En mars 2023, quatre étudiantes ont porté plainte pour agressions sexuelles suite à des palpations pratiquées par des policiers. Les faits s'étaient déroulés en marge d'une manifestation à Nantes, contre la réforme des retraites. Le parquet vient de classer leurs dossiers sans suite. Une décision incompréhensible pour leurs avocates.
Les faits se sont déroulés il y a presque deux ans, le 14 mars 2023, lors d'une manifestation contre la réforme des retraites. Syndicats et étudiants avaient organisé un barrage filtrant sur le périphérique nantais. Le rassemblement avait pris fin, les étudiants rentraient ensemble à pied le long de l'Erdre lorsqu'ils ont été nassés par les forces de l'ordre.
Des contrôles d'identité, des fouilles et des palpations ont été réalisés sur les jeunes présents.
Pour plusieurs jeunes femmes, ces contrôles se sont rapidement apparentés à des violences sexuelles.
Presque deux ans après les faits, le Parquet de Nantes vient de classer ces affaires sans suite.
Violences sexuelles
Leurs témoignages que nous avions recueillis à l'époque étaient édifiants. Quatre jeunes femmes nous avaient raconté comment elles avaient été exfiltrées du groupe de manifestants, puis insultées et agressées sexuellement par les policiers en exercice de façon très violente.
Elles ont raconté des fouilles et des palpations qui partaient "de l'entrée du vagin jusqu'au dessus du pubis", "sous les sous-vêtements" ,"en passant les mains plusieurs fois sur la poitrine". L'une d'entre elles racontera même encore sous le choc : "j'ai senti ses doigts s'insérer dans la fente de mon appareil génital".
Courageusement, quatre d'entre elles ont porté plainte. Deux jeunes femmes sont défendues par l'avocate Anne Bouillon et deux autres par l'avocate Aurélie Rolland.
Entre incompréhension et injustice
Presque deux ans après ces faits, le Parquet de Nantes vient de classer leurs dossiers sans suite. Une décision incompréhensible pour les plaignantes autant que pour leurs avocates.
"Ce n'est pas la décision qu'elles attendaient évidemment. Quand je les ai reçues à mon cabinet à l'époque des faits, j'avais reçu des jeunes filles qui étaient traumatisées de ce geste-là, qui s'étaient senties humiliées, dégradées. Et donc, elles attendaient forcément une réponse du Parquet face à ce type d'agissement", explique Aurélie Rolland, l'avocate de deux des jeunes filles.
Elle poursuit, "je ne comprends pas cette décision de classement sans suite, je trouve que c'est une affaire qui mérite un débat devant des juges, qui mérite que selon la procédure qui peut se dérouler au tribunal correctionnel, les éléments qui figurent dans l'enquête puissent être discutés valablement, et que les juges puissent se faire une idée".
A l'heure où on vient nous dire que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles est la priorité, la grande cause nationale, je ne comprends pas qu'on traite ainsi un tel dossier dans lequel des jeunes filles dénoncent des gestes à caractère sexuel, et des agressions sexuelles de la part de fonctionnaires de police.
Aurélie RollandAvocate de deux des plaignantes
Pour l'avocate, c'est d'autant plus une déception que Nantes est l'une des métropoles les plus engagées dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Un recours en réflexion
L'avocate ne compte pas en rester là. Et réfléchit avec ses clientes et sa consœur Anne Bouillon au recours qu'elles pourraient engager à l'encontre de la décision du Parquet.
"Soit on fait un recours au parquet général à Rennes, auprès du parquet général de la cour d'appel de Rennes, et il y a un réexamen du dossier de l'enquête par le parquet général qui ensuite prend une décision, ça, c'est la première option.
La deuxième option, c'est une plainte avec constitution de partie civile auprès d'un juge d'instruction à Nantes. Et la troisième option, c'est une citation directe devant le tribunal correctionnel", précise Aurélie Rolland.
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