En 2025, la santé mentale sera la grande cause nationale voulue par le gouvernement Barnier. Une santé mentale dégradée depuis la crise du covid-19 en particulier chez les jeunes. En Loire-Atlantique, les demandes d'hospitalisation d'enfants et d'adolescents ont explosé, mais leur prise en charge reste compliquée, faute de lits et de personnels en nombre suffisant.
Le constat est alarmant. En Pays de la Loire, comme partout en France, jamais la souffrance psychique n'avait atteint un tel niveau. Depuis la crise sanitaire, on estime qu'une personne sur quatre souffre ou souffrira de troubles mentaux.
Problème, dans notre région, la psychiatrie, et notamment celle qui touche les mineurs, est elle-même en souffrance.
Une demande qui explose
Unité Espace, des murs volontairement hauts en couleur, où les jeunes de 15 à 20 ans viennent confronter leurs idées noires, réfléchir à leur conduite à risque, soigner leurs troubles.
L'équipe propose une prise en charge simultanée pour les adolescents et leurs familles, enfin pour ceux qui ont la chance d'y accéder.
La demande a explosé. On a des passages de jeunes aux urgences de manière exponentielle, on en a de plus en plus
Léa de MacedoPédosychiatre
"Actuellement, sur l'hôpital, on a nos douze lits qui sont pris, explique Léa de Macedo, pédosychiatre, on a une liste d'attente qui s'arrête à dix patients pour qu'on reste dans de l'urgence, mais qui est quasiment complète. Et sur les unités d'adultes, ils ont une dizaine de mineurs, ce qui est énorme. Des mineurs qui vont de 13 à 18 ans, mais on en a des très très jeunes qui sont dans des lits d'adultes".
Une forte carence de personnel
La Loire-Atlantique compte moins d'une quinzaine de lits en pédopsychiatrie. Et la carence de personnel est encore plus problématique, 40 % de postes vacants.
"Il y a quelques lits qui s'ouvrent, mais il y a peu de solutions de consultation derrière, parce qu'en fait, le système public ne peut pas encaisser le nombre de demandes qu'il y a, déplore Léa de Macedo, on met en place des systèmes de prise en charge à domicile pour être au plus proche des patients. On construit avec ce qui reste, mais dans une espèce de flux tendu qui occupe une grande place de notre esprit et qui forcément parasite en partie des soins au quotidien".
Les tentatives de suicide chez les jeunes sont en forte hausse. Des actes désespérés que l'on retrouve parfois dès sept ou huit ans.
Au sein des UMPP de Nantes, les urgences médicaux pédopsychiatriques, le nombre de passages ne cesse d'augmenter. 750 en 2021, 1 100 en 2023.
La majorité actuellement des patients qui viennent de faire une tentative de suicide de moins de 15 ans et 3 mois sont hospitalisés en Loire-Atlantique
Fanny Gollier-BriantPédopsychiatre
"Ceux pour qui ce n'est pas possible, parce qu'il n'y a pas de place, parce qu'on a l'impression qu'on va pouvoir faire autrement, on les renvoie chez eux avec quand même des garde-fous, déplore Fanny Gollier-Briant, pédopsychiatre, on n'a pas connaissance pour l'instant, on ne nous a pas rapporté qu'un patient s'était suicidé suite à un passage aux urgences et suite à la non-possibilité d'avoir été hospitalisé. Mais c'est quelque chose qui nous hante".
Des burn out en série
"Beaucoup de nos collègues sont en situation d'épuisement, de burn-out, parce qu'ils essayent de faire tenir des structures qu'ils ont connues comme fonctionnant bien, explique Rachel Bocher, psychiatre, présidente du syndicat des psychiatres d'exercice public, pour eux, c'est terrible de voir l'offre de soins s'effondrer.
On est en alerte rouge, au-delà des mots et des promesses, il faut des actes
Rachel BocherPsychiatre
Trois nouvelles unités d'hospitalisation pour mineurs doivent ouvrir dans l'agglomération nantaise d'ici 2026, soit 24 places supplémentaires. La Loire-Atlantique est historiquement sous-dotée en la matière. Avec moins de cinq lits pour 100 000 habitants mineurs, c'est quatre fois moins que la moyenne nationale.
Avec Vincent Raynal et Olivier Cailler
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