Une eau potable disponible et sans en perdre une goutte, un défi d'avenir

L'épisode de sécheresse de l'été dernier le montre, conserver une eau potable en quantité et qualité suffisante n'est pas simple pour une agglomération comme celle de Nantes. C'est un défi majeur pour l'avenir.

Fournir de l'eau potable pour plus de 650 000 d'habitants, des entreprises, des services, n'est pas une mince affaire. Et cette mission de service public est rendue plus complexe encore en période de diminution de la ressource. Comme celle que l'agglomération nantaise vient de vivre avec un niveau de la Loire et des nappes diminués par la sécheresse.

Plus de 40 millions de m³ d'eau

34 millions de m³ d'eau potable par an, c'est ce que fournissent les usines d'eau de l'agglomération. Et ce chiffre montent jusqu'à 40,6 millions si l'on y ajoute d'autres utilisations comme les services de nettoyage, les bornes à incendie, ou les volumes vendus à d'autres collectivités que l'agglomération nantaise, l'agglomération de Saint-Nazaire par exemple.

Chacun va devoir apprendre les gestes qui permettront de moins puiser sur cette ressource vitale mais fragilisée.

Des mousseurs pour diminuer la consommation d'eau

Nantes Métropole va distribuer en 2023 des "mousseurs", qu'on appelle aussi "aérateurs d'eau". Ce sont des dispositifs qui se vissent aux robinets et en limitent le débit. Les modalités restent à définir précisément mais l'idée est que les abonnés nantais puissent bénéficier gratuitement de cet équipement, si ce n'est déjà le cas par certains bailleurs.

Les villes devront aussi montrer l'exemple et faire preuve d'initiatives pour réduire leur propre consommation.

"On a décidé d'arrêter le nettoiement à grandes eaux des voiries", explique Robin Salecroix, vice président de Nantes Métropole en charge de l'eau. 

Faire des économies, c'est aussi lutter contre le gaspillage, en l'occurrence les fuites.

3 200 km de réseau

Sur un réseau comme celui de la métropole nantaise, on compte 3 200 km de canalisations pour distribuer le précieux liquide. Or, en  moyenne, ces canalisations ont 37 ans d'âge. Certaines datent d'avant 1940. Autant dire qu'il y a des fuites. On les estime à 4,9 m³ par jour et par kilomètre. Cela peut sembler beaucoup (ça l'est) mais cette agglomération n'est pas la dernière de la classe en France. Le rendement (le taux d'arrivée au robinet de l'eau traitée) est ici de 88,1% contre 75% au niveau national. On peut toujours faire mieux.

"Chaque goutte d'eau puisée en Loire se doit d'arriver au robinet" ambitionne Robin Salecroix qui précise que le  budget eau et assainissement a été doublé sur ce mandat par rapport au précédent, passant de 200 à 400 millions d'euros. 

Cette augmentation permettra d'accélérer le renouvellement des canalisations du réseau. "L'objectif est de tendre vers un taux de renouvellement de 1% par an du réseau (contre 0,5% aujourd'hui)", explique Robin Salecroix.

"Il y a aussi un travail de prélocalisation des fuites, nous dit Céline Jarron, responsable du service animation à la direction du cycle de l'eau de la métropole, et des mesures sont faites par secteur."

Cette modernisation du réseau permettra également de lutter contre le phénomène de jaunissement de l'eau constaté ponctuellement en certains endroits, un décollement du biofilm, dépôt d'oxyde de fer et de manganèse. Le phénomène est connu notamment des abonnés qui habitent en bout de réseau, dans des impasses.

"On a des secteurs qu'on a identifiés, précise Céline Jarron, des bouts de conduite avec des réseaux en vieille fonte. Ce sont des zones qui ont pu subir ce phénomène d'eau colorée, sans problématique pathogène." 

Mais il est conseillé de ne pas la consommer dans ces épisodes-là.

Compléter la ressource en eau

L'augmentation des moyens donnés à la distribution d'eau potable et à l'assainissement permettra aussi de compléter la ressource en eau. 

"Nous travaillons avec le Département (de Loire-Atlantique) à un schéma départemental de sécurisation de l'eau potable, explique Robin Salecoix. Il faut imaginer des formes de complémentarité de la ressource."

Comme par exemple puiser dans la nappe alluviale de la Loire. 

La baisse inquiétante du niveau de la Loire cet été a fait remonter "le bouchon vaseux" et augmenter la turbidité de l'eau à l'entrée des pompes de l'usine de traitement de La Roche à Nantes. Mais le problème a pu être surmonté. Jusqu'à quand ?

Préparer l'avenir

"Il n'y a eu aucune rupture de la distribution d'eau, souligne le vice président de la métropole en charge de l'eau. Il faut saluer le travail des agents du service public et des opérateur privés."

La modernisation des stations d'épuration est aussi à l'ordre du jour. Ne serait-ce que pour adapter leurs capacités à l'augmentation de la population. On parle aussi de la création d'une station supplémentaire sur l'agglomération.

"Il faut préparer l'avenir, être transparent, conclut Robin Salecroix, sans être alarmiste."

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