroport, la somme serait plus proche des 350 millions d’euros.
Fermer les pistes pour moderniser Nantes-Atlantique
Concernant la modernisation de l'actuel aéroport de Nantes-Atlantique, qui prévoit notamment son agrandissement, la facture pourrait atteindre 500 millions d'euros selon une mission de médiation gouvernementale. Éric Woerth qualifie la somme de "sous-estimée"."Il faudra tenir compte des surcoûts liés à la fermeture de l'aéroport pendant les travaux sur la piste, pendant plusieurs semaines", a-t-il argumenté.
"Surtout l'allongement de la piste et l'extension de l'aérogare imposent des acquisitions foncières et des travaux, soumis à des contraintes environnementales importantes", a poursuivi M. Woerth.
Fin janvier, M. Woerth, après un contrôle sur pièce et sur place à la DGAC, avait estimé que le gouvernement avait renoncé au projet d'aéroport
"sans mesure préalable du risque financier".
Les chiffres avancés par le député de l'Oise sont à prendre avec des pincettes : de son propre aveu, il se base sur les informations fournies par le syndicat mixte-aéroportuaire (SMA), pro-aéroport. Il n'a pas rencontré Vinci et n'a pas eu accès à tous les documents de l'État concernant les négociations avec le concessionnaire. L'homme était lui-même en faveur du projet de Notre-Dame-des-Landes.