"Il n'est jamais trop tard pour agir" : face à l'urgence climatique un plan d'urgence lancé pour s'adapter à la fonte des glaciers

Les glaciers des Pyrénées, comme de nombreux autres en France, sont menacés par une fonte accélérée due au réchauffement climatique et amenés à disparaître dans les prochaines années. Face à cette situation alarmante, le gouvernement a dévoilé, jeudi 21 novembre, un plan d'urgence pour anticiper les risques liés à leur disparition.

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L'annonce se veut à la hauteur de l'urgence. Jeudi 20 novembre, la ministre de la Transition écologique, a présenté, un plan d'action visant à la fois à protéger les glaciers et leurs écosystèmes, tout en anticipant les aléas liés à leur fonte. À l'occasion d'un déplacement à Chamonix-Mont-Blanc, Agnès Pannier-Runacher a détaillé ce programme en trois volets, censé aider le pays à se préparer à un futur marqué par une hausse de 4°C des températures d’ici la fin du siècle.

Mesures d'urgence

"Qu'on se le dise, les glaciers sont condamnés, et c'est notre génération qui va les voir mourir." Ces mots, lâchés sans détours par le directeur du Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariégeoises, résonnent avec les annonces gouvernementales. Depuis une douzaine d'années, Matthieu Cruège, accompagné d'une équipe de chercheurs, observe lors d'expéditions, l'évolution du sommet d'Arcouzan, l'un des plus petits glaciers de la chaîne pyrénéenne et aussi l'un des plus difficiles d'accès. Comme la quasi-totalité des 500 à 600 autres comptabilisés en France, ce glacier est durement touché par le dérèglement climatique. "Il perd à la fois en surface et en épaisseur, on ne sait pas s’il verra 2040, indique Matthieu Cruège. Il est destiné à disparaître."

Dans ce contexte préoccupant, le directeur a tenu à analyser rigoureusement chacune des mesures du plan d'action. Parmi ses axes prioritaires, la prévention des risques liés à la fonte des glaciers, notamment des dangers posés par les lacs glaciaires, qui peuvent se rompre et entraîner des crues violentes en aval. Le gouvernement promet de renforcer les mesures de surveillance et de sécurisation dans les zones à risques. Selon les glaciologues, la France compte seulement "une petite poignée" de glaciers considérés comme potentiellement dangereux pour les populations installées en aval. Des opérations de vidange de lacs glaciaires dans le Mont-Blanc, les Hautes-Alpes ou au-dessus de Tignes (Savoie) ont déjà été menées dans le passé.

Aider les petites communes montagnardes

Du côté du sommet d'Arcouzan, "pas d'inquiétude particulière". "C’est un glacier très petit, enchâssé dans une vallée en altitude, note le directeur du Parc Naturel Régional. En dessous, les impacts possibles sur les activités humaines apparaissent limités." En revanche, Matthieu Cruège insiste sur la nécessité de protéger "les petites communes montagnardes", elles aussi très touchées par le dérèglement climatique. "Avec moins de 1000 habitants, elles n'ont ni les moyens financiers, ni humains, de faire face à ces enjeux." 

Cet élément fait partie des axes clés du projet d'action du gouvernement avec l'augmentation des financements à travers le Fonds Avenir Montagnes et la hausse du Fonds Barnier de 30 % par rapport à l'année dernière, destiné à aides les territoires à se préparer aux risques. La ministre a toutefois reconnu l'absence d'une "enveloppe réservée à la montagne" puisque "la nature des risques va aussi dépendre des événements climatiques auxquels sera confronté l'ensemble du territoire national".

Protéger la biodiversité

Enfin, le plan s'attache à la protection des espaces naturels amenés à apparaître après la fonte des glaciers, qui laisseront derrière eux des terrains vierges, susceptibles d’accueillir une biodiversité nouvelle.  "La forêt primaire qui va émerger peut être un atout exceptionnel pour notre pays, et nous avons tout intérêt à la préserver", souligne Agnès Pannier-Runacher. Elle prévoit ainsi de placer ces nouvelles zones sous protection forte, pour favoriser la régénération des écosystèmes.

Une question cruciale pour Matthieu Cruège. "Toutes les projections montrent qu'il y aura un impact du dérèglement climatique dans les Pyrénées, sur les milieux naturels ainsi que sur la faune et la flore", rappelle-t-il. Selon les études réalisées, la forêt pousse plus vite et plus haut, avec des phénomènes liés aux activités pastorales. Il faudra en tenir compte pour la gestion forestière, ce qui rejoint la question des risques liés aux ressources en eau et aux incendies."

Dans les Pyrénées, la neige déstockée au printemps, permet de maintenir un niveau d'eau dans la Garonne. Moins de neige, signifie moins de fonte, et donc moins d’eau avec un impact sur les cours d'eau en aval.

Matthieu Cruège

directeur du parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises

Un plan qui arrive trop tard ?

Les massifs des Alpes et des Pyrénées sont particulièrement vulnérables au réchauffement, avec des températures qui ont déjà augmenté de 2°C au XXe siècle, contre + 1,4°C dans le reste de la France. Les glaciers français ont perdu 25 % de leur superficie en un demi-siècle et, à ce rythme, les scientifiques considèrent qu'il n'y en aura plus ou presque plus d'ici 2100. "Nous mesurons tout ce que nous avons à perdre si nous n'agissons pas dès maintenant, a déclaré la ministre. Alors que l'année 2025 sera l'année internationale de la conservation des glaciers, l'heure est à l'action."

Ces mesures d'urgence donc, interviennent dans un contexte déjà critique pour les glaciers. "À partir du moment où l’on veut accompagner cette fonte, il aurait fallu commencer il y a des années", déplore Matthieu Cruège. Il n’est jamais trop tard pour agir, mais la question de la temporalité et des moyens est cruciale, plus on tarde, plus cela coûte cher." Le Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariégeoises a, de son côté, partagé une stratégie territoriale d'adaptation au changement climatique, dans l'objectif d'aider les communes à s'adapter au climat de demain.

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