Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Laëtitia Perrais, Tony Meilhon comparait de nouveau à partir de ce jeudi 14 septembre devant la cour d'Assises de Nantes. Il devra répondre de viol et de violences. Ce nouveau procès rouvre chez la mère du meurtrier des blessures encore à vif. Elle s'est confiée à l'une de nos équipes.
Elle nous a contactés par mail, pour rétablir sa vérité. Celle que nous appellerons Martine, pour préserver son anonymat, est la mère de Tony Meilhon, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Laëtitia Perrais.
Ce fils, aujourd'hui âgé de 44 ans, sera de nouveau jugé par la cour d'Assises de Nantes jeudi 14 et vendredi 15 septembre pour viols, violences et menaces commis en 2010, trois semaines avant le crime de Pornic.
Une nouvelle affaire qui ravive les blessures d'une mère dont la vie a basculé.
"Perdre un enfant, c'est qu'il y a de pire au monde, ce qu'il a fait est insupportable", commente Martine, "mais il y a de l'autre côté une famille, celle du coupable. Il faut comprendre que depuis, on ne vit plus, on survit".
À chaque fois qu'un nouvel évènement se produit, nous sommes cités, ciblés dans le sens où mon fils a fait le mal, mais nous n'y sommes pour rien. Dans un pommier il y a des fruits, il peut y avoir des pommes pourries, ce n'est pas pour autant que toute la famille est pourrie
MartineMère de Tony Meilhon
Étouffée par l'affaire, coincée dans un quotidien qui tourne en boucle, la mère de Tony Meilhon n'en peut plus "de subir ce drame affreux".
Avec ce nouveau procès qui s'ouvre, "elle retombe dedans". Elle souhaiterait retrouver un minimum de sérénité et surtout que la série fiction "Laëtitia" diffusée sur France 2 et toujours visible sur la plateforme Netlix soit supprimée. "Personne ne m'a demandé mon avis. Et beaucoup de choses sont fausses."
"Je n'ai pas abandonné mon fils"
"Je n'ai pas abandonné mon fils, au contraire, je l'ai gardé le plus longtemps auprès de moi", la voix est tremblante, mais il faut que sa vérité sorte. "Mon fils n'a jamais été placé en maison d'accueil, mais en internat. C'est vrai que j'avais des difficultés avec lui."
Mon fils est malade. Il est psychopathe, schizophrène, je ne sais pas. Il pouvait être très gentil, mais à certains moments ça n'allait pas dans sa tête
MartineMère de Tony Meilhon
"Il a quitté Guérande à 16 ans, il ne voulait plus retourner à l'école. Je lui ai trouvé un apprentissage en peinture, mais ça n'a pas duré, à peine trois mois. Les premières payes, il les a dépensées en alcool, il faisait ce qu'il voulait. Le patron ne l'a pas gardé", raconte Martine.
"J'ai peut-être loupé des choses"
Sur les questions de maltraitances qu'auraient subies son fils, la mère de Tony Meilhon réfute toutes les informations qui ont pu circuler. "Dans la série, on explique qu'il volait sur le marché devant la maison, que je l'ai jeté à la porte, pieds nus. Ces choses-là ne se sont jamais produites. C'est entièrement faux, il faut arrêter de dire ça, de l'écrire, je ne sais pas d'où ça sort ! Si c'était vrai, je me tairais, je ne prendrais pas la parole."
À 17 ans, Tony Meilhon est condamné une première fois pour un vol de voiture.
"Il voulait se suicider pour une fille, il était violent avec elle. Il s'est planté dans un arbre j'allais le voir au CHU. Après, il est revenu à la maison, puis il est parti en prison. À 18 ans, il voulait s'engager dans l'armée de terre". Ensuite ? la mère du meurtrier parle d'un enchainement infernal.
Je suis une maman, j'ai peut-être loupé des choses, ça, je veux bien l'admettre. Je me sens coupable aussi quelque part. Cela n'autorise pas des mensonges épouvantables à mon égard
MartineMère de Tony Meilhon
"Je suis jetée en pâture"
Cette situation, elle la vit comme une injustice, une double peine. "Il faut entendre ce que les gens ont à dire. La vie, ce n'est pas de jeter les personnes en pâture à la télévision".
J'ai un poids énorme sur les épaules, je voudrais qu'on m'aide à enlever ça, à pouvoir continuer à vivre. C'est trop lourd
MartineMère de Tony Meilhon
Martine décrit un véritable cauchemar, "le harcèlement, la vie privée triturée, fouillée, salie, ces gens qui sonnent à la porte pour demander : nous sommes bien chez les bouchers ?"
C'est toute une famille qui a basculé en enfer. "Je voudrais que tout cela cesse. Pour mes enfants, mes petits-enfants, ils n'ont pas à subir cela. J'ai 68 ans et je ne fais que souffrir".
Celle qui se dépeint "comme un petit bout de femme" dit encore "tenir le coup". Mais jusqu'à quand ? "J'ai eu beaucoup de bas, j'aimerais que l'on remette un peu les choses en place et en ordre".
Il a commis le pire du pire. Perdre un enfant dans des circonstances aussi terribles, aussi ignobles, ça vous travaille le cerveau. Je voudrais que l'on m'aide et que l'on arrête une bonne fois pour toutes de diffuser ce portrait de moi qui n'est pas moi
MartineMère de Tony Meilhon
"Je vis recluse"
Martine a dû déménager. "Je suis réfugiée ici, je n'ai même pas mon nom sur la porte d'entrée, juste sur la boite aux lettres, je suis obligée pour le facteur. Je vis recluse, renfermée sur moi-même". La mère de Tony Meilhon avoue être obsédée. "J'ai l'impression qu'on me regarde tout le temps".
La nouvelle affaire qui sera jugée ce jeudi 14 septembre ravive toutes les douleurs, toutes les déchirures. "Ça va être rebelote, encore le pire du pire pour moi. Je ne vais pas vivre tranquille."
"Je suis née pour le malheur"
Elle n'a plus aucun contact avec Tony Meilhon. "Je ne peux pas ! Après ce qu'il a fait, je ne peux pas ! Je suis bloquée. Je suis mère, mais je ne peux pas admettre. Je n'arrive pas à comprendre comment il a pu en arriver là. Il nous a entrainés dans ce malheur épouvantable. Je pense souvent à cette petite qui est partie".
Ce jeudi 14 septembre, Martine ne fera pas le déplacement jusqu'au tribunal de Nantes. Impossible pour elle d'assister à ce nouveau procès. "La jeune femme victime aurait pu être à la place de Laetitia, les faits se sont déroulés seulement trois semaines avant. Je sais ce que Tony lui a fait subir. Pour moi, c'est inimaginable. À croire que je suis née dans et pour le malheur".
Avec Marion Naumann et Vincent Raynal