Grève des remorqueurs à Saint-Nazaire, trois officiers réquisitionnés par la préfecture

L’activité du port de Saint-Nazaire est perturbée depuis le 17 octobre, en raison d'une grève des officiers de la compagnie privée Boluda. Plusieurs bateaux sont en attente au large, faute de remorqueurs pour entrer dans le port, d'autres ont été déroutés. La préfecture a pris un arrêté de réquisition.

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Pétrolier, gazier ou encore cargo, 14 bateaux étaient mardi en attente pour entrer dans le port de Saint-Nazaire, en raison de la grève des personnels de la compagnie privée de remorquage Boluda. 

La préfecture de Loire-Atlantique a publié un communiqué de presse ce mercredi 23 octobre dans lequel elle précise que "les éléments d’information communiqués par l’entreprise Boluda le mardi 22 octobre confirment l’impossibilité d’assurer la présence d’un nombre d’officiers suffisant pour armer trois remorqueurs – un seul remorqueur pourrait en effet être en activité le 23 octobre – et répondre à ces besoins prioritaires".

Par conséquent, le préfet de la Loire-Atlantique a décidé de prendre "un arrêté de réquisition de 3 officiers, permettant une activité minimale, à partir du mercredi 23 octobre".

Pour le délégué des officiers, Matthieu Porcher, il s'agit d'une "réquisition abusive" et "uniquement commerciale"  car, selon lui, la réquisition ne peut être motivée que par "trouble de l'organisation du fonctionnement de l'État".

Il indique vouloir contester cette réquisition auprès du tribunal administratif. Mais bien sûr s'y conformera.

La préfecture précise que "faute de chargement de fioul le mercredi 23 octobre, l’usine Total de Donges serait contrainte d’enclencher une phase d'arrêt de la raffinerie".

En ce qui concerne le terminal gazier Elengy, deux navires ont été déroutés vers Rotterdam. "L’entreprise serait amenée à arrêter d’émettre le 27 octobre, alors que nous sommes actuellement en période de stockage de gaz à l’approche de la période hivernale", déplore la préfecture qui précise que d'autres entreprises du bassin sont impactées par ce mouvement, notamment dans l'agro-alimentaire.

Une précédente réquisition avait déjà eu lieu en 2017 pour assurer le terminal stock stratégique en carburant.

En grève depuis le 17 octobre

Le conflit actuel dure depuis le 17 octobre et concerne exclusivement les officiers dont 90 % s'affichent en grève, d'après la CGT, syndicat majoritaire. Selon le syndicat, les négociations sur les salaires sont l'occasion pour la direction de passer en force et imposer son rythme. 

"On était parti avec la direction sur une négociation locale ; depuis la direction a signé un accord avec nos collègues de Marseille et veut aujourd'hui imposer cet accord à tous les autres ports français, explique Matthieu Porcher, officier et responsable CGT.

"Ce sont des négociations auxquelles on n'a pas participé et auxquelles on aurait aimé apporter nos différences. On espérait pouvoir entamer des négociations avec la direction sur la base de nos chiffres, de notre station".

Autre point de conflit majeur, la direction veut mettre en place des négociations biannuelles. "On refuse clairement cet accord qui va à l'encontre du droit syndical."

14 navires bloqués au large

Pour l'heure, les six remorqueurs de Saint-Nazaire restent à quai. Un remorqueur de sécurité, avec son équipage, deux officiers et deux marins, reste mobilisable à tout moment pour les missions d'urgence.

Une réunion a bien eu lieu lundi 21 octobre entre la direction et les grévistes, mais elle s'est soldée par un échec. Le conflit pourrait bien s'installer dans la durée.

"Ça peut continuer longtemps parce que les conséquences pour nous sont importantes, parce que ça va clairement définir nos négociations à venir. Et pour le port, ça peut commencer à être très problématique", ajoute l'officier. 

Le port de Nantes Saint-Nazaire confirme que 14 navires sont actuellement en attente au large, avec de nombreuses escales annulées et détournées. Selon nos informations, un navire gazier arrivé samedi a été détourné sur le port d'Anvers.

Les autorités portuaires précisent avoir envoyé un courrier à la société Boluda, "pour les alerter de la gravité de la situation, notamment pour les filières énergies et agro-alimentaires".

Contactés par France 3 Pays de la Loire, les responsables de Boluda n'ont pas souhaité s'exprimer.

Une réunion afin de trouver un accord était prévue ce mercredi, Matthieu Porcher nous a précisé ce mercredi matin qu'elle était annulée au vu de l'annonce de la préfecture.

Le reportage de Vincent Calcagni, Antoine Ropert et Marie-Catherine Georgelin

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