Les événements de mardi sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes, qui ont coûté une main à Maxime, un jeune étudiant, ont réveillé de douloureux souvenirs chez Robin. Le 15 août 2017, le jeune homme de 27 ans était grièvement blessé au pied par une grenade GLI F4.
"C'est vraiment affreux de penser à ce qu'il endure"...Quand on lui demande comment il va après les incidents de mardi sur la Zad, Robin avoue que ces dernières nuits ont été difficiles.
Comme Maxime, qui a eu la main arrachée mardi à Notre-Dame-des-Landes, Robin a été la victime d'un tir de grenade GLI F4. C'était en août 2017, à Bure dans la Meuse. Le jeune homme de 27 ans participait à un rassemblement sur le site contre le projet Cigéo d'enfouissement des déchets radioactifs."J'ai fait des cauchemars toute la nuit, cette nuit, l'autre d'avant…"
"Des séquelles et des douleurs à vie"
Neuf mois après, Robin garde les traces psychologiques et physiques du drame.
Il a eu le dessus du pied gauche arraché "sur un diamètre de 13 cm, d’une profondeur de 3cm par la déflagration". Le jeune homme a subi une nouvelle opération il y a 15 jours, "la dernière peut-être", espère-t-il, mais il sait qu’il conservera des "séquelles et des douleurs à vie".
Une vie qui bascule et se modifie en conséquence. Ce père de deux jeunes garçons de 2 ans et 4 ans ½ n’a ainsi pas pu porter ces enfants pendant des mois. "La blessure m’a séparé de mes enfants pendant six mois, ça a été particulièrement dur pour l’aîné »."De voir son corps mutilé, tous les jours, on se dit "c'est pas possible, je n'y crois pas" tous les jours j’imagine ce que j’aurais pu faire sans ça", raconte Robin, "le traumatisme est celui de la violence vécue et de la douleur".
Paysagiste à son compte, il n’a également pas pu reprendre son activité professionnelle, "si je marche deux heures dans la journée j’ai super mal, je ne parle pas de pousser une brouette ou de creuser des trous pour planter des arbres…"
Malgré cela, Robin poursuit le combat.
Mercredi soir, il a pris la parole pour Maxime à l’occasion d’un rassemblement devant le commissariat de Dijon.
"Cette main, que l'explosion lui a arrachée sur le coup, l'État lui a volé pour prix de son combat, pour prix de notre combat. Dans les dernières décennies, la militarisation du maintien de l'ordre a fait couler trop de sang", a-t-il écrit dans une lettre qu’il a lue devant le commissariat dijonnais.
Le mot "combat" reste aujourd’hui très présent dans le discours de Robin. Le jeune homme le mène sur trois fronts.
Il souhaite également le retrait des forces de l’ordre de la Zad, "c’est une opération complètement irresponsable d’envahir la Zad en envoyant des tas de grenades""Je souhaite qu’il y ait une plus large médiatisation de ce genre de drame".
Enfin, Robin souhaite aussi très fermement "le retrait de trois armes : les grenades de désencerclement, les flashballs et les grenades GLI F4", dont Maxime et lui ont été les victimes, précisant que "les GLI F4 peuvent faire des cratères de 1m de diamètre".
"Quand on regarde la fiche des GLI F4 sur internet, il est dit qu'elles ont un simple effet assourdissant et irritant en raison des gaz qu'elles contiennent", explique Robin, " je pense qu'il y a beaucoup de travail fait pour masquer les vrais effets de la GLI F4.
Le 15 août dernier à Bure le jeune homme raconte qu'il n'a "rien vu venir" lorsqu'il a été touché par ce type de grenade.
"C'est l'explosion qui m'a fait descendre le regard sur mon pied, qui avait les os à l'air"
"J'ai vu deux grenades exploser, avant d'être moi-même blessé. Une notamment à hauteur de visage".
"C’est de la folie de meurtrir les gens comme ça, je pense qu’aujourd’hui aucun Français ne sait ce qu’il se passe vraiment avec ces grenades" estime Robin, "le but c’est de terroriser les manifestants".