Premier job d'été : serveuse, pépiniériste, ouvrière… "on n'est pas près de l'oublier"

Pour financer leur permis ou leurs études, plus d'un étudiant sur deux sacrifie ses grandes vacances pour travailler. Quelques années plus tard, le premier job d'été laisse tout de même des souvenirs nostalgiques.

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C'est l'autre chassé-croisé des vacances. Alors que les salariés juillettistes reviennent de congés, les aoûtiens s'apprêtent à partir. Pour les remplacer ? Un bataillon de jeunes prêts à faire leurs premiers pas dans le monde professionnel, le temps d'un été. 

En France, près de 800 000 postes sont occupés par des employés saisonniers en période estivale, selon une étude de l'Insee. Pour beaucoup, c'est synonyme de premier job d'été. Certains en garde de bons souvenirs, d'autres des plus amers…  

Assis sur un banc face à l'Erdre, Brigitte et Joël profitent du soleil ligérien avant de déposer leur fille à la gare de Nantes. La chaleur leur rappelle celle de l'année 1976. 

Cet été-là, la canicule étouffait la France. Les deux sexagénaires s'en souviennent comme si c'était hier puisque l'un, comme l'autre, enfilait pour la première fois une blouse de travail. "C'était l'année de notre premier boulot d'été et on n'est pas près de l'oublier", lâche Joël, dans un rire de nostalgie. 

Alors âgé de 17 ans, il travaillait chez un pépiniériste pour mettre un peu d'argent de côté. Ses missions consistaient à cultiver des plants de végétaux et à s'occuper de leur conditionnement pour la vente.

De ce petit boulot estival, Joël garde en mémoire les gouttes de sueurs qui coulaient sur son front. "Dès 9h du matin, les températures dépassaient les 30 degrés et je travaillais sous une serre", raconte-t-il.

Le jeune travailleur prenait alors le temps de se rafraîchir lors de sa pause du midi… avec une bière. "C'était la première fois que je buvais de l'alcool, sourit Joël. Avant, mes parents me l'interdisaient", 

Ce n'était pas le travail de rêve, mais ça m'a appris la discipline

Brigitte

66 ans

Quant à Brigitte, c'est avec de l'eau et un emploi du temps en horaires décalés qu'elle a surmonté cet épisode de très fortes chaleurs. Elle avait 18 ans et, pour s'offrir le permis de conduire, elle travaillait dans une usine Moulinex. 

"Ce n'était pas le travail de rêve, mais ça m'a appris la discipline", souligne-t-elle. Il faut dire qu'en commençant à 6h du matin pour échapper à la fièvre solaire, Brigitte était loin des grasses matinées dont on rêve quand arrivent les vacances scolaires.

Plus d'un étudiant sur deux travaille l'été

En mai ou en juin, à l'aube de l'été, Jackson Cabrié voit passer des étudiants devant sa glacerie à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée. CV à la main, ils sont en quête d'un petit boulot estival.

En Pays de la Loire, les emplois saisonniers sont concentrés sur le littoral, rapporte l'Insee dans une étude. Ainsi, Jackson Cabrié recrute chaque année pour des jobs d'été. "Tous les ans, je reçois une trentaine de candidatures et ce sont principalement des jeunes qui veulent économiser pour payer leurs études", constate le glacier.

D'après l'Observatoire national de la vie étudiante (OVE), 56 % des étudiants avaient un job d'été en 2023. L'organisme travaille sur cette question depuis 2013.

Par mail, l'organisme détaille : "Les étudiant·e·s les plus jeunes (celles et ceux de moins de 21 ans), les étudiant·e·s qui ont quitté le domicile parental et les étudiant·e·s bénéficiaires de la bourse sont celles et ceux qui sont les plus susceptibles de travailler pendant les vacances d'été."

Leur boulot les avait fatigués, donc ils étaient un peu moins concentrés que moi à la rentrée

Jeanne

21 ans

Bien que les premiers jobs d'été laissent parfois de beaux souvenirs, ils sont souvent le miroir d'inégalités sociales. Une fois assis sur le banc de la fac, la fatigue accumulée durant le ou les mois d'été travaillés se fait sentir. 

Quand elle est arrivée en première année de licence, Jeanne, étudiante en Information et communication à Rezé, n'a pas travaillé pendant les vacances.

En pleine forme, elle se souvient du coup de mou de ses nouveaux amis qui venaient de finir leur job en restauration. "Leur boulot les avait fatigués, donc ils étaient un peu moins concentrés que moi à la rentrée", souligne Jeanne.  

Cet été, la jeune femme travaille, elle aussi, dans un restaurant. Sur la côte, aux Sables d'Olonne, l'étudiante sert des plats toute la journée. "C'est chouette, je rencontre du monde, mais le rythme est intense et je commence à ressentir de la fatigue", confie-t-elle. 

Quelle réglementation pour les jobs d'été ?

Baby-sitting, hôtellerie-restauration, travaux agricoles… Les petits boulots d'été sont des emplois comme les autres. Ils sont donc soumis au droit du travail. 

Pour être sûr que tout est en règle, voici les points auxquels il faut faire attention : 

  • Le contrat de travail : il est forcément à durée déterminée et il peut prendre différentes formes : CDD (Contrat à Durée Déterminée), contrat de travail saisonnier ou contrat de travail temporaire.
  • Le salaire : il doit être versé chaque mois avec un bulletin de paie. Il est au moins égal au Smic pour les personnes majeures. À noter que depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, le montant du Smic est de 11,65 € bruts de l'heure, soit 1 766,92 € bruts par mois sur la base de 35 heures hebdomadaires.
  • Les conditions de travail : le travailleur en job d'été est soumis aux mêmes obligations que les autres salariés de l'entreprise (respect du règlement intérieur par exemple) et a le droit aux mêmes avantages (cantines, pauses…).

Peut-on travailler si on est mineur ?

S'il est possible d'avoir un job d'été dès 14 ans, cela exige une démarche spécifique. Il faut demander l'accord de l'inspection du travail. C'est toutefois rare et peu recommandé.

Ainsi, les premiers boulots d'été se décrochent davantage à partir de 16 ans, avec l'autorisation écrite d'un représentant légal comme la mère ou le père.

L'embauche d'un mineur oblige l'employeur à respecter des dispositions particulières pour protéger le jeune salarié. 

  • Entre 14 et 16 ans, un mineur ne peut pas travailler plus de 35 heures par semaine, ni plus de 7 heures par jour 
  • Les mineurs de moins de 16 ans ne peuvent être affectés qu'à des travaux légers qui ne sont pas susceptibles de porter préjudice à leur sécurité, à leur santé ou à leur développement.
  • Tout mineur de moins de 18 ans ne peut pas travailler la nuit
  • La rémunération minimum d'un travailleur de 16 ans ou moins correspond à 80 % du Smic (9,32 € de l'heure). À 17 ans, c'est 10,49 € de l'heure.

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