Trois jours après l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, les opposants ont répondu favorablement à une exigence du gouvernement. Ils ont annoncé la libération de la D281, une route d'accès à la Zad entravée de chicanes depuis cinq ans.
L'Acipa, association d'opposants institutionnels, a invité ses adhérents "à venir lundi 22 janvier, dès 10h au "Lama Faché" autour d'un café, pour reboucher les trous et enlever les chicanes", écrivent ces opposants dans un document intitulé "invitation à chantier collectif sur la D281".
La libération des routes traversant la zone de Notre-Dame-des-Landes a fait débat au sein du mouvement anti-aéroport. Ce dénouement à l'amiable va marquer un début de retour à la normalisation de la ZAD et à l'État de droit.
Prendre cette décision, c'est sûr, n'a pas été facile et ce n'est pas seulement de gaieté de coeur que nous voulons transformer cette route" mais "c'est parce que nous pensons un futur commun et avons confiance dans notre force collective que nous vous appelons à faire ce chantier entre 'nous', sans la presse, écrit l'Acipa.
Pour l'association, "cette route était et restera un symbole de notre résistance commune, et c'est tous ensemble que nous mettons en oeuvre son usage partagé, puisqu'il n'y aura pas d'aéroport". Elle a salué comme "une "formidable victoire" et "un signe fort pour toutes les autres luttes" l'abandon du projet d'aéroport.
L'association met toutefois en garde contre d'éventuelles expulsions des occupants de la ZAD. "Nous portons ceci collectivement, et collectivement nous pourrions revenir sur cette décision si des menaces d'expulsion venaient à se concrétiser, en refermant cette route et les autres traversant la ZAD", écrit-elle.
Circuler "tranquillement"
Pour que les automobilistes puissent de nouveau circuler "tranquillement" sur la route, "il y aura immédiatement des ralentisseurs provisoires, puis par la suite des ralentisseurs pérennes, et des voies de passage seront créées pour nos amis tritons, salamandres et autres habitants du bocage", annonce l'Acipa en appelant à un rassemblement "avec pique-nique, pelles, gants, fourches, grands sacs de ferme et volonté".
La route des chicanes a été fermée en 2013 par les autorités. Elle a été ensuite obstruée par divers obstacles (pneus, épaves de véhicules, barricades en tous genres) et "gardée" quasiment en permanence depuis des cabanes et miradors. Sa libération fait débat depuis de longs mois au sein du mouvement anti-aéroport.
Le Premier ministre Édouard Philippe a sommé mercredi les opposants de rendre les routes bloquées "à la libre circulation de tous", faute de quoi les forces de l'ordre "procéderont aux opérations nécessaires". Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a demandé jeudi matin que ce soit fait "d'ici la fin de la semaine prochaine".
Ils devront "dégager la route" et "s'ils ne le font pas d'eux-mêmes, les gendarmes iront la dégager", a déclaré la préfète de la région Pays de la Loire, Nicole Klein, fixant l'échéance au "milieu de semaine prochaine".
La médiation, privilégiée par les autorités semble avoir prévalu, et les forces de l'ordre discrètement déployées depuis jeudi matin, n'auraient finalement pas à intervenir.
La route "des chicanes" libérée, les discussions s'annoncent plus longues sur le devenir des terres de la zone, notamment sur les "5/600 hectares" selon le maire (sur 1.650), où les zadistes ont lancé des projets agricoles.
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, a proposé jeudi sur Sud Radio d'assigner ces terres à la production de produits bio ou de qualité, pour alimenter la restauration collective régionale.
Les occupants de la ZAD se disent "prêts à négocier" avec l'État sur le futur projet de territoire agricole mais ont répondu à l'ultimatum d'Édouard Philippe, qui a donné jusqu'au 30 mars, fin de la trêve hivernale, pour évacuer les lieux, par un "refus de toute expulsion".
"Nous discuterons avec tout le monde, par principe, à une condition cependant : tous ceux qui ne seront pas détenteurs d'un titre de propriété pour leur terrain à la fin de la trêve hivernale devront être partis", a répondu samedi le porte-parole du gouvernement à Ouest France. "S'ils ne sont pas partis au 31 mars, ils seront expulsés", a-t-il insisté.