Trafic de drogue. "Je veux savoir qui a tué mon fils" : la loi du silence maintient le doute sur le tireur responsable de la mort du jeune Abdelghani Sidali à Nantes

Mercredi 12 juillet sonne le troisième jour d'un procès frustrant pour les proches de la victime. Sept hommes impliqués dans le trafic de drogue ont été entendus par le tribunal correctionnel de Nantes. Ils sont aussi suspectés d'avoir des informations sur la mort d'Abdelghani Sidali, 15 ans, en 2021, mais continuent de livrer des versions contradictoires.

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Les traits tirés, Zohra Sidali est éprouvée par deux jours de procès qui n'ont pas répondu à ses questions. "J'attends la justice, je veux une réponse. Il y a plein de doutes. Il y a plein de mensonges du côté des coupables donc aujourd'hui, je suis un peu désespérée. Je veux savoir qui a tué mon fils", martèle la mère d'Abdelghani Sidali, tué de 4 balles le 11 janvier 2021 dans le quartier des Dervallières à Nantes. 

Âgé de 15 ans à l'époque, Abdelghani a été la victime collatérale d'un règlement de compte lié au trafic de drogue qui sévit dans cette partie de la ville. Les sept prévenus soupçonnés d'être impliqués dans sa mort ne comparaissent toutefois pas devant la cour d'assise mais au tribunal correctionnel pour des faits liés aux stupéfiants, car l'identité du tireur à l'origine de la mort du jeune homme reste inconnue. 

Je suis là pour mon fils. Je ne suis pas là pour leurs histoires de drogue et de trafic. Je suis une maman, ils ont pris la vie de mon fils, de mon bébé, de mon enfant.

Zohra Sidali

Mère d'Abdelghani Sidali

Le procès débuté lundi n'a pas aidé à lever le voile sur le tireur, comme l'espérait Anne Bouillon, avocate des parties civiles. 

Du côté de la défense, Aristote Toussaint, avocat de l'un des prévenus, tente d'expliquer cette omerta : "Les rangs du public sont très peuplés. Il y a beaucoup de jeunes, certains qui viennent des Dervallières et d'autres quartiers. Si un nom venait à être prononcé, il serait su dans l'ensemble des quartiers de Nantes et on peut imaginer ce qu'il pourrait se produire."

Peur des représailles

Maître Toussaint représente un homme de 28 ans, qui n'est pas directement mis en cause dans la mort d'Abdelghani Sidali. Le prévenu a une conjointe et est père de deux enfants en bas âge. "Il y a une loi du silence qui s'explique par la possibilité qu'il y ait des répercussions", avance-t-il. 

Ils ont tout intérêt à dévoiler le nom de ce tireur pour pouvoir s'en sortir. S'ils ne le font pas, c'est parce qu'il y a un risque de répercussion, ou parce que le nom de ce tireur n'est tout simplement pas connu.

Maître Aristote Toussaint

Avocat de l'un des prévenus

L'avocat estime que cette affaire est d'une toute autre ampleur, qui condamne les prévenus à parler pieds et mains liés. "Les personnes qui sont derrière la mort de ce jeune homme ne sont pas dans le box, déclare-t-il. Il faut être très clair, l'enquête a piétiné depuis le début et cette procédure a des grosses carences. Les personnes qui sont derrière tout ça ne sont certainement pas issues du quartier des Dervallières. On sait comment ça fonctionne, ce sont des gens qui viennent parfois de loin." 

Une première à Nantes

Tous les prévenus semblent impliqués à des degrés différents dans le trafic. Les tirs qui ont mené à la mort d'Abdelghani Sidali ont eu lieu dans le cadre d'une récupération d'un point de deal très rentable des Dervallières, pré-empté par un autre réseau de trafiquants.

Pour la procureure de la République Sophie Husson, il ne fait aucun doute que "l'association de malfaiteurs* prend place dans un trafic de stupéfiants structuré et perdurant". Selon elle, c'est la première fois qu'une victime collatérale aux guerres de territoires est aussi jeune à Nantes, et qu'une telle omerta "suinte sur l'audience".

Sophie Husson requiert des peines allant de prison allant de 6 mois à 9 ans ferme. La peine la plus longue concerne l'individu considéré comme "le haut de la pyramide hiérarchique, le maître d'œuvre du trafic".

Le délibéré interviendra dans la journée du jeudi 13 juillet.

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