Daphné et Julie Guillot ont accueilli leur premier enfant en 2021 après avoir eu recours à une PMA en Espagne. Elles retracent dans leur roman graphique "S’il suffisait qu’on s’aime", l’histoire intime d’un couple lesbien dans son parcours pour avoir un enfant.
Julie et Daphné se sont rencontrées il y a huit ans à Paris. Elles n’avaient jamais vraiment pensé, ni eu le désir de devenir maman. Puis, l’idée d’avoir un enfant ensemble a émergé. Seulement, à cette époque-là, il n’est pas possible en France d’avoir recours à la procréation médicale assistée (PMA) pour un couple de même sexe.
Difficultés d'accès à la PMA pour les couples de même sexe en France
Pourtant, en mai 2013, la loi sur le mariage pour tous a été adoptée sous la présidence de François Hollande. Bien que le président souhaitait étendre l'accès à la PMA aux femmes célibataires et aux couples lesbiens, cette mesure est finalement abandonnée à cause des manifs pour tous. La loi bioéthique sera finalement mise en place en 2021, ouvrant ainsi l’accès à la PMA à celles-ci.
Un parcours semé d'embûches
Les deux jeunes femmes commencent leur parcours PMA en 2019, elles entament l’écriture de leur livre au même moment. "On ne trouvait pas de livre qui nous satisfasse vraiment". Elles décident alors d’écrire celui dont elles auraient eu besoin. "On a fait une veille médiatique, des entretiens avec différentes femmes : médecin du planning familial, des journalistes, des militantes.... On articule un récit documentaire, où on cite des propos sourcés de ce qu’il se passe depuis 2013. L’histoire racontée n’est pas tout à fait la nôtre. Ce n’est pas strictement autobiographique."
Les réactions réticentes de l'entourage
Julie et Daphné évoquent leur désir d’avoir un enfant avec leur entourage : "Quand on a commencé à parler de notre désir d’enfant, on a été confrontées à des réactions auxquelles on ne s’attendait pas vraiment. On a eu des réactions un peu réticentes sur le fait, pas tant qu’on ait un enfant, mais qu’on le fasse de cette façon-là."
Elles subissent aussi une certaine pression à le faire avec un donneur connu, chose impensable pour les deux femmes qui ne veulent pas d’une troisième personne dans leur projet de parentalité.
La décision de partir en Espagne pour la PMA
Pas découragées, Julie et Daphné se tournent vers l’Espagne. "On a choisi une clinique privée à Barcelone. C’est indispensable d’avoir également un suivi en France. Quand on est suivi dans une clinique à l’étranger, on n'y passe pas tout son temps. On y va uniquement pour l’acte d'insémination ou de FIV. Mais tout le processus de stimulation hormonale et de suivi d’échographie se passe en France."
L'utilisation de la méthode ROPA
Un long processus qui n’a pas pris tout de suite pour les deux Nantaises. "On a fait plusieurs inséminations qui n’ont pas fonctionné".
Elles décident de tester la méthode ROPA, toujours interdite en France. "Ça consiste à prélever les ovocytes chez une des partenaires, de créer un embryon avec le sperme d’un donneur et de transférer cet embryon chez l’autre partenaire du couple".
Julie a donc porté leur enfant issu des gamètes de sa compagne et d’un donneur.
Une bataille pour être reconnues comme les deux mamans du petit garçon
Leur enfant né, le combat pour que les deux femmes soient reconnues comme les mamans du petit garçon, ne s’arrête pas là.
"Daphné a dû faire une procédure d’adoption parce que notre enfant est né avant la loi bioéthique, qui permet désormais aux couples de femmes pratiquant une PMA en France d’établir une reconnaissance anticipée".
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