Le Carnet, en Loire-Atlantique : "Nous appelons à la résistance", une ZAD contre le projet du Grand port

Après un week-end de mobilisation fin août sur le site du Carnet, des militants écologistes ont investi les lieux avec des barricades pour empêcher le début des travaux. Le collectif "Stop Carnet" veut se mobiliser jusqu'à l'abandon définitif du projet.

"Nous sommes la Loire qui se défend !" Après un week-end de mobilisation, les militants ont investi le site du Carnet, situé entre Frossay et Saint-Viaud en Loire-Atlantique. Leur but ? Empêcher le début des travaux qui devaient commencer lundi 31 août, première étape de l'extension du Grand Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire. 

A l'origine de l'opposition au projet, le collectif "Stop Carnet" se bat pour la prise en compte des enjeux environnementaux. Le parti Europe Ecologie Les Verts plaide aussi pour un arrêt du projet.

Près d'un quart de la zone naturelle du Carnet est menacée par l'artificialisation du site, soit 110 hectares. Le béton et les pelleteuses risquent de détruire une part considérable de la biodiversité, et c'est bien ce qui inquiète Gabriella Marie, membre du collectif.

Depuis quand êtes-vous membre du collectif "Stop Carnet" ?

A la base je suis une simple habitante de Paimboeuf, j'y vis depuis 10 ans. Fin 2019, j’ai appris cette histoire du Grand port à l’occasion d’une réunion d’information. Je ne connaissais absolument pas le Carnet, je ne savais même pas que ça existait ! A l’occasion de la réunion, nous avons visité le site et j’ai été tellement pénétrée par la beauté de ce lieu... On m’a expliqué les espèces protégées et je me suis dit : ce n’est pas possible. C’est bien beau de s’indigner mais soyons cohérents : si on s’indigne il faut agir. Ensemble, nous avons créé un collectif intergénérationnel, de toute mouvance et de toute profession.



Pourquoi êtes-vous opposée au projet du grand Port ?

Je suis extrêmement engagée pour la cause animale et ce qui m’a accablée, avec ce projet, c’est la centaine d’espèces qui sont menacées. Les oiseaux migrateurs viennent se poser pour prendre des forces là-bas, c’est un couloir migratoire. C’est cela qui m’a animée d'abord. La deuxième chose, ce sont les zones humides avec le risque de submersion avéré. Cela a fait l'objet d'un cri d'alerte de la part de l’Agence Européenne de l’Environnement qui a dit attention : toute la zone de Saint-Nazaire sera submergée bientôt avec la montée des eaux et la crise climatique. Le ministère de l’écologie a aussi prévenu que les zones humides et les marais sont extrêmement importants pour la biodiversité. Ce qui m’anime, c’est effectivement la cause animale et notre Terre ; qu’est-ce qu’on va laisser à nos enfants, à nos petits-enfants ? C’est essentiel. 
Qui a décidé de monter les barricades et d’occuper les lieux ?

Pour le collectif "Stop Carnet", il n’était pas question d’une ZAD – moi j’appelle ça une ZAP, une Zone A Protéger. Nous ne sommes pas à l’initiative des barricades mais nous sommes extrêmement ravis du soutien de ceux qui les ont faites, vraiment. Mais on ne leur a pas dit : "Allez-y, allez poser vos barricades !". On ne s’y attendait absolument pas. Nous sommes ravis que les gens, tout à coup, aient été saisis de cette urgence à protéger cette île du Carnet, parce que c’est une île. Je suis ravie de ce soutien et j’espère qu’il y en aura d’autres, parce que je pense que cette lutte sera longue, et peut-être douloureuse !


A part les membres du collectif, qui est présent à la ZAD ?

Il y a des gens de toute province qui sont venus, des militantes féministes, des gens de Montréal, des locaux… Le week-end du 29 et 30 août il y avait le festival Zadenvies à Notre-Dame-des-Landes, et qui a été un grand succès. Certains ont décidé de rejoindre notre rassemblement pour apporter leur soutien, ce dont nous sommes absolument ravis. Il y a aussi Extinction Rebellion, ATTAC… Ce qui nous rejoint tous, c’est d’arrêter de fracasser la planète et de massacrer les animaux. 


Cette occupation du site va-t-elle durer ?

Nous appelons à la résistance. L’urgence, à l’heure actuelle, c'est d'empêcher les bulldozers. Ils ont jusqu’au 20 septembre pour éradiquer des plantes invasives. Ensuite la résistance va perdurer jusqu’à l’abandon de ce projet, c’est évident. On ne veut pas que ce carnage ait lieu. C'est clair et net : ça va durer, oui, et ce sera long.

► Le reportage de notre rédactionDepuis l'installation de la ZAD, le département de Loire-Atlantique a porté plainte pour dégradation de la route, des voitures de gendarmerie circulent dans les environs et la région Pays de la Loire a exigé le départ des occupants de cette "Zone à défendre".
    
"On ne peut pas aujourd'hui tolérer qu'une nouvelle zone de non-droit s'installe dans la région, on ne va pas laisser des groupuscules extrémistes s'installer sur une propriété qui est privée", a déclaré mardi à l'AFP la présidente de région Christelle Morançais (LR), qui est aussi présidente du conseil de surveillance du port.
Le Carnet, une terre de contestation

Dans les années 90, des mobilisations sont déjà organisées pour éviter la construction d'une centrale nuléaire. La protestation de milliers de manifestants fait avorter le projet.

En décembre 2019, c'est une zone industrielle qui nourrit la colère des écologistes. Ces derniers dénoncent l'artificialisation qui menace la zone naturelle en bord de Loire.
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