Fuite de carburant à la raffinerie de Donges en 2022 : Total, la préfecture et les associations de riverains ont une lecture différente des conséquences

Le 21 décembre 2022, plus de 700 m3 d'hydrocarbures s'échappaient du bac P551 et envahissaient l'eau, le sol et l'air. Si l'industriel a procédé à des interventions qui ont permis de maîtriser la pollution et traiter les matières souillées, les riverains demeurent inquiets sur l'air qui a été respiré suite à cet accident industriel.

C'était le 21 décembre 2022, vers 20h. Le bac de stockage P551 laissait s'échapper 770 m3 d'essence( Naphta).

L'hydrocarbure se propageait aussitôt dans le sol et les eaux apparentes ou souterraines et dans l'air. 

Le 12 janvier dernier, un bilan était fait en préfecture, à l'occasion de la commision de suivi de site de la raffinerie TotalEnergies de Donges.

La préfecture indiquait que l'industriel avait procédé à la réparation de la fuite et avait pris des mesures de dépollution. Ainsi,'' plus de 11 000 tonnes de terre potentiellement souillées ont été excavées et doivent être traitées''. La commission estime que la quasi totalité du produit hydrocarbure aura été récupérée.

Quel air respirons nous à Donges et autour ?

Si les associations estiment que l'accident industriel est dû à un défaut de maintenance, elles ont pu être rassurées par les différentes interventions et analyses autour de l'impact sur le sol concerné. Le suivi des eaux souterraines en aval immédiat du site de l'accident ne détecte plus d'hydrocarbures.

Mais l'inquiétude demeure quant à l'air respiré au moment de l'accident et durant les jours qui ont suivi.

Un air potentiellement impacté par les hydrocarbures en fuite (notamment le benzène, volatile et cancérigène) mais aussi par des produits utilisés pour maîtriser cette fuite : 88 m³ d'une mousse anti-incendie maintenus au sol durant la récupération de l'essence (ce qui a permis de réduire de 90 % les émissions dans l'atmosphère), une matière qui pourrait laisser dans l'air des composants persistants appelés PFAS.

TotalEnergies et Air Pays de Loire ont effectué différentes mesures sur le secteur de Donges.

Si certaines présences supérieures à la norme ont été détectées durant la durée de l'accident, estimée à 7 jours, en benzène notamment, à l'extérieur du site de la raffinerie, a posteriori, la valeur règlementaire sur la qualité moyenne annuelle de l'air ambiant n'a pas été dépassée. 

Mais les associations discutent certaines conditions de captation. Par exemple, certaines mesures de l'air ont été réalisées à 18 m de haut sur la station météo de TotalEnergies en lieu et place de celle de l'aéroport de Montoir, dont les capteurs sont à 10 m de haut, et font référence habituellement.

Pour ces associations, les chiffres relevés auraient dû inciter l'entreprise à rendre le masque obligatoire pour les salariés, encore plus exposés que la population de par leur présence sur le site industriel.

Comment faire parler les chiffres ?

L'absence d'antériorité de certaines mesures sur le site et autour de la raffinerie de Donges rend difficile l'interprétation des résultats et donc le verdict des autorités.

''Sur les eaux et les sols, les actions engagées ont permis de maitriser les fuites, et sur l'air, la concentration de benzène est restée inférieure à la valeur guide sur le bourg de Donges, exceptée au sud du stade où la concentration moyenne a atteint une à deux fois la valeur guide, explique TotalEnergies dans un communiqué, ce qui fait que la valeur règlementaire annuelle est respectée''.

Les associations AEDZRP (Association Environnementale Dongeoise des Zones à Risques et du PPRT)  et MNLE (Mouvement National de Lutte pour l'Environnement) estiment quant à elles que ''cette surexposition entraîne des effets à long terme sur la production de globules sanguins, le système nerveux et le système immunitaire''.

Elles ajoutent que cet accident est la résultante d'une série de manquements de la part du groupe pétrolier, ''malgré des recommandations signifiées dès 2012 entraînant des infiltrations dans les sols et les eaux souterraines, autant de faits réels tirés du rapport du Bureau d’Étude et d'Analyse sur les Risques Industriels en date du 6 décembre 2023''. 

Et maintenant ?

Le sous-préfet de Saint-Nazaire a ''sollicité de la part de l'industriel TotalEnergies des investigations complémentaires pour déterminer si la raffinerie de Donges a ou a eu une influence sur l'émission de ce type de composés (PFAS)''.

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