La petite famille de Rezé, près de Nantes avait un rêve, la pandémie de coronavirus l'a transformé en cauchemar

"Soyez positives leur disent des proches, vous êtes rentrés et en bonne santé". Oui mais le rêve de voyage, de paysages, de rencontres s'est rapidement transformé en cauchemar à l'autre bout du monde et les ennuis continuent. La cause : le coronavirus.

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Pour Marie,* c'était "le rêve d'une vie". Ce projet, elle y pensait depuis des années. 

Alors, avec sa compagne Coline*, elles ont pris la décision : ce sera pour début 2020.

Et les deux femmes d'une quarantaine d'années partiront avec les deux enfants de 6 et 9 ans. "L'idée était de faire un break dans nos vies, raconte Marie et de prendre du temps en famille, d'aller voir comment ça se passe ailleurs."
 

De l'Asie à l'Amérique

Partir six mois autour du monde en commençant par l'Asie puis l'Océanie et enfin l'Amérique. Départ début février pour un retour courant août.

Et le rêve a commencé le 7 février par les Philippines, eau bleue, sable chaud. Comme sur les images des guides touristiques. 

"On est allé d'île en île" raconte Marie qui garde encore un souvenir lumineux de cette première partie du voyage. Mais ça n'a pas duré longtemps. "On entendait parler du coronavirus, on nous prenait la température quand on partait d'une île vers l'autre. Il y avait des petits signaux mais ça ne nous a pas alertées."

Les choses sont devenus un peu plus sérieuses une fois arrivées au Cambodge. Des amis devaient les y croiser mais ils n'ont pas pu les rejoindre, bloqués par ce qu'on n'appelait pas encore le covid-19.
 

Hôtel vide, temples déserts

Rapidement, les lieux se vident des touristes. De fait, l'hôtel où la petite famille est installée est presque inoccupé. Ils sont les seuls. 

"Les temples étaient déserts, se souvient Marie, on en a profité, c'était agréable. "

Mais la réalité a fini par s'imposer. Bien moins idyllique. L'agence qui leur a vendu le billet "Tour du Monde" les contacte pour leur dire qu'il vaut mieux rentrer. 
Ne souhaitant pas faire prendre de risques aux enfants, les deux femmes prennent la décision d'anticiper d'un mois leur départ vers l'étape suivante et le 16 mars, les globe-trotteurs atterrissent en Australie. Pile le jour où ce pays décide de confiner tous les étrangers débarquant sur leur île. 14 jours de confinement et pas question de s'en affranchir, l'amende, se souvient Marie, était de 10 000 dollars australiens, environ 5 800 € !

Les deux adultes et les deux enfants se retrouvent donc confinés dans un appartement, certes confortable, mais ce n'est pas comme ça qu'ils envisageaient l'Australie.

"On a compris que c'était la fin de notre voyage, souffle Marie. On s'est senti super seul, à l'autre bout du monde. On a appelé l'ambassade de France, ils ne savaient pas quoi nous dire." En gros : débrouillez-vous.

Commence alors la recherche d'une solution pour rentrer. Un billet est acheté sur un vol de la compagnie Emirates. 2 615 €. Le retour se dessine. Mais le vol est annulé. Et les billets ne sont pas remboursés.

La famille doit rester plus longtemps que prévu en Australie. Le prix de l'appartement où elle est logée grimpe. De 350 € pour les cinq premières nuits, on passe à 1 400 € pour les neufs nuits suivantes. Le coronavirus n'est pas une calamité pour tout le monde.
 

Ambassade de France et services australiens en totale contradiction

Viennent aussi les messages contradictoires qui ajoutent au stress des deux adultes. D'un côté, le service de l'imigration australien leur interdit de quitter leur confinement avant les 14 jours de quarantaine, de l'autre, l'ambassade de France les enjoint à partir dès que possible. Mais sans donner de solution de rapatriement.

Marie et Coline trouvent un billet de retour via une compagnie qatarie. Mais il coûte une fortune, 15 000 €. Impossible. 

"Et puis, raconte Marie, on a pris un billet pour le 12 avril à 2 978 €. Mais l'ambassade a fini par nous appeler un mercredi et nous dire qu'il y avait un vol de rapatriement pour le lendemain, le 2 avril."

Que faire ? Faire les bagages et prendre le vol de demain, sachant qu'il coûtera 3 400 € ou ne pas payer ce nouveau billet et attendre le 12 avril, avec le risque de voir ce vol être annulé ?

Les deux femmes choisissent la sécurité et prennent le vol de rapatriement du 2 avril.
 

Sans travail, sans maison

La petite famille a pu rentrer. Coût total de ce voyage retour avec les vols annulés et non remboursés : près de 9 000 €. Sans compter le surcoût du logement. Et le billet "Tour du Monde" à peine entamé avait coûté 12 000 €. Mais tout le monde est de retour et en bonne santé.

Seulement, les problèmes ne s'arrêtent pas là. Marie et Coline se sont mises en disponiblité dans leurs emplois respectifs. Plus de revenus. Plus de voiture non plus, elles l'avaient vendue. Quant à leur logement, elles l'avaient mis en location pour la durée prévue de leur voyage, jusqu'à début août.

"Heureusement, le locataire est parti se confiner en Bretagne, précise Marie, mais il doit revenir le 11 mai." Et là, pas de solution.

Les deux femmes vont tenter de trouver du travail et montent un dossier pour obtenir des aides, pour essayer d'être remboursées. Rien n'est gagné. Autour d'elles, on essaye de souligner le bon côté des choses, le retour de tous et sans virus. 

Et il reste quelques photographies pour se souvenir.


*A la demande de la famille qui souhaite garder l'anonymat, les prénoms ont été changés.





 
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