Violence dans le cortège de Bretagne Réunie. Qu'est-ce que le Parti national breton, ce groupe d'ultra-droite présent à la manifestation ?

Des militants d'extrême droite auraient agressé physiquement Florian Le Teuff, adjoint à la mairie de Nantes. D'après le politologue Jean-Yves Camus, ils s'agiraient de représentants de l'idéologie du "suprémacisme blanc".

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Le rassemblement devait être pacifiste. Le rendez-vous était donné ce samedi 12 octobre, à 10 h, sur le cours Saint-André, à quelques pas de l'entrée du département de Loire-Atlantique. Drapeaux bretons à la main, près de 800 personnes ont répondu à l'appel de l'association Bretagne Réunie et manifesté pour le rattachement de Nantes et de la Loire-Atlantique à la Bretagne. 

Bar, food truck et animations musicales, tout semblait réuni pour que cette journée de revendication soit aussi un moment populaire et convivial. Mais avant même que le cortège ne se lance dans le centre-ville de Nantes, le déploiement d'une banderole par des membres du groupe d'extrême droite "Parti national breton" (PNB) est venu gâcher la fête.   

 

Dérangé par la présence de ce groupe ultranationaliste, Florian Le Teuff, adjoint chargé des enjeux bretons à la mairie de Nantes, serait allée demander aux membres de ranger leur étendard."Je suis allé moi-même dire aux gens du PNB que la Ville était aux antipodes de leur vision", a confié l'élu à nos confrères d'Ouest-France. Des mots auxquels les militants d'extrême droite auraient répondu par la violence, en lui frappant le visage. Un événement réfuté le PNB dans un communiqué. 

Un groupe de suprémacistes blancs  

Le PNB avait déjà fait parler de lui en tentant de perturber un concert dans une salle de spectacle de Concarneau en décembre 2023. D'après les organisateurs de l'événement, des adhérents du groupe auraient proféré des menaces racistes et exécuté des saluts nazis.

Des faits démentis par le PNB dans un communiqué publié sur leur site web. Un blog de présentation qui, en revanche, multiplie les signes de proximité de l'organisation bretonne avec la symbolique nazie. "La page d'accueil du site est vraiment très ressemblante avec tout ce qui émane du milieu suprémaciste blanc", analyse Jean-Yves Camus, co-directeur de l'Observatoire des radicalités politiques à la Fondation Jean-Jaurès.

D'après le politologue, l'image de la famille qui ouvre la page web du PNB témoigne de leur appartenance à cette idéologie raciste selon laquelle les humains à la peau blanche seraient supérieurs à tous les autres. Une pensée très largement propagée par les skinheads néonazis britanniques.

"On note aussi la présence de la croix celtique. À l'origine, c'est un signe religieux que l'on peut retrouver dans des cimetières bretons, mais qui a été récupéré par les groupes d'extrême droite pour en faire leur emblème", appuie Jean-Yves Camus. On peut également relier ce symbole au nazisme puisqu'il était utilisé par les Hirden, formation paramilitaire qui a travaillé avec les Waffen-SS norvégiens durant la Seconde Guerre mondiale.

Les militants du PNB présent à la manifestation organisée par Bretagne Réunie ont aussi agité des drapeaux noirs floqués d'un triskèle jaune. Il s'agit du même signe que celui inscrit sur un des drapeaux de l’Adsav, parti d’extrême droite indépendantiste breton. Cette figure est répertoriée par le site Indextrême qui liste les symboles utilisés par l'extrême droite.

Un programme radical 

Dans l'onglet "nos buts" de son site web, le PNB se revendique notamment comme des héritiers du "Parti national breton", son homonyme crée au début du XXᵉ siècle. Ce PNB historique est particulièrement connu pour avoir collaboré pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais, bien que l'ancien et l'actuel PNB semblent avoir l'extrême droite en commun, d'après Jean-Yves Camus, on ne peut pas parler d'héritage.

"D'abord, parce qu'il n'y a plus de survivants du PNB historique. Ensuite, parce que le programme des militants actuel est encore plus radical : il demande par exemple l'expulsion de la Bretagne vers la France des étrangers  jugés indésirables", commente le politologue.

Il précise également que le PNB présent à la manifestation de Nantes pourrait davantage être caractérisé de groupuscule d'ultradroite plutôt que d'extrême droite puisque s'il s'avère que ses militants ont bel et bien recours à la violence.

On s'est fait avoir. Ils ont sorti leur banderole, mais on ne s'attendait pas à ce qu'ils soient là

Alan-Erwan Coraud

Co-président de l'association Bretagne Réunie

De son côté, Bretagne Réunie dit ne pas soutenir l'idéologie du PNB et s'assure surprise de leur présence à la manifestation. "On s'est fait avoir. Ils ont sorti leur banderole, mais on ne s'attendait pas à ce qu'ils soient là", défend Alan-Erwan Coraud, co-président de l'association.

"Nous sommes apartisans"

Il relativise toutefois les actions des militants d'extrême droite lors de l'événement. Selon lui, une altercation virulente aurait effectivement eu lieu entre eux et Florian Le Teuff, mais sans que l'adjoint soit blessé. Sollicité à ce propos par France 3 Pays de la Loire, l'élu n'a pas souhaité réagir.

Alan-Erwan Coraud dénonce également une forme de récupération politique des faits par l'adjoint. "Il veut faire sa communication à partir de ça sans même se préoccuper d'un de nos adhérents qui a aussi été agressé ce week-end, mais par des blacks blocs", déplore-t-il. D'après l'association, il s'agissait cette fois de militants d'extrême gauche, mais pour le moment rien ne le confirme.

"Nous sommes encore sous le choc de ces épisodes de violence", assure Alan-Erwan Coraud. Il informe ainsi que l'association n'acceptera désormais que les drapeaux bretons lors de ses manifestations. "Nous sommes apartisans et c'est la seule solution qu'on a trouvé pour éviter que cela ne se reproduise", appuie-t-il.

Le PNB fait savoir par ailleurs qu'il ne s'interdira pas de revenir manifester pour la réunification de la Bretagne en respectant les règles dictées par les organisateurs. 

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