Notre-Dame-des-Landes : un rapport juge le projet d'aéroport "surdimensionné"

Coup de semonce pour le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes : un rapport d'experts le juge "surdimensionné" par rapport aux besoins, suggérant de le revoir à la baisse ou de moderniser l'aéroport de Nantes Atlantique.

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"Force est de constater que le projet, fruit d'une conception ancienne, est surdimensionné", souligne ce rapport rédigé par trois ingénieurs généraux des ponts, des eaux et des forêts. Il a été remis à la ministre de l'Environnement Ségolène Royal, et devait être mis en ligne mardi après-midi.

La ministre avait, mi-janvier, chargé ces trois experts d'examiner les alternatives ou solutions "complémentaires" à ce projet d'aéroport, vieux de 50 ans, qui oppose riverains, opérateurs, élus, défenseurs de l'environnement. "Les différents scénarios étudiés se résument, après analyse critique, en un choix entre une modernisation de Nantes Atlantique et un aéroport sur le site de Notre-Dame-des-Landes redimensionné à une seule piste au lieu des deux prévues", concluent trois mois plus tard les trois ingénieurs.

Leur synthèse d'une soixantaine de pages (plus annexes), est basée notamment sur les nombreuses études déjà réalisées. Parmi celles-ci, celle de la "commission du dialogue", qui en 2013 avait déjà émis des réserves. Pour ces experts, qui ont aussi étudié les autres sites possibles, le choix de Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes, "apparaît encore comme un compromis acceptable, malgré des difficultés à ne pas sous-estimer".

Renouer le dialogue

Le site, gelé depuis 1973 en vue de la construction, "accueille une biodiversité riche et variée mais insuffisante pour justifier un zonage réglementaire de protection", estiment-ils. "Au lieu d'un projet à deux pistes de 3.600 m, dont l'une à 60 m de largeur, qui était celui d'un aéroport à vocation intercontinentale, la mission suggère de retenir un projet à une seule piste de 2.900 m de longueur et 45 m de largeur, jugée suffisante pour les besoins d'un trafic essentiellement intra-européen".

Cette révision à la baisse réduirait la consommation d'espace d'environ 200 hectares, sur quelque 600 prévus actuellement. Cependant, la transformation de Nantes Atlantique reste une autre option possible, soulignent les auteurs : "l'agrandissement de l'aérogare est possible, et la rénovation de la piste est nécessaire". Mais "les questions de bruit resteraient prégnantes". Et la nécessité de maintenir l'aéroport ouvert pendant les travaux pourrait "peser sérieusement" sur les coûts.

La facture s'élèverait à environ 300 millions d'euros pour un objectif de 7 millions de passagers annuels (4,4 millions en 2015), un chiffre qui n'inclut pas l'impact du chantier sur l'activité aéroportuaire. Pour autant, se pose dès aujourd'hui la question de la mise en conformité des procédures d'atterrissage sur la piste, qui avait été suspendue dans la perspective du transfert fin 2017, disent les trois ingénieurs.

Or, quelle que soit la décision finale, "il est maintenant évident que l'exploitation de Nantes Atlantique se poursuivra bien au-delà de cette échéance", souligne le rapport.

Ce texte vise à "nourrir le débat", selon le ministère, en vue du référendum promis par François Hollande. A ce stade, la consultation est fixée au mois de juin, a annoncé Manuel Valls, qui vise un début des travaux de l'aéroport en octobre 2016 en cas de victoire du "oui".

Mais son périmètre (le seul département de Loire-Atlantique) mécontente en particulier les opposants au projet, et l'ordonnance n'est toujours pas sortie.

"L'idée de ce rapport, malgré les critiques, est de regarder à fond, en vérité, et de façon impartiale, les alternatives, et répondre à toutes les objections pour renouer le dialogue", explique Ségolène Royal, qui affiche "(sa) méthode":

écouter pour agir juste et voir clair".


La ministre, qui n'a jamais caché son scepticisme à l'égard du projet actuel, rappelle le compromis obtenu lors de la crise du barrage de Sivens (Tarn), un travail de médiation salué par la sphère environnementale.

"Des solutions ne sont pas impossibles, même si c'est difficile. On va voir si ça marche aussi pour Notre-Dame-des-Landes", soulignait-elle il y a quelques semaines.
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