Quatre opposants au projet de surf à Saint-Père-en-Retz sont jugés ce 23 mars au tribunal correctionnel de Saint-Nazaire. Notamment accusés de violences à l'encontre d'un agriculteur lors de l'occupation du terrain destiné au Surf park, les prévenus dénoncent un procès politique.
Quatre opposants au Surf park de Saint-Pierre-en-Retz (Loire-Atlantique) sont jugés au tribunal correctionnel de Saint-Nazaire ce 23 mars. Ils devront répondre de faits d'occupation illicite d'un terrain en vue d'y établir une habitation même temporaire, et de violences volontaires en réunion et avec menace ou port d'une arme pour trois d'entre eux, faits qui remontent au 20 juillet 2019. Ce jour-là, un agriculteur partisan du Surf park avait été blessé à la tête lors de heurts avec les détracteurs.
"Si la justice est impartiale, nous ne devrions pas être condamnés, souligne l'agriculteur Yoann Morice, l'un des quatre prévenus. Pour lui, toute la procédure relève du procès politique. "Le dossier est hallucinant, c'est bidon, poursuit ce membre du collectif paysan Terre commune, adepte de la permaculture. On nous fait passer pour des gens violents alors que ce sont les agriculteurs qui sont venus à notre rencontre pour nous expulser. C'est lorsqu'ils ont voulu passer en force que ça a dégénéré, sous la complicité active de la gendarmerie, qui a attendu que les choses s'enveniment pour enfin intervenir !"
Le surf park de la discorde
Le 20 juillet 2019, une quarantaine de militants écologistes débutaient l'occupation du terrain dédié au Surf park, à Saint-Père-en-Retz, avec la construction de cabanes pour un "week-end de résistance".
Craignant l'implantation d'une ZAD, une trentaine d'agriculteurs affiliés à la FDSEA 44 et d'élus locaux, défenseurs du projet, vinrent à leur rencontre accompagnés d'un camion-citerne rempli de trois tonnes de lisier.
Sous l'œil des gendarmes, la discussion dérapa peu à peu vers l'affrontement physique et le propriétaire du terrain fut blessé à la tête et évacué en civière.
Pour Yoann Morice, les gendarmes ont pris parti tout au long de l'enquête. La trentaine d'agriculteurs mobilisés ce jour-là pour expulser les opposants au Surf park n'ont jamais été entendus par les forces de l'ordre. "Cette milice n'a jamais été convoquée et les gendarmes n'ont cessé de nous poser des questions orientées lors de nos auditions," regrète le militant.
L'audience devrait débuter à partir de 14 heures au tribunal correctionnel de Saint-Nazaire. Un pique-nique est organisé dès 13 heures suivi d'un rassemblement, devant le parvis du tribunal judiciaire, en soutien aux prévenus mais aussi aux zadistes mobilisés contre le projet de grand port, expulsés ce matin du 23 mars du site du Carnet, à Frossay.
Sur mon instruction et suite aux décisions de justice, le @prefet44 évacue depuis ce matin la zone illégalement occupée du Carnet, près de Paimboeuf à Saint Nazaire.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) March 23, 2021
Merci aux forces de la @gendarmerie mobilisées pour faire respecter l’état de droit. pic.twitter.com/oTS4HIh6cy
"Si nous sommes condamnés à des peines, ça serait sans précédent : ça voudrait dire que les juges reconnaissent que nous ne sommes pas en État de droit en France, que n'importe quel groupe de particulier peut procéder par lui-même à une expulsion en toute impunité. Et ça c'est grave."