Il y a 10 ans, Eva David est victime d'un accident de travail, une entorse qui a dégénéré et abouti à l'amputation de sa jambe gauche en septembre 2023. Mais à 29 ans, la jeune femme a fait de son handicap une force. Il lui a permis d'atteindre le sport de haut niveau et de rejoindre l'équipe de France de basket fauteuil.
L'équipe de France de basket, Eva David n'en rêvait même pas. Cette passionnée de sport a vu sa vie prendre un chemin inattendu lorsqu'elle a été victime d'un accident de travail.
Un accident, une amputation
En 2014, elle a 19 ans, elle est pompier volontaire et militaire quand elle se blesse à la cheville, une entorse grave avec rupture des ligaments. S'ensuivent des complications, dont une algodystrophie qui ne partira plus et qui va lui grignoter les nerfs. "Je ne pouvais même plus marcher, explique Eva. J'étais clouée dans ce fauteuil 24 heures sur 24. Et j'avais des douleurs neuropathiques, chroniques, ça m'empêchait de dormir. Donc ça m'atteignait dans ma vie sociale, dans ma vie professionnelle". Pendant des années, elle tente de convaincre les médecins de se faire amputer. Elle y arrive en septembre 2023 et n'a aucun regret.
Je sais que ça peut paraître bizarre surtout pour des valides, mais c'était un des plus beaux jours de ma vie, vraiment.
Eva DavidJoueuse de basket-fauteuil
Sportive, Eva s'épanouit dans le basket fauteuil
Passionnée de sport, Eva pratiquait déjà le basket avant son accident. Lorsqu'elle se rend compte que son handicap va être permanent, elle se tourne vers le basket fauteuil.
À la rentrée prochaine, elle entamera sa 5ᵉ saison avec le club de Saint-Herblain, le REDASH (Rebond Et Dribble Association Saint-Herblain). Repérée par le sélectionneur de l'équipe de France pendant un stage d'été, elle est rapidement recrutée. En avril dernier, elle a participé au tournoi de qualification paralympique à Osaka au Japon. Les bleues se sont inclinées, mais l'aventure en elle-même méritait d'être vécue." Je n'avais jamais eu l'idée de faire du haut niveau quand j'étais valide", raconte Eva. "Je pense que je n'avais pas le niveau non plus. En tant qu'handi maintenant, ça ouvre des portes. Et pour moi qui suis une fan de sport, c'est plaisant de pouvoir atteindre le haut niveau dans un sport ou dans plusieurs sports".
Des inégalités dans le sport entre hommes et femmes
Avec un bémol tout de même : le traitement des femmes par la fédération française handisport, qu'elle juge irrespectueux.
Malheureusement, on voit une nette différence de traitement entre l'équipe de France masculine et l'équipe de France féminine. Et ça, c'est particulièrement agaçant.
Eva DavidJoueuse de basket fauteuil
Lors de notre entretien, elle nous raconte une anecdote pendant un stage de l'équipe de France à Toulouse. "On était logées dans un internat de lycée et un soir, l'ascenseur est tombé en panne, on était au premier étage donc il a fallu que nous, les personnes les moins handicapées et le staff, portions nos collègues paraplégiques au premier étage. Il a fallu porter les fauteuils et les joueuses et le lendemain matin les descendre également".
Interrogée sur les différences de traitement entre les hommes et les femmes, la fédération française handisport répond : "On n'a jamais refusé un stage pour les féminines, explique Stéphane Binot, directeur sportif de basket fauteuil à la fédération française handisport. Mais il y a une priorisation qui a été faite sur les hommes en raison de leurs performances. On n'est pas sur les mêmes enjeux sportifs. Le budget est réparti sur du 65 % pour les hommes et 35 % pour les femmes. C'est le classement qui détermine les choses".
S'investir pour sensibiliser à la cause des sportives
Pour faire bouger les choses, Eva intervient régulièrement auprès des jeunes. En février 2023, elle a monté l'association Raquettes en fauteuil qui organise des opérations de sensibilisation et d'initiation au handisport.
"Aujourd'hui, honnêtement, toutes les femmes en situation de handicap qui font du sport, en viennent à se battre pour cette cause-là parce qu'elle est nécessaire. Ça devient un combat obligatoire. Plus de femmes pratiqueront le handisport, plus le niveau et la visibilité augmenteront."
L'espoir des Jeux Paralympiques
Le 15 juillet prochain, Eva David sera porteuse de la flamme à Paris. Une fierté et une responsabilité, car pour elle, c'est une chance d'accueillir les jeux à Paris : "On sait que pour les Jeux olympiques, il y aura du monde, mais on espère sincèrement qu'il y aura aussi du monde qui se déplacera pour les Jeux paralympiques, que ce soit physiquement dans les stades ou devant leur télévision. C'est une vitrine incroyable pour le sport, pour le handisport, pour le handisport féminin. Donc, il faut en profiter".
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La sportive espère encore participer aux Jeux parce qu'en plus du basket fauteuil, Eva a découvert depuis quelques mois le para aviron. Elle a intégré l'équipe de France et travaille intensément pour se qualifier pour les Jeux paralympiques. Prochaine échéance : les championnats de France qui se dérouleront du 5 au 7 juillet prochain à Vichy.
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