Une nuit d'août dernier, Stéphanie a subi une tentative de viol par un homme qui était récidiviste et qui vient d'être condamné. Elle ne reconnaît plus sa ville, Nantes, qui ne lui inspire plus désormais que de l'insécurité.
Stéphanie ne sort seule qu'en journée. Impossible pour elle désormais d'affronter la nuit. Aujourd'hui, elle a rendez-vous chez sa psy. Elle est suivi depuis 4 mois.
"Elle m'a aidé à comprendre les mécanismes de tout ce qu'on a, la peur de sortir... on a peur des bruits, au moindre bruit on sursaute", explique Stéphanie, "on crée une espèce de mécanisme de défense".
C'était le 18 août dernier, la jeune femme monte avec une amie dans le dernier tram. Il est 2h30 du matin.
Dans la rame, un homme importune les deux femmes. Insistant, il va descendre au même arrêt que Stéphanie. Il la suit et la pousse dans une ruelle sombre avant de se jeter sur elle.
J'ai commencé à crier. Pour me faire taire, il a mis sa main sur ma bouche - Stéphanie, victime d'agression sexuelle
"Imagine que c'est ta mère et c'est ton meilleur pote qui la baise"
"J'ai crié encore plus fort, j'ai essayé de ma débattre, comme il n'arrivait pas à me contrôler, il m'a jeté par terre sur le ventre", raconte Stéphanie, "il bandait, il était en érection totale comme le chien qui se tripote à votre jambe, un truc bien désagréable".
"Après j'ai eu un déclic" poursuit la jeune femme, "je lui ai dit : imagine que c'est ta mère et c'est ton meilleur pote qui la baise, comment tu réagirais ? Il s'est repris, s'est relevé, il m'a aidé à ramasser mes sacs".
L'homme âgé de 21 ans, déjà connu des services de police est interpellé. Jugé le 12 novembre, il a été condamné à 3 ans de prison ferme.
"Trois ans, je trouve que ce n'est pas assez", dit-elle, "je suis sûre qu'il ne va pas faire ses trois ans. Je me dis que, dans un an et demi, je peux le retrouver en face de chez moi donc j'ai un an et demi pour déménager".
Ce que je faisais avant c'est fini. Je suis en jupe le jour mais le soir, quand je sors, je suis toujours en pantalon - Stéphanie
Stéphanie était en pantalon la nuit de l'agression et est persuadée que c'est pour ça qu'elle n'a pas été violée, "trop galère" pour son agresseur, "il ne pouvait pas baisser mon pantalon, c'était trop compliqué. Je suis sûre que si j'avais été en jupe, ça aurait été fini, ça ne se serait pas passé de la même façon".
Cette mère de trois enfants n'en a pas terminé avec ses peurs et ses angoisses. Elle dit aujourd'hui ne plus reconnaitre Nantes, une ville qu'elle juge gangrénée par les violences.Prioriser les actions des policiers
"On a une évolution croissante sur plusieurs années de certaines catégories de délinquance", reconnait Benoit Desferet, nommé il y a six mois à la tête de la direction départementale de la sécurité publique, "c'est vrai qu'en ce domaine (des agressions sexuelles), d'une manière générale, que ce soit intra familiale ou dans d'autres circonstances, ça fait partie des agrégats en augmentation. Mais il y a aussi les vols avec violence qui augmentent de façon importante".Autre secteur où les chiffres de la délinquance augmentent, celui des stupéfiants.
700 policiers travaillent sous l'autorité de Benoit Desferet. "On peut toujours espérer avoir plus de policiers, ce qui permet de pouvoir répondre à plus de problématiques, maintenant, avant de réclamer des policiers, il faut regarder la situation telle qu'elle est actuellement et les priorités qu'il faut donner à ces collaborateurs".Les priorités des délinquances à Nantes ne sont pas forcément les mêmes ailleurs - Benoit Desferet, DDSP