Dans le cadre du Voyage à Nantes les 250 masques de carnaval de la maison Peignon, une institution nantaise, sont à redécouvrir dans un lieu insolite, la maison de l'Immaculée à Nantes. Rencontre avec la descendante des créateurs de ces masques qui ont été fabriqués il y a 150 ans.
Une fois franchi le joli jardin de la Maison de l'Immaculée, un bâtiment construit au XIXè siècle et situé en plein centre-ville de Nantes à deux pas de la cathédrale Saint-Pierre, il suffit de pousser la porte de l'ancien réfectoire des prêtres installés ici pour pouvoir admirer les masques suspendus aux murs de la galerie en pierre.
Au milieu des masques de papier chiffon tous très expressifs, souvent caricaturaux voire burlesques un visage se détache.
Souriant et aux yeux pétillants. Bien humain celui-là.
C'est celui de Nicole Parent, élégante octogénaire et unique descendante de la Maison Peignon, cette maison nantaise spécialisée dans les costumes historiques.
C'est son arrière-grand-père qui a réalisé de ses doigts de sculpteur les 250 masques qu'elle nous présente avec gourmandise.
"Quand ces masques ont été conçus c’était dans la deuxième partie du XIXe siècle et le carnaval avait énormément d’importance à Nantes" explique Nicole Parent.
Elle présente à la caméra l'un d'entre eux, une bouille toute ronde, chauve avec des joues rouges et un grand sourire qui lui barre le visage.
"Il s’appelait le Bouffi effectivement, c’est un nom qu’il porte très bien" détaille-t-elle.
"C’est vraiment un masque qu’on portait sur le visage ?" demande ingénument le reporter.
"Ah oui, bien sûr" sourit l’octogénaire avant de le porter sans hésiter sur son propre visage.
À cette occasion, il y avait comme maintenant les chars de la mi-carême, les chars de carnaval et aussi beaucoup de soirées costumés. Chez des particuliers qui profitaient du carnaval pour faire des soirées costumées. Ce que les Nantais aimaient bien, c’est arriver costumés avec un masque
Nicole Parentdescendante d'Eugéne Peignon, créateur des masques
Créations en papier chiffon d'Eugène Peignon, sculpteur de son état, les 250 masques exposés sont restés longtemps dans l'ombre de l'institution nantaise spécialisée dans les costumes de fêtes.
Conçus à partir de 1864 par le fils de la fondatrice de la maison Peignon pour soulager sa maman victime du succès de ses costumes de carnaval, ils témoignent aujourd'hui d'un moment de fête capital à Nantes.
De nombreux visiteurs sont présents en ce jour pluvieux pour cette exposition du Voyage à Nantes, manifestation consacrée à l'art contemporain où ces créations qui datent de 150 ans attirent également la curiosité de nombreux spectateurs.
On trouve que c’est très intéressant, parce que ça nous plonge dans un univers assez surréaliste et ça nous rappelle un peu ce qu’on voyait autrefois dans les animations publiques.
Philippe, un visiteur originaire de Clisson en Loire-Atlantique
Philippe, accompagné de ses petits-fils, les prend en photos et l'un d'entre eux s'exclame : "Ceux qui font peur, ils sont drôles".
"Tu te vois les porter pour le carnaval ?" ose-t-on.
Moue dubitative, puis la réponse fuse dans un sourire : "Non !"
Ces masques sont une découverte pour le grand public, car ils n'ont jamais été exposés dans ces conditions.
Et depuis la dispersion de la Maison Peignon au début des années 2000, ils permettent de faire revivre une tradition nantaise.
► Retour sur cette épopée avec le reportage vintage de FR3 Nantes le 31 décembre 1986 qui présente (en costumes) les richesses de la Maison Peignon.
Moi je les redécouvre un peu de cette manière. C’est amusant parce que je ne m’attendais pas du tout à ça. En plus je m’aperçois qu’il y a toujours du monde et même des moments où on a fait la queue pour venir voir les masques. C’est une excellente surprise pour moi
Nicole PARENTdernière descendante de la maison Peignan
La visite de l'exposition de la collection des Masques Peignon se déroule à la Maison de l'Immaculée au 6 rue Malherbe à Nantes jusqu'au 3 septembre dans le cadre du Voyage à Nantes.