Quand le volant de badminton renait de son KO. Une initiative qui fait du bien à l'environnement

Durant les Jeux Olympiques Paris 2024, près de 3 500 volants vont être utilisés par les joueurs de badminton. Abîmés, parfois déplumés, les volants finissaient traditionnellement dans les poubelles, avant qu'une entreprise nantaise mette au point un process pour les recycler et en faire un matériau écoresponsable.

À voir la puissance développée par les joueurs de badminton, on comprend très vite que face à eux, le volant en plumes d'oie est vite mis K.O. Selon le niveau des matchs, sa durée de vie évolue entre deux à dix minutes.

Le badminton est le sport le plus rapide en termes de projectile. La vitesse du volant peut dépasser les 400 km/h, bien plus rapide qu'une balle de tennis. Mais il est aussi bien plus fragile : ses plumes s'abîment, voire se brisent sous les coups de raquette des joueurs.

Dans ce cas, "les sensations de jeu se modifient, le volant peut tourner, avoir des trajectoires bizarres, aller plus ou moins vite", explique Vincent Nicli, responsable de l'académie de badminton de Saint-Maur et entraineur de jeunes talents français. 

En match de très haut niveau, à l'échelon mondial, ils peuvent changer de volant tous les deux, trois points, voire à tous les points à un certain moment.

Vincent Nicli

Responsable de l'académie de badminton de Saint-Maur

40 tonnes de déchets par an, en France

En moyenne, les joueurs de badminton utilisent cinq volants par matchs et jusqu’à trente lors de compétition internationale. Chaque année en France, les huit millions de volants usagés génèrent près de 40 tonnes de déchets, incinérés avec les ordures ménagères.

L'impact environnemental du badminton est donc loin d'être anodin. Un constat que partage Benjamin Moreau, diplômé en génie des matériaux et lui-même joueur. Son entreprise, Compo’Plum, recycle les volants et les transforme en matériau de fabrication.

Dans l'atelier de Remouillé, en Loire-Atlantique, les volants sont d'abord broyés puis agglomérés avec un liant sur base minérale. La pâte obtenue est ensuite déposée dans un moule avant d'être mise sous presse.

"La pièce est ensuite séchée une semaine à l’air libre, sans accélérer le séchage, toujours dans l’optique de consommer le moins d’énergie possible", explique Benjamin Moreau, très attentif à limiter l'impact carbone de l'entreprise.

Une fois poncées et teintées, elles deviendront des tables de bar ou de restaurant. La société peut produire aujourd'hui 60 tables par jour.

On est sur quelque chose de très artisanal pour le moment. L’idée, c’est de pouvoir monter en capacité de production et d’automatiser au moins une partie, notamment le mélange.

Benjamin Moreau

Fondateur Compo'plume

Un process de fabrication aux multiples usages

L'entreprise joue aussi la carte de la diversification. Elle développe notamment des panneaux acoustiques pour le traitement de la réverbération dans les espaces intérieures comme les bureaux, les salles de restaurant. "L’offre sur les panneaux recyclés n’est pas énorme. On a une carte à jouer", assure le fondateur de Compo'plume. 

"On essaie de tirer parti de notre process de fabrication qui nous permet de faire autre chose que des pièces planes, notamment des luminaires."  Ils ont ainsi livré 500 luminaires au mois de novembre dans un hôtel de Rotterdam, aux Pays-Bas. 

Sur ce marché de niche, la jeune entreprise, créée en 2021, joue la carte des réseaux sociaux et des prescripteurs, architectes, designer et décorateurs d’intérieur, sensibles à l'impact environnemental de leur activité. 

"Vis-à-vis de nos clients, la problématique n'est pas forcément le prix, c'est plutôt le fait que la matière soit nouvelle et sa tenue dans le temps. Quand on défend du fabriqué en France et de l'artisanal, le prix n'est pas forcément un problème", explique Benjamin Moreau. 

Une table de restaurant conçue avec ce matériau est vendue environ 300 HT. 

Forcément, si on prend la référence de tables fabriquées en Europe de l'Est, on est trois à quatre fois plus cher. Notre prix est semblable au fabriqué en France dans du matériau recyclé.

Benjamin Moreau

Fondateur Complo'plume

Au sud de Nantes, le Set, nouveau complexe sportif, s'est équipé en mange-debout auprès de la société, un choix éthique, plus qu'économique. "On a voulu travailler avec du local. On est à 17 km du lieu de production. C’était un objectif prioritaire de diminuer nos déchets et limiter notre production d’énergie au global", indique Guillaume Dubourg, le directeur.

Le reportage de Fabienne Even, Jean-Marc Lalier et Nicolas Guilbaud

La France compte 200 000 licenciés et 2 000 clubs de badminton. Un quart d’entre eux collecte déjà leurs volants usagers pour Compo'Plum. Et en septembre, l'entreprise recevra une grosse livraison, les 3 500 volants utilisés lors des JO Paris 2024. Le bureau de poste du village olympique est déjà équipé de leur mobilier. 

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