Ce mercredi 9 novembre, Armel Tripon et Corentin Douguet prennent la direction de la Guadeloupe pour la mythique course de voile transatlantique de la Route du Rhum. Deux skippers originaires de Nantes et qui on chacun un palmarès bien fourni.
Deux Nantais font partie des 138 skippers qui prendront le large lors de l'édition 2022 de la Route du Rhum. Le top départ est fixé à 14h15 le 9 novembre à Saint-Malo pour Armel Tripon et Corentin Douguet, 47 et 48 ans.
En attendant le début de la course, ils sont au port de Saint-Malo accompagnés de leur équipe et de leur bateau.
Deux marins nantais
Les deux skippers sont natifs de la cité des Ducs. C'est là que leur parcours nautique a commencé. En témoignent les débuts de Corentin Douguet à 2 ans, sur le Muscadet familial.
" J'ai fait mes classes sur les cours d'eau nantais et ligériens. Je fais partie des nombreux marins qui ont bénéficié du plan Nantes voile", raconte-t-il. Diplômé de la Marine marchande, il n'a jamais exercé, préférant se lancer directement dans la compétition en mer à 20 ans.
Armel Tripon est tout aussi attaché à sa terre natale. Engagé dans le développement de la filière nautique de Nantes, il avait fait appel au chantier nantais Black Pepper Yachts pour construire le voilier Imoca de sa première participation au Vendée Globe en 2020.
Chacun sa catégorie
Sur le papier, les deux hommes partagent beaucoup de points communs : nés à Nantes à seulement un an d'écart, marins aguerris, mariés, et pères de trois enfants.
Mais il en va tout autrement dans le domaine sportif, à commencer par leur embarcation. Pour cette Route du Rhum, Corentin Douguet navigue à bord d'un Class40 et dispute le titre de vainqueur à 55 concurrents.
Ce sera une grosse bagarre sur l'eau.
Corentin DouguetSkipper nantais participant à la Route du Rhum 2022 à bord d'un Class40
La compétition s'annonce corsée, d'autant plus que "le niveau est assez homogène. Une dizaine de navigateurs peuvent prétendre au titre", précise Corentin Douguet.
De son côté, Armel Tripon est à la barre d'un Ocean Fifty contre huit autres navigateurs. Si la concurrence est moins nombreuse, la course n'en est pas plus facile. Son Ocean Fifty "Les P'tits Doudous" est un trimaran "sympa mais très inconfortable, exposé à la mer et casse-gueule", explique le navigateur.
Une préparation différente
Armel Tripon avait terminé premier de sa catégorie lors de la dernière édition de la Route du Rhum en 2018. À l'aube de sa seconde participation, le skipper reste malgré tout prudent quant à sa performance à venir.
J'ai chaviré au mois d'avril. Il y a eu des dégâts et donc moins de temps de navigation.
Armel TriponSkipper participant à la Route du Rhum 2022 à bord d'un Ocean Fifty
Armel Tripon a dû réparer son bateau. Conséquence : moins de temps de préparation, "mais je suis plus expérimenté aujourd'hui qu'il y a quatre ans", tempère-t-il.
Une situation un peu à contre-courant de celle de Corentin Douguet. Novice sur cette course en solitaire, le quadragénaire est ultra-préparé. "J'ai beaucoup navigué, j'ai participé à toutes les courses de la saison. J'en ai remporté deux et j'ai fini deuxième sur les deux autres", annonce le skipper.
Une actualité qui lui vaut le statut de favori. "J'ai une bonne expérience de la navigation en solitaire, même si je reste un bizut", s'amuse-t-il.
Finir ou gagner
La Route du Rhum, certains se fixent l'objectif de la finir, et d'autres de la gagner. Le "bizut" nantais de cette saison ne cache pas son ambition de remporter la première place à bord de son Class40 Quéguiner-Innoveo.
Tenant du titre dans sa catégorie en 2018, Armel Tripon compte "donner le meilleur de [lui-même]". Le navigateur reste discret et mesuré sur son objectif 2022 : "C'est un sprint de dix jours à fond. La course peut se jouer sur un détail météo et demande une attention et une concertation soutenues" .
Une course de légende(s)
"La Route du Rhum est une course de légende. Ça fait partie des cases à cocher dans une carrière", confie Corentin Douguet. La transatlantique est un passage obligé qui précède généralement une participation au Vendée Globe, véritable coupe du monde de voile.
Le prochain se déroulera en 2024. Armel Tripon a déjà lancé le projet de construction d'un Imoca (voilier obligatoire pour participer au Vendée Globe) éco-conçu à partir de carbone déclassé de l'industrie aéronautique, via un partenariat avec Airbus.
Corentin Douguet n'y participera pas : "On n'est pas dans le timing pour monter un projet de construction". Et pour 2028, le skipper préfère rester sur la réserve : "C'est dans six ans. C'est très aléatoire ce qui peut se passer en six ans".
Mais avant d'envisager leurs futures échéances sportives, les skippers se concentrent surtout sur leur départ le 9 novembre. Ils lèveront les voiles à destination de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, trois jours plus tard que la date initialement prévue. On espère que leur participation se soldera par la victoire de l'un des deux, célébrée autour d'un Ti Punch typique de l'île.