À quelques jours de la rentrée, l'accès à une scolarisation adaptée n'est pas garanti pour tous les élèves handicapés. Le manque de places dans les établissements spécialisés et les difficultés d'encadrement dans le milieu scolaire persistent notamment en Loire-Atlantique.
À 14 ans, Sarah fera sa rentrée au collège à Nantes, en classe de 3ᵉ, comme ses camarades lundi 2 septembre. À ceci près qu'elle suivra les cours une à deux heures par jour, quatre jours par semaine. "Je dépose Sarah à 10h et je vais la rechercher à 11h ; le reste du temps, Sarah est à la maison. Il faut l'occuper, enchaîner avec des rendez-vous médicaux à gauche, à droite", témoigne Audrey Doutey, sa maman.
Atteinte de trisomie 21, Sarah a suivi un parcours scolaire classique en maternelle puis en primaire, en Unité localisée pour l'inclusion scolaire (ULIS). "Ce sont de toutes petites classes, 12 élèves, une enseignante formée : on s'adapte à l'enfant, on avance à son rythme". Cette inclusion en milieu scolaire ordinaire prendra fin l'année prochaine, car Sarah ne pourra pas rejoindre le lycée.
Depuis sept ans, ses parents attendent qu'une place se libère en Institut médico-éducatif. "Les IME sont aujourd'hui saturés et les jeunes qui doivent y rentrer restent dans des dispositifs qui ne leur correspondent pas. C'est le cas de Sarah qui se retrouve en Ulis Collège, alors que ce n'est pas sa place. Il y a un effet boule de neige", se désole la mère de famille.
Il nous reste un an pour obtenir une place en IME, sinon je serais peut-être obligée, moi aussi comme beaucoup d'autres parents, d'arrêter de travailler pour être à 100 % auprès de Sarah.
Audrey DouteyMaman de Sarah
1 000 jeunes en attente d'accompagnement adapté
Selon Arnaud Goasguen, directeur de l'association Adapeila en Loire-Atlantique, si des améliorations sont notables dans l'accueil scolaire des enfants en situation de handicap, les difficultés persistent.
"Nous accompagnons en Loire-Atlantique à peu près 1 000 enfants, et nous en avons tout autant en liste d'attente. On a une inadéquation malheureusement entre l'offre et le besoin. L'école a fait énormément de progrès, c'est indéniable, mais on a encore énormément de chemin à faire, affirme Arnaud Goasguen. Il pointe notamment le manque de formation des professeurs et le manque d'accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH).
"Quand vous accompagnez par exemple un enfant autiste avec des troubles du comportement qui peuvent avoir un impact sur l'ensemble de la classe, quand vous n'êtes pas formé, vous vous retrouvez en énorme difficulté. On a donc besoin d'AESH pour accompagner ces jeunes-là."
Arnaud GoasguenDirecteur de l'association Adapeila
"Au-delà de se dire qu'il faut une école inclusive, il faut impérativement davantage de moyens pour répondre à cette ambition", ajoute Thomas.
À quelques jours de la rentrée scolaire, la maman de Sarah ne sait toujours pas si sa fille sera accompagnée le 2 septembre prochain. "Comme tous les parents, on ne sait pas si l'auxiliaire de vie sera présent le jour de la rentrée, une semaine ou quelques mois après, et on ne connaît pas la répartition du nombre d'heures sur la semaine."
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