Quatre ans de prison avec sursis requis contre l'ex-directrice de La Folle Journée de Nantes

A l'issue du procès qui s'est tenu ce 9 mars à Nantes, le parquet a requis quatre ans de prison avec sursis contre Joëlle Kerivin, directrice générale de La Folle Journée de 2015 à 2021. Elle est poursuivie pour abus de confiance et détournement de fonds.

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A la barre, Joëlle Kerivin a reconnu l’intégralité de sa responsabilité dans le détournement d’argent public à des fins personnelles. "J'ai fait n'importe quoi et commis l'irréparable", a-t-elle concédé ce jeudi 9 mars. Aujourd'hui âgée de 50 ans, l'ancienne directrice générale de La Folle Journée est accusée d'avoir détourné plus de 600 000 euros, dont une partie a été remboursée.

Elle est poursuivie pour le détournement de quelque 232 000 euros appartenant à la Société anonyme d'économie mixte (SAEM) La Folle Journée, le festival de musique classique nantais et de quelque 61 000 euros à l'Espace Simone de Beauvoir, un espace de défense des droits des femmes, qu'elle présidait.

A l'issue du procès, le parquet a requis quatre ans de prison assortis d'un sursis probatoire. "C'est signe que le parquet estime que les faits sont largement constitués et qu'il n'y a pas d'excuses à trouver à Madame Kerivin", a réagi Emmanuel Cheneval, avocat de René Martin, le fondateur de "La Folle Journée".

Les réquisitions sont "sévères et soulignent bien, à la fois la gravité en termes de montant, mais aussi la gravité qui tient compte du fait que Madame Kerivin a visiblement organisé un système pour échapper à tous les contrôles et trahir la confiance de tous ses partenaires", a souligné Me Cheneval.

"Un système de cavalerie"

Directrice de la SAEM La Folle Journée de Nantes de 2015 à mars 2021, "Joëlle Kerivin concentrait l’essentiel du pouvoir et de l’organisation de la SAEM, ce qui lui a permis de se livrer à des manipulations comptables extrêmement sophistiquées", a souligné Nicolas de la Taste, avocat de La Folle Journée de Nantes.

"Elle avait mis en place ce qu'on appelle, un système de cavalerie, c'est-à-dire qu'elle ponctionnait de l'argent, qu'elle remboursait avec de l'argent qu'elle re-ponctionnait" a indiqué Me Cheneval.

L'Espace Simone de Beauvoir, association subventionnée par la ville de Nantes et dont Joëlle Kerivin était présidente 2014 à 2021, a également fait l’objet de détournements de fonds pour plus de 60 000 euros. 

"C’est une commissaire aux comptes qui a alerté et signalé ce qui étaient des malversations très complexes à découvrir, compte tenu de la porosité entre la comptabilité personnelle de madame Kerivin et celle de l’Association Espace Simone de Beauvoir", a expliqué Cécile de Oliveira, avocate de l'association. 

La Folle Journée de Nantes, dont le budget dépasse un million d'euros, est majoritairement financé par des fonds publics, tout comme l'association Espace Simone de Beauvoir. La ville de Nantes avait porté plainte pour irrégularités comptables.

"La ville attendait de savoir où avait disparu ces plus de 300 000 euros de fonds publics prélevés par Madame Kerivin. On a un début d’explication, dans des vêtements, des brushings", a relaté Christophe Boog, avocat de la ville de Nantes. Ce que la ville attend, c’est évidemment le remboursement des sommes détournées.

Le parquet a également requis l'obligation d'indemnisation des victimes. Le jugement a été mis en délibéré au 4 mai 2023.

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