Le mouvement citoyen écologiste Alternatiba Nantes a déposé mercredi 28 juin à la préfecture de Nantes son dossier de candidature factice pour prétendre à obtenir la concession de l'aéroport Nantes-Atlantique. L'action fait un pied de nez au blocage de l'attribution du marché, et à l'inadéquation entre les attentes de la Direction générale de l'aviation civile et les enjeux climatiques.
Les majuscules bleues "Nantes Atlantique" de l'aéroport jouxtent une enseigne affichant "Tiers lieu". En face de la gare aérienne, les avions restent au sol et servent de scène musicale, à côté d'un jardin partagé. Cette image atypique n'est autre que le visuel d'une nouvelle campagne d'Alternatiba Nantes contre le projet d'extension de l'aéroport de la métropole nantaise.
Elle s'accompagne d'un dossier de candidature intitulé "Pour un aéroport en phase avec l'urgence climatique : Nantes-Atlantique en transition" et visant à prétendre, de façon ironique, à l'obtention du contrat de concession de l'aéroport. Alternatiba Nantes a déposé cette "candidature" auprès de la préfecture à 13h ce mercredi.
La forme de ce dossier de candidature est sans doute atypique et différente des autres candidats (Vinci, Eiffage,...).
Alternatiba Nantes
Alternatiba s'oppose à l'extension de Nantes-Atlantique et à l'augmentation du trafic aérien pour préserver la qualité de vie des riverains et éviter l'accroître les émissions de gaz à effet de serre. Le collectif propose donc un "pas de côté massif et enthousiasmant quant aux perspectives d'évolution de Nantes-Atlantique".
"Exit un réaménagement basé sur les chiffres insoutenables d'accroissement du trafic aérien provenant de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). En route pour un aéroport en phase avec l'urgence écologique", peut-on lire dans le communiqué.
Le dossier d'Alternatibla insiste sur cinq axes principaux pour faire valoir le bien-fondé de sa candidature :
- Interdire l'usage des jets privés à Nantes-Atlantique
- Élargir le couvre-feu de 22h à 7h pour limiter les nuisances sonores
- Stopper l'ouverture de nouvelles lignes aériennes depuis Nantes et favoriser le voyage en train et en vélo
- Plafonner le nombre de vols à Nantes-Atlantique à 30 000 par an (dans un premier temps)
- Réutiliser une grande partie des locaux de l'aéroport pour d'autres activités et débitumer les zones de parking d'avions
Ces propositions qui provoqueront à coup sûr l'indignation ou le mépris de la DGAC portent de réelles inquiétudes et revendications d'Alternatiba Nantes. Parmi elles, compte aussi l'interdiction de la publicité pour l'aviation dans la métropole nantaise.
Un projet "soutenable"
Alternatiba Nantes n'est pas la seule à s'impatienter du blocage sur l'attribution du marché de concession de l'aéroport. Les villes de Rezé et de Saint-Aignan-Grandlieu, particulièrement concernées par les nuisances sonores, appellent à penser le "devenir des infrastructures aéroportuaires" en concertation, "dans un contexte de transition et de respect des Accords de Paris".
Arguant que la décarbonation n'est pas suffisante pour pallier l'urgence climatique, les maires de Rezé et de Saint-Aignan-Grandlieu annoncent nécessaire la régulation du trafic aérien avec un plafonnement du nombre de vols.
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Les deux municipalités estiment que l'ancrage urbain de Nantes Atlantique en fait un terrain propice à la collaboration entre les "acteurs du territoire et de l'aérien" pour en faire un modèle "répondant aux enjeux de transitions sociales, économiques et écologiques".
Elles déplorent le manque de transparence dont fait preuve le gouvernement à ce stade, tout comme plusieurs autres élus des Pays de la Loire qui pointent dans une lettre ouverte un "statu quo insupportable".