La boccia est l'une des deux seules disciplines olympiques, avec le goalball, à n'être qu'au programme des jeux paralympiques. Les athlètes qui la pratiquent sont très lourdement handicapés physiquement. Ce week-end, ils se retrouvaient à Sainte-Luce-sur-Loire, près de Nantes, pour les championnats de France.
La boccia est une forme de pétanque adaptée à de grands handicapés. Le joueur handicapé peut être assisté d'une personne valide qui positionne une petite rampe permettant de lancer la boule sur ses indications. Le joueur pousse la boule pour qu'elle dévale la rampe et roule jusqu'à la balle blanche qui sert de cochonnet, le "Jack" dit-on dans cette discipline.
Pour le cas d'un binôme joueur/assistant, ce sont vraiment les indications du joueur handicapé qui décident du parcours de la boule, son assistant ne fait que lui obéir. D'ailleurs, ce dernier est dos au jeu, et ne peut donc juger de ce qu'il faudrait faire. Il n'a pour fonction que de positionner la rampe selon la stratégie adoptée par le joueur.
Sport paralympique depuis 1984
La boccia est devenue un sport paralympique en 1984. La France ne s'est intéressée à cette discipline qu'au début des années 2000.
"On a commencé à la structurer qu'en 2008/2009, explique Sophie Ternel, responsable développement Boccia handisport en France. Depuis 2010, on sent qu'on est en augmentation tous les ans du nombre de pratiquants."
Plusieurs médailles en ligne de mire
Un signe : la fédération française de boccia est de plus en plus sollicitée par les médias pour parler de ce sport, et, étant nation organisatrice, la France est automatiquement sélectionnée pour les jeux paralympiques de 2024.
"Il faut être très bon, souligne Sophie Ternel, mais il n'y a pas cette pression de qualification. On attend des jeux plus de visibilité, mais surtout des résultats sportifs pour que cet engouement prenne encore plus. Quand il y a des médailles, on sent bien que l'engouement prend une autre valeur."
Et la France a pour objectif de ramener au moins deux médailles en individuel et également deux en équipe.
Pour Cybille Pellegrin, bocciste, ces championnats de France qui se disputaient du 6 au 10 mars à Sainte-Luce-sur-Loire, étaient une grande première.
"C'est une expérience !" dit cette joueuse qui ajoute que le binôme qu'elle forme avec son assistant est primordial. "C'est beaucoup d'entraînement", dit Cybille qui est fière d'avoir été, il y a deux ans, championne départementale dans sa région occitane. Pour elle, ce sport est une passion qui lui procure de bonnes montées d'adrénaline.
"On obéit, au doigt et à l'œil"
Un plaisir partagé par Martial Bouffartigue, son assistant, qui aime ce travail d'équipe.
"On est le prolongement de la main, explique Martial qui joue depuis deux ans avec Cybille. On est à la fois joueur, mais ce n'est pas nous qui jouons. C'est la personne en fauteuil. Et nous, on obéit, au doigt et à l'œil."
L'efficacité d'un tel binôme, où seul le joueur peut parler et donner ses directives à l'assistant, réside dans les mots qu'il va utiliser. La complicité entre les deux est donc très importante.
►Le reportage de David Jouillat, Théophile Aubriot et Nicolas Guilbaud
Licencié en Loire-Atlantique, Maxime Chaussard joue sans assistant. Il disputait quant à lui ses deuxièmes championnats de France de boccia, à Sainte-Luce-sur-Loire. Face à un très bon adversaire, il s'est incliné et n'a pu que constater que la première boule est souvent la meilleure.
Maxime, qui s'était essayé à la voile auparavant, apprécie que ce jeu, qui se pratique en salle, ne soit pas dépendant de la météo.
"J'aime bien les jeux de boule, je me suis dit que la boccia serait bien pour moi" ajoute Maxime qui aimerait bien, un jour, participer aux Jeux Paralympiques. "Mais ce n'est pas pour tout de suite" dit-il, après sa défaite lors de ces championnats de France.
Olivier Quentin avec David Jouillat
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