"On veut rentrer !", des participantes de la Sénégazelle coincées durant plus de 30 heures à l'aéroport de Dakar

Des participantes de la Sénégazelle, course à pied féminine solidaire qui se déroulait la semaine dernière à 200 km au sud de Dakar, sont restées bloquées à l'aéroport durant plus de 30 heures. En cause, un problème au niveau de la sécurité de l'avion.

Ce qui aurait dû être un souvenir inoubliable s'est transformé en cauchemar.

Quatre-vingt-neuf femmes, dont une vingtaine de femmes originaires des Pays de la Loire, ont été bloquées à l'aéroport de Dakar durant plus de trente longues et interminables heures. À dormir par terre, à même le sol de la salle d'embarquement ou sur des sièges. 

Toutes venaient de participer à la Sénégazelle, une course à pied féminine et solidaire qui s'est déroulée du 24 février au 2 mars. 

À leurs côtés, dans la même situation, des familles avec enfants de retour de vacances.

"On veut rentrer !"

Tous ont été condamnés à attendre. Sans aucune information de la part de la compagnie Air Sénégal, la compagnie en charge de leur vol retour. 

La colère mélangée à une fatigue physique et morale n'a pas tardé à se faire sentir comme le montre cette vidéo tournée par Christelle Mary, l'une des passagères, originaire de Vertou en Loire-Atlantique.

Des vidéos comme celle-ci ont rapidement été virales et ont permis d'alerter le consulat.

durée de la vidéo : 00h00mn32s
Des participantes à la Sénégazelle, une course à pied féminine solidaire à 200 km au sud de Dakar qui s'est déroulée le premier week-end dernier de mars sont bloquées à l'aéroport de Dakar depuis plus de 30 heures. En cause, un problème au niveau de la sécurité de l'avion. La compagnie Air Sénégal ne leur donne aucune information. Elles ont postées des vidéos de leur colère sur place sur les réseaux sociaux. ©Christelle Mary

Problème de sécurité

"Nous sommes bloquées à l'aéroport de Dakar en attente d'un vol vers Paris depuis plus de 30 heures et sans aucune solution. On aurait dû partir samedi soir à 0h45 de Dakar. Mais on nous a dit qu'il y avait un problème au niveau de la sécurité de l'avion, et qu'une nouvelle pièce devait être apportée, que tout serait réparé sur place, sauf qu'on n'a pas eu d'autres informations", raconte la Vertavienne.

"Et depuis, c'est le bazar complet. On a dormi par terre, on a dormi sur les bancs. Et après avoir eu l'info du problème technique, ils nous ont emmenées et réparties dans trois hôtels à une heure et demie de l'aéroport. On a pu avoir une chambre pour se reposer, ça, c'était l'après-midi, on a pu manger et puis à 20 heures dimanche on nous a fait revenir à l'aéroport sans aucune autre explication, on ne savait toujours pas si l'avion était réparé ou pas".

Pour se restaurer, la compagnie Air Sénégal, avare en information et en nourriture d'après les femmes sur place, ont distribué des bons donnant droit à des maigres collations. Christelle poursuit le récit avec agacement.

"Ils nous ont donné des bons, on nous donne un sandwich avec une boisson. Donc c'est soit une bouteille d'eau, soit un thé ou un café. Mais là, on n'en peut plus en fait des petits sandwichs. On ne peut pas accéder aux lounges qui sont privatisés pour la classe supérieure, alors même qu'ils sont vides. Ils ont deux espaces entiers avec des grands fauteuils, un minimum de "confort". Même les familles avec enfants dans la même situation que nous ne peuvent y accéder On nous dit que c'est réservé."

Du rêve au cauchemar

Pourtant, la semaine s'était déroulée sans encombres. Chaque jour, ces femmes ont parcouru entre 10 et 12 km. À chaque étape, elles arrivaient dans une école différente pour distribuer les dotations, des fournitures scolaires. Une expérience humanitaire solidaire unique.

"J'ai eu l'occasion de le faire déjà en 2020 où tout s'était très bien passé. Mais cette année, la Sénégazelle a fait appel à Air Sénégal alors qu'avant, on voyageait avec une compagnie marocaine. Là, c'est une catastrophe. Il n'y a aucune communication. Ou si on en veut, il faut attendre, sans fin", poursuit Christelle. 

On était fatigué, on voulait retrouver nos familles. En plus on travaille. Il a fallu que j'appelle mon employeur pour expliquer mon absence indéfinie. C'est une catastrophe.

Christelle Mary

Passagère ligérienne bloquée à Dakar

Dépenses supplémentaires à leur frais

Ce lundi 4 mars, à 17 heures, enfin la libération. Les passagères devaient enfin pouvoir embarquer pour un vol direction Paris.Non sans conséquences financières.

"Une de mes amies partait sur Lyon rejoindre sa famille, donc elle a pris à ses frais un autre avion pour faire Sénégal-Madrid-Lyon".

"Quant à nous, le groupe des Vertazelles, originaires de Vertou, on va arriver ce soir à Montparnasse vers une heure du matin. On a été obligé d'annuler notre train Paris-Nantes. Donc à nous de nous débrouiller après pour trouver soit un Flixbus, soit un autre train. Ou alors une voiture de location. Sachant qu'on ne sait même pas si on va être remboursé. Donc c'est hors de prix, et ça veut dire des frais supplémentaires. Et si on doit dormir sur place à Paris, c'est pareil, et puis on n'a pas des congés extensibles !", peste alors Christelle. 

Juste avant d'embarquer, une dernière crainte. L'équipage tardait encore à arriver. "Je suis comme Saint Thomas, tant que je ne suis pas assise dans l'avion je n'y crois pas", commente la ligérienne.

Mardi 5 mars matin, les Ligériennes sont enfin dans le train Paris-Nantes. Arrivée prévue à 9 heures. Le soulagement. "J'ai quand même pris une journée de congé pour dormir", nous écrit Christelle.

Un temps nécessaire pour se remettre de leurs émotions.

Christelle et les 89 autres participantes de la Sénégazelle ne sont pas prêtes d'oublier cette (longue) aventure.

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